8 Juillet 2019
En 1980, Louis Althusser, professeur de philosophie à l’école Normale d’Ulm, étrangle sa femme, Hélène Rytmann. Il fut déclaré irresponsable de son geste et mourut 10 ans après. Malgré ses 30 ans d’analyse et ses quinze ans d’internement, Louis Althusser n’a pas compris la raison de son acte. Son geste peut-il trouver une explication ? A la lecture de ses mémoires, L’avenir dure longtemps suivi de Les faits, et de Lettres à Hélène, plusieurs pistes sont ouvertes. Voici sa généalogie et les dynamiques possibles.
Voici son arbre généalogique retracé en fonction des propos de son livre :
Ses parents paternels provenaient d’Alsace et ses parents maternels étaient fils et fille de paysans pauvres du Morvan. A un moment, il parle d’un oncle dont j’ignore totalement l’existence, peut-être le mari de Juliette.
Louis Althusser raconte alors que son père, Charles, « prend ma mère à part dans le jardin et finit par lui proposer de « prendre auprès d’elle la place de Louis ». Lucienne accepta. »
Né le 16 octobre 1918 à 4 heures et demie du matin dans la maison forestière du « Bois de Boulogne », commune de Birmandreïs, à quinze kilomètres d’Alger, Louis vit son père quand il avait 6 mois, car il était retenu sur le front. Il est baptisé Louis, comme son oncle paternel, le fiancé mort de sa mère et voici ce qu’il en dit :
Louis, prénom que très longtemps j’eus littéralement en horreur, qui me dépouillait de toute personnalité propre. Lui, c’était Louis, mon oncle, que ma mère aimait, pas moi. Et qu’elle ne cessa, toute sa vie, d’aimer.
Lorsqu’elle fut partie, un abîme d’angoisse s’ouvrit en moi et ne se referma plus. Le lendemain, je téléphonai à Hélène pour lui signifier violemment que jamais plus je ne ferai l’amour avec elle. Mais c’était trop tard. L’angoisse ne me quitta plus et chaque jour qui passait la rendit plus intolérable.
Tout ceci ne l’empêche pas de tuer sa femme Hélène par strangulation le 16 novembre 1980 dans leur appartement de la rue d’Ulm.
Quelle identification peut expliquer son geste ?
Comme il le dit, il « porte le nom d’un mort », son oncle paternel et fiancé de sa mère. L’identification qu’il porte pour faire plaisir à son père et sa mère est évidente. C’est certainement pour cela qu’il est suicidaire très jeune, jouant avec sa carabine à 11 ans.
A de nombreuses reprises, il se prend pour son grand-père et écrit :
Je devais philosophiquement devenir aussi mon propre père. J’ai joué au père du père pour me donner l’illusion d’en avoir un.
Appréciez sa « philosophie », à l’opposé de toute recherche de sagesse.
C’est la seule auquel il n’a pas pensé, malgré ses 15 ans d’internement et ses 30 ans d’analyse. Son oncle ayant probablement été tué par un allemand, il peut ainsi avoir une dynamique de persécuteur. Il épouse une résistante juive, Hélène Rytmann, et déprime le lendemain de sa rencontre.
Un meurtre dénote le plus souvent une dynamique familiale. La plus probable est celle de son oncle Louis tué pendant la 1ère guerre mondiale.