L'INCONSCIENT ET LE SEXUEL / L'invention de l'inconscient.
La notion d'inconscient doit beaucoup à Carl Gustav Carus, professeur de zoologie à l'univeristé de Vienne, qui écrivit en 1850 un livre intitulé Das Unbewusste (l'inconscient)*. Il y soutenait que les animaux savent, mais ne savent pas qu'il savent. A la même époque Von Hartmann, disciple de Schopenhauer, écrivit la philosophie de l'inconscient (1869) où il distinguait l'inconscient dans la vie corporelle et l'inconscient dans l'esprit humain, même si l'esprit humain est avant tout la conscience. A partir de ce courant d'idées fortes inspirées par Schopenhauer et Nietzsche, de nombreuses thèses furent soutenues pour défendre le concept d'inconscient, notamment E. Colsenet, Etudes sur la vie subconsciente de l'esprit, 1880. La culture dominante attribue à Freud le fait d'avoir réunit sous un même notion ces intuitions éparses. Il fut surtout celui qui mis en avant l'inconscient du refoulement ou inconscient Freudien. Pour s'il était une définition de l'inconscient on pourrait dire en suivant Lacan, que c'est ce qui ne consent à se taire : ceci nous rapprochant de l'inconscient vu comme une machine par Deleuze et Guattari. Pourtant l'inconscient du névrosé, de l'homme pris dans la hiérarchie est . Les neuro-psychiatres, sous l'influence de ce qu'on appelle avec trop de sérieux sciences cognitives, ont été obligé d'inventer un second inconscient ; on peut penser à Kihlstrom, " The cognitive unconscoius ", in Science n° 137, 18 sept. 1987. Ce second inconscient serait donc l'inconscient " cognitif " qui se surajouterait à l'inconscient du névrosé (refoulement freudien). Ils reprennent ainsi la voie initiée par Von Hartmann et celle laissé en plan par Freud, faute de connaissance suffisante à l'époque en neuro-biologie, dans " Psychologie à 'usage des neurologues ", in La naissance de la psychanalyse... .
Pour finir, on retrouve dans la correspondance de Freud, le fait que deux jours avant une conférence devant des spécialistes, il se refusait à employer le terme d'inconscient, mais le jour où il devait soutenir ses thèses, il s'y résigna.
Lire J. C. Fillioux, L'inconscient, Paris, Puf, Que sais-je ?, 1954.
Freud (1915), " Das Unbewusste (l'inconscient) " , in Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1952.
* A ne pas confondre avec Carl Claus, le professeur de zoologie de Freud, qui l'envoya étudier à Trieste l'hermaphrodisme des anguilles. Celles-ci lui feront dire, après plus de 400 dissections, que " il est loin de penser le psychologique flotte dans les airs sans fondement organiques ", Lettre à Fliss, du 29 sept. 1898, in La naissance de la psychanalyse.