IVAN ILLICH / Biographie et bibliographie
Biographie
Ivan Illich, né à Vienne le 4 septembre 1926 et décédé le 2 novembre 2002, est un penseur original.
Il quitte l'Autriche en vertu des lois antisémites qui le frappent par son ascendance maternelle. Il poursuit ses études secondaires à l’Université de Florence pour ensuite faire de la théologie et de la philosophie à l’Université grégorienne de Rome et, ultérieurement, obtenir un doctorat d’histoire à l’Université de Salzbourg. Le Vatican le destine à la diplomatie, mais il choisit de se tourner vers la prêtrise. Alors que le Vatican le destinait à la carrière diplomatique, Illich opta pour la prêtrise. Il part aux États-Unis en 1951, et travaille comme assistant (vicaire) auprès du pasteur d’une paroisse portoricaine de New York. Cet institut, qui fonctionnait seulement durant les mois d’été, avait pour mission d’enseigner l’espagnol à des ecclésiastiques et à des laïcs américains qui seraient appelés par la suite à travailler parmi les Portoricains émigrés dans les villes d’Amérique du Nord. Bien que l’apprentissage de l’espagnol constituât une partie importante des activités de l’institut, Illich insistait sur le fait que le programme était essentiellement destiné à développer, chez des personnes appartenant à des cultures différentes, l’aptitude à percevoir la signification des choses.En 1956, il quitta New York pour assumer la fonction de vice-recteur de l’Université catholique de Ponse à Porto Rico. L’intérêt qu’il portait au développement de ce qu’il appelait la « sensibilité interculturelle » l’amena à créer, peu de temps après sa nomination, l’Instituto de Communicación Intercultural.Entre 1956 et 1960, il est vice-recteur de l’Université catholique de Porto Rico, où il met sur pied un centre de formation pour les prêtres américains qui doivent se familiariser avec la culture latino-américaine. Il devient ensuite, entre 1956 et 1960, vice-recteur de l'Université catholique de Porto Rico, où il met sur pied un centre de formation destiné à former les prêtres à la culture latino-américaine. Il fut co-fondateur du Center for Intercultural Documentation (CIDOC) à Cuernavaca, Mexico. À compter de 1964, il a dirigé des séminaires sur le thème « Alternatives institutionnelles dans une société technologique », avec un accent spécial sur l’Amérique Latine. Ses opinions sur la débureaucratisation de l’Église dans le futur et sur la déscolarisation de la société firent rapidement du CIDOC un lieu de controverses religieuses, ce qui explique que Illich sécularisa le centre en 1968 et abandonna le sacerdoce en 1969. Il vit désormais sur le mode de l’amitié. Polyglotte, homme du Sud autant que du Nord, solidement enraciné en Occident et familier avec l’Orient, Illich mérite pleinement la qualité d’humaniste. Ses écrits sur l’école, la santé, la convivialité, l’énergie ont eu un rayonnement universel, provoquant de féconds débats dans de nombreux pays. « Illich est tout d’abord un penseur qui se situe dans un contexte historique particulier, celui des années 60 - période caractérisée par une critique radicale de l’ordre capitaliste et de ses institutions sociales, et notamment de l’école.
C’est aussi une personnalité complexe. On disait à l’époque qu’Ivan Illich était un homme intelligent qui aimait à s’entourer de gens intelligents et qu’il lui était difficile de dissimuler son mépris à l’égard des personnes qu’il trouvait stupides. Il pouvait tout à la fois se montrer extrêmement cordial et tourner brutalement en ridicule ceux qui l’interpellaient. Penseur de l'écologie politique, il lutta contre l'automobile et tous les moyens de transports trop rapides qu'il jugeait aliénants et illusoires ; il avait par exemple calculé qu'en prenant en compte le temps moyen passé à travailler pour acquérir une automobile et faire face aux frais qui y sont liés et non seulement le temps passé à conduire celle-ci, la vitesse du bolide était de 6 km/h.
Inventeur du concept de monopole radical (lorsqu'un moyen technique est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche l'accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis de la marche à pied par exemple), il travailla à créer des pistes vers d'autres possibilités, basées sur la convivialité et la simplicité.
On peut le considérer, avec son ami Jacques Ellul comme l'un des principaux inspirateurs de l'idée de "décroissance" et de "simplicité volontaire".
La principale notion illichienne est le concept de la contre-productivité, qui décrit un phénomène embarrassant : lorsqu'elles atteignent un seuil critique (et sont en situation de monopole) les grandes institutions de nos sociétés modernes industrielles s'érigent parfois sans le savoir en obstacles à leur propre fonctionnement : la médecine nuit à la santé (tuant la maladie parfois au détriment de la santé du patient), le transport et la vitesse font perdre du temps, l'école abêtit, les communications deviennent si denses et si envahissantes que plus personne n'écoute ou ne se fait entendre), etc.
Il est décédé en 2002, suite à une tumeur qu'il a volontairement choisi d'assumer jusqu'au bout et de ne pas opérer, refusant aussi le recours à des sédatifs qui lui auraient fait perdre sa lucidité. Défiguré par la maladie, il y survécut, dans la douleur, pendant plus de dix ans.
Travailleur infatigable, polyglotte, cosmopolite, il professait des idées, que ce fût sur l’Église et son évolution, sur la culture et l’éducation, sur la médecine ou sur les transports dans les sociétés modernes, qui toutes suscitèrent des controverses qui finirent par faire de lui une des figures emblématiques de l’époque. Cependant, Illich lui-même provoquait en partie la polémique par sa personnalité, son style, ses méthodes de travail ou le radicalisme de ses idées. Pour les spécialistes de l’éducation, Ivan Illich est le père de l’éducation sans école, l’auteur qui condamne sans appel le système scolaire désigné comme l’une des multiples institutions publiques qui exercent des fonctions anachroniques, ne s’adaptent pas à la rapidité des changements et ne servent qu’à stabiliser et à protéger la structure de la société qui les a produites.
Origine et destin
Dans le même temps, poursuivant sa démarche en matière de développement et de renforcement des relations interculturelles, Illich fonda, en 1961, le Centre interculturel de documentation (CIDOC) à Cuernavaca (Mexique). Le CIDOC, conçu au départ pour former des missionnaires américains travaillant en Amérique latine, se transforma, au fil du temps, en un centre para-universitaire où, par ailleurs, étaient mises en pratique les idées d’Illich sur une éducation déscolarisée.
Depuis l’année de sa création jusqu’au milieu des années 70, le CIDOC fut un lieu de rencontre pour de nombreux intellectuels américains et latino-américains qui réfléchissaient au problème de l’éducation et de la culture. Le centre proposait des cours d’espagnol ainsi que des ateliers sur des thèmes sociaux et politiques. Il possédait, en outre, une bibliothèque prestigieuse, et Illich dirigeait personnellement des séminaires consacrés aux alternatives institutionnelles dans la société technologique. C’est de cette époque que datent les fameux débats passionnés entre Paolo Freire et Ivan Illich sur l’éducation, la scolarisation et la conscientisation ainsi que les dialogues entre Illich et d’autres spécialistes de l’éducation, tous préoccupés de trouver des moyens éducatifs permettant de transformer chaque moment de la vie en une occasion d’apprendre, et ce, généralement, en dehors du système scolaire.
La notoriété d’Illich, qui remonte à cette période, est liée au départ à la critique qu’il fait de l’Église institutionnelle, définie par lui comme une grande entreprise qui forme et emploie des professionnels de la foi pour assurer sa propre reproduction. Il extrapole ensuite cette vision à l’institution scolaire et développe la critique qui devait le mener, pendant quelques années, à travailler sur sa proposition de société sans école.
Pendant cette période, Illich élabore ce que l’on pourrait appeler sa pensée éducative, publiant entre la fin des années 60 et le milieu des années 70 ses principaux ouvrages dans le domaine de l’éducation. Ultérieurement, il change de perspectives et passe de l’analyse des effets de la scolarisation sur la société à celle des problèmes institutionnels dans les sociétés modernes.
Vers le milieu des années 70, bien que continuant à résider au Mexique, Illich adresse ses écrits à la communauté universitaire internationale et prend progressivement ses distances avec l’Amérique latine. À la fin de cette décennie, le philosophe et pédagogue quitte définitivement le Mexique pour s’installer en Europe. »
Libérer l'avenir, Paris, Seuil, 1969
Une Société sans école, Paris, Seuil, 1971
La Convivialité, Paris, Seuil, 1973
Énergie et équité, Paris, Seuil, 1973 ou pdf (présentation)
Némésis médicale, Paris, Seuil, 1975 (présentation)
Le Chômage créateur, Paris, Seuil, 1977
Le Travail fantôme, Paris, Seuil, 1981
Le Genre vernaculaire, Paris, Seuil, 1983
H20. Les eaux de l'oubli, Paris, Lieu commun, 1988
ABC : l'alphabétisation de l'esprit populaire, Paris, La Découverte, 1990
Du Lisible au visible : la naissance du texte, Paris, Cerf, 1991
Dans le Miroir du passé, Paris, Descartes et Cie, 1994
La perte des sens, inédit, Paris, Fayard, 2004
Oeuvres complètes, volume 1, Paris, Fayard, 2004
(contient les ouvrages suivants : Libérer l'avenir ; Une société sans école ; Energie et équité ; La convivialité ; Némésis médicale)
Oeuvres complètes, volume 2, Paris, Fayard, 2005
(contient les ouvrages suivants : Le chômage créateur, Le travail fantôme, Le Genre vernaculaire, H2O, Du lisible au visible et Dans le miroir du passé)
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