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ASIE / Cambodge

30 Mai 2022, 13:35pm

Publié par Les étudiants de Paris 8

Présentation du pays

CAMBODGE {JPEG}
Données générales

Nom officiel : Royaume du Cambodge
Nature du régime : Monarchie constitutionnelle
Chef de l’Etat : Norodom Sihamoni, règne depuis le 14 octobre 2004
Chef du Gouvernement : M. HUN Sen, en fonction depuis novembre 1985, reconduit en juillet 2018.

Données géographiques

Superficie : 181 035 km²
Capitale : Phnom Penh (2,2 millions habitants)
Villes principales : Battambang (250 000 habitants), Siem Reap (245 000), Sihanoukville (200 000)
Langue officielle : khmer
Monnaie : Riel
Fête nationale : 9 novembre (anniversaire de l’indépendance)

Données démographiques

Population : 16,5 millions d’habitants (2019, Banque Mondiale)
Densité : 92 habitants/km2 (2019)
Croissance démographique : 1,4 (2019, Banque mondiale)
Espérance de vie : 69,5 ans (2019, Banque Mondiale)
Taux d’alphabétisation : 80 % (2019, Banque Mondiale)
Religion : bouddhisme (plus de 90 %), islam (moins de 5 %)
Indice de développement humain : 0,594, soit 144e/189 pays (2019, PNUD)

Eléments d’actualité

Politique intérieure

Le Cambodge accède à l’indépendance en 1953 après de longues négociations avec la France. La chute du régime des Khmers rouges (1975 – 1979), suite à une offensive de l’armée vietnamienne, est suivie d’une période de guerre civile jusqu’en 1989, année marquant la date du retrait vietnamien du Cambodge. La conclusion des Accords de Paris en 1991, qui entérinent l’objectif de reconstruction et de réconciliation nationale entre les différentes factions impliquées (FUNCINPEC, Parti du Peuple cambodgien, Khmers rouges), permet également la mise en place d’un processus de paix soutenu par l’ONU. Norodom Sihanouk redevient Roi à l’issue des premières élections libres organisées en 1993 qui aboutissent à l’adoption de la Constitution du pays la même année. L’ONU se retire à l’issue du processus qui voit la coexistence de deux premiers ministres Norodom Ranariddh (royaliste du FUNCINPEC) et Hun Sen (Parti du Peuple cambodgien - PPC). En 1997, Hun Sen destitue Norodom Ranariddh (FUNCINPEC). Le PPC, dirigé par Hun Sen, remporte les élections législatives organisées en 1998, 2003 et 2008. Suite à l’abdication du Roi Sihanouk, son fils, Norodom Sihamoni, est devenu Roi du Cambodge en octobre 2004.

Les élections législatives de juillet 2013 ont vu une nouvelle victoire du PPC, toutefois contestée par l’opposition conduite par le Parti du Salut National (PSN). Après plusieurs mois de boycott de l’Assemblée nationale par les 55 députés élus du PSN, un accord, prévoyant notamment la répartition de certains postes au sein du Parlement cambodgien ainsi qu’une réforme électorale, a été conclu en juillet 2014.

Le 26 février 2018, le Conseil de l’Union européenne s’est publiquement déclaré profondément préoccupé par l’arrestation, en septembre 2017, de M. KEM Sokha, dirigeant du PSN, ainsi que par la dissolution forcée du PSN, ordonnée par la Cour suprême cambodgienne en novembre 2017. La France s’est également exprimée sur le même sujet. Les élections législatives du 29 juillet 2018, ne se sont pas tenues dans un climat permettant à l’opposition, aux médias et à la société civile de fonctionner sans entrave. Les 125 sièges de l’Assemblée nationale cambodgienne sont aujourd’hui occupés par des membres du PPC. Le procès de KEM Sokha, qui a débuté le 15 janvier 2020, a été suspendu en mars en raison de la pandémie de COVID-19, sans date de reprise annoncée à ce stade.

Dans le cadre de plusieurs procès collectifs, neuf opposants, dont le leader historique SAM Rainsy, ont été condamnés par contumace le 1er mars 2021 à des peines de prison allant de 20 à 25 ans ainsi qu’à la privation de leur droit de vote et d’éligibilité. Les autorités cambodgiennes s’étaient opposées au retour de ces personnes pour qu’elles participent à leur procès. Le Service européen pour l’action extérieure a appelé les autorités cambodgiennes à respecter l’Etat de droit et le droit à un procès équitable, et à engager un processus de réconciliation nationale par un dialogue véritable et inclusif.

Les prochaines élections locales se tiendront le 5 juin 2022 et les prochaines élections législatives en 2023.

Les CETC, qui ont vu le jour en 2003 et ont débuté leurs activités en 2006, ont à ce jour condamnés à la réclusion à perpétuité l’ancien chef de l’Etat Khieu Sâmphan, l’ancien secrétaire adjoint du Parti communiste du Kampuchea Nuon Chea (décédé le 4 août 2019) et Kaing Guek Eav, dit « camarade Duch », ancien chef du centre de sécurité khmer rouge S-21 (décédé le 2 septembre 2019).

Politique étrangère

Centrée sur le dialogue régional, la diplomatie cambodgienne s’efforce de maintenir de bonnes relations avec les pays voisins. Le Cambodge est membre de l’ASEAN depuis 1999 et en a assuré la présidence tournante en 2012. Le Royaume assurera la présidence de l’ASEAN en 2022.

Le Cambodge intensifie ses relations avec la Chine, premier investisseur (41,3 % des investissements étrangers), partenaire commercial du Cambodge (37,1% des importations du Cambodge en 2020, principal fournisseur). Les deux pays entretiennent un dialogue politique régulier et sont liés par un partenariat stratégique global depuis 2010. Depuis 2018, la Chine est également la première source de touristes au Cambodge. Le Premier ministre Hun Sen s’est rendu en Chine en février 2020. Le Cambodge et la Chine ont signé, en octobre 2020, un accord de libre-échange.

Le Vietnam est également un partenaire important du Cambodge. En 2020, il était son troisième fournisseur (13,9% des importations). Les rencontres de haut niveau sont fréquentes et le pays est le troisième investisseur étranger au Cambodge, derrière la Chine (43%) et la Corée du Sud (11%), comptant pour 7 % des IDE en 2019. Il fournit également le troisième plus important contingent de touristes étrangers dans le royaume (après la Chine et la Thaïlande). Le Cambodge et le Vietnam ont signé récemment un accord couvrant environ 84% des frontières délimitant les deux pays.

En 2020, la Thaïlande était le deuxième fournisseur du Royaume (14,9% des importations, principalement des matériaux de construction, des produits pétroliers et des véhicules) et accueillait plus d’un million de travailleurs migrants cambodgiens sur son territoire. Les tensions autour d’une zone frontalière contestée de 4,6 km2 aux abords du temple de Preah Vihear ont été résolues par l’arrêt en interprétation de la Cour Internationale de Justice en date du 11 novembre 2013. Il confirme la souveraineté du Cambodge sur le temple et l’éperon rocheux sur lequel il se trouve. La décision a été acceptée par les deux pays, qui doivent désormais procéder à la délimitation de la frontière.

La Corée du Sud occupe aussi une place importante, particulièrement dans l’investissement (11 % des IDE en 2019, deuxième rang derrière la Chine). Le Cambodge est la deuxième destination la plus importante de l’aide au développement de la Corée du Sud. Le Cambodge et la Corée du Sud ont conclu le 3 février 2021 les négociations relatives à un accord de libre-échange bilatéral.

Les relations du Cambodge avec les pays occidentaux sont affectées par la situation politique.

Le Cambodge participe aux opérations de maintien de la paix de l’ONU (OMP) depuis 2006 et a envoyé des contingents de casques bleus au Liban, au Mali, en République centrafricaine et au Soudan du Sud. Depuis la création du centre du NPMEC (National center for Peacekeeping Force Mine and ERW Clearance) en 2009, et avec le soutien de la coopération française, le Cambodge a formé et envoyé plus de 6500 casques bleus sur les théâtres des OMP, faisant ainsi du Cambodge le 3e contributeur de casques bleus de l’ASEAN (derrière l’Indonésie et la Malaisie). En 2021, il y a plus de 750 casques bleus cambodgiens déployés en OMP.

Situation économique

Le Cambodge a connu, depuis plus de vingt ans, une croissance de rattrapage soutenue (plus de 7 % en moyenne depuis 2000, jusqu’à la crise liée à la Covid-19). Si la population reste à plus de 75% rurale, une urbanisation rapide est en cours et l’agriculture représente aujourd’hui moins du quart du PIB. Porté par les services (tourisme et finance), le textile et la construction alors que la part de l’agriculture recule, le PIB a progressé de 7,1 % en 2019, mais a connu une récession en 2020 (-2%).

Membre de l’ASEAN depuis 1999, de l’OMC depuis 2004 et de la Communauté Economique ASEAN (AEC) depuis le 1er janvier 2016, le Cambodge a profité du dynamisme de la région, qui s’est traduit par un afflux d’investissements internationaux, essentiellement asiatiques (Chine, Japon, Corée,…), que devraient renforcer les signatures du RCEP et de l’accord de libre-échange avec la Chine (octobre 2020). Son commerce extérieur reste, cependant, asymétrique, l’essentiel des importations du Cambodge provenant d’Asie alors que près des deux tiers de ses exportations sont destinées aux marchés développés d’Europe et d’Amérique du Nord. Pays pré-émergent (la Banque mondiale a reclassé le Cambodge dans la catégorie des pays à revenus intermédiaires en juillet 2016), le Cambodge reste cependant vulnérable aux aléas internationaux du fait de sa forte intégration dans les chaînes de valeurs mondiales, de la faible diversification de sa production et de sa dépendance aux importations et aux IDE.

Le Cambodge bénéficie d’un important soutien des bailleurs multilatéraux et bilatéraux (plus d’un milliard de dollars en dons et prêts concessionnels chaque année), ainsi que d’avantages commerciaux (accès préférentiel aux marchés européen et américain) liés à son statut de PMA (Pays les Moins Avancés, classification CNUCED). Suite à une décision de l’Union Européenne, les préférences tarifaires « Tout sauf les armes » (TSA) ont été partiellement suspendues depuis le 12 août 2020.

La politique d’ouverture économique menée au Cambodge ces vingt dernières années a permis d’offrir un climat favorable aux investisseurs étrangers. Des efforts de facilitation et de diversification des investissements étrangers continuent d’être mis en œuvre par le gouvernement, avec la préparation en cours d’une nouvelle loi sur l’investissement. L’expansion des IDE au Cambodge a ainsi été considérable ces vingt dernières années, le stock d’IDE étant passé de 1,58 Md USD fin 2000 à 34,03 Mds fin 2019 selon la CNUCED. Les flux nets d’IDE ont nettement progressé entre 2017 et 2019, de 2,7 à 3,6 Mds USD, pour retomber à 2,1 Mds en 2020.

Si le Cambodge a jusqu’à présent été relativement épargné sur le plan humain par la crise sanitaire liée à la COVID-19, il a en revanche été touché par la crise économique, qui a mis un frein à sa dynamique de croissance. La crise s’est propagée à travers trois principaux canaux de transmission, moteurs de la croissance cambodgienne : le secteur touristique, les exportations (notamment dans l’industrie textile) et la construction (à travers la baisse significative des IDE). Ensemble, ces trois secteurs représentent près des trois quarts du PIB cambodgien. La crise affecte directement les recettes de l’Etat, entraînant une augmentation du déficit, de la dette publique et du besoin de financement extérieur. La stabilité du secteur financier est également menacée, dans la mesure où le secteur privé se finance en grande partie par des prêts bancaires et où le taux d’endettement des ménages (sous forme notamment de microcrédits) est particulièrement élevé.

En 2021, il est attendu que la croissance rebondisse à un rythme proche de celui de 2019 (autour de 4% selon la Banque Mondiale), soutenu par la reprise de la demande mondiale. Cependant, si les mesures de restrictions et de confinement se poursuivaient, la croissance pourrait connaître une reprise plus lente.

Mise à jour : 31.03.21

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