NUCLEAIRE / Comment des hauts fonctionnaires u.s. ont vendu des secrets nucléaires au Pakistan, a la Turquie, a l’Iran… selon Sibel Edmonds
il s’agit de Marc Grossmann qui était l’ambassadeur U.S. en Turquie de1994 à 1997, puis Secrétéaire d’Etat adjoint aux affaires européenes de 1997 à 2000 avant de travailler avec Colin Powell et Richard Armitage au Département d’Etat entre 2001 et 2005. Il est aujourd’hui Vice-Président de l’agence conseil, The Cohen Group, basée à Washington et en Chine et qui a été fondée par l’ancien Secrétaire à la Défense de Bill Clitnon, William S. Cohen.
L’histoire de Sibel Edmonds a fait l’objet d’un film “Une femme à abattre” de Matthieu Verboud et Jean R. Viallett.
[06/01/08 The Sunday Times - Londres UK - Traduction Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org]
Une dénonciatrice a fait toute une série d’affirmations extraordinaires concernant le fait que des responsables gouvernementaux corrompus ont autorisé le Pakistan et d’autres pays à voler des secrets sur des armes nucléaires.
Sibel Edmonds, l’ancienne traductrice de 37 ans en langue turque ayant travaillé pour le FBI, a écouté des centaines de conversations sensibles interceptées alors qu’elle travaillait au bureau des opérations de l’agence à Washington. Elle a pris contact le mois dernier avec le Sunday Times après avoir lu un article sur un terroriste d’Al Qaeda qui avait révélé son rôle dans la formation de certains de ceux ayant détournés les avions lors du 11 septembre tandis qu’il était en Turquie.
Edmonds a décrit comment des agents étrangers avaient obtenu le soutien de fonctionnaires US pour placer un réseau de taupes dans des institutions sensibles militaires et nucléaires.
Parmi les heures d’enregistrements audio, elle dit qu’elle a entendu des preuves qu’un haut fonctionnaire bien connu au sein du Département d’Etat US était payé par des agents Turcs pour vendre des informations à des acheteurs sur le marché noir, inclus le Pakistan.
Le nom de ce fonctionnaire – qui a occupé toute une série de postes de haut niveau au sein du gouvernement – est connu du Sunday Times. Il nie avec force les affirmations.
Cependant, Edmonds a dit : « Il aidait des agents étrangers contre les intérêts des US en leur faisant passer des informations classées top secret, non seulement du Département d’Etat, mais aussi du Pentagone, en échange d’argent, position et objectifs politiques. »
Elle affirme que le FBI collectait aussi des preuves contre des fonctionnaires de haut rang du Pentagone – incluant des personnalités connues de tous- qui aidaient les agents étrangers.
« Si vous rendez public toute l’information que le FBI a sur cette affaire, vous verrez des personnes haut placées poursuivies dans des affaires criminelles, » a-t-elle dit.
Son histoire montre à quel point l’Occident a été infiltré par des états étrangers cherchant des secrets nucléaires. Cela illustre comment des fonctionnaires gouvernementaux occidentaux ferment les yeux, ou ont même aidé, des pays comme le Pakistan à acquérir la technologie sur la bombe.
Le réseau nucléaire élargi a été sous surveillance pendant des années par un travail conjoint des services de renseignement américano anglais. Mais, au lieu d’y mettre fin, des enquêtes menées par des services juridiques chargés de l’application des lois tel que le FBI et le Revenue & Customs britannique ont été sabotées pour préserver les relations diplomatiques.
Edmonds, qui parle couramment le Turc et le Farsi a été recrutée par le FBI après les attaques du 11 septembre. Ses affirmations précédentes sur l’incompétence au sein du FBI sont bien documentées en Amérique.
Elle a apporté des preuves devant des réunions à huit clos du Congrès et de la Commission du 11 septembre, mais une grande partie des points clés de ses témoignages sont restés secrets. Elle a maintenant décidé de divulguer certaines de ces informations après avoir été déçue par l’échec des autorités US à agir.
L’un des principal rôle d’Edmonds au sein du FBI était de traduire des milliers d’heures de conversations tenues par des cibles diplomatiques et politiques Turques qui avaient été enregistrées clandestinement par l’agence.
Un grand nombre d’enregistrements avaient été accumulés, certains remontant à 1997, dont le FBI avait besoin pour son enquête sur les liens entre des cibles Turques et Pakistanaises, Israéliennes et Américaines. Avant de quitter le FBI en 2002, elle a entendu des preuves qui faisaient ressortir des actions de blanchiment d’argent, d’importation de drogues et de tentatives d’acquisition de la technologie pour des armes conventionnelles et nucléaires.
« Ce que j’ai trouvé était accablant » a –t-elle dit. « Tandis que le FBI enquêtait, plusieurs branches du gouvernement couvraient ce qui se passait. »
Les Turcs et les Israéliens avaient planté des « taupes » dans des institutions militaires et universitaires qui s’occupaient de technologie nucléaire. Edmonds a dit qu’il y avait plusieurs transactions de matériel nucléaire chaque mois, et les Pakistanais étaient parmi les acheteurs éventuels. « Le Réseau semblait obtenir des informations de chaque agence nucléaire aux US, » a-t-elle dit.
Ils ont été aidé, a-t-elle dit, par le haut fonctionnaire du Département d’Etat qui fournissait à certaines de leurs taupes – principalement des Etudiants en PhD – un passe sécurisé pour travailler dans des installations de recherche nucléaire sensible. Cela incluait le laboratoire nucléaire de Los Alamos au Nouveau Mexique, qui est responsable pour la sécurité de la force de dissuasion nucléaire US.
Lors d’une conversation qu’a entendue Edmonds le fonctionnaire faisait les arrangements pour récupérer 15 000 § en espèces de pot de vin. Le paquet devait être jeté à un endroit convenu par quelqu’un de la communauté diplomatique Turque qui travaillait pour le réseau.
Les Turcs, dit –elle, agissaient souvent comme intermédiaire pour l’ISI (Inter Services Intelligence) l’agence d’espionnage du Pakistan, parce qu’ils étaient moins sujets à attirer les soupçons. Des lieus tels que celui du American Turkish Council (Conseil Américain Turc) à Washington étaient utilisés pour déposer l’argent liquide, qui était récupéré par le fonctionnaire.
Edmonds a dit : « j’ai entendu au moins 3 transactions comme celle là sur une période de 2 ans ½. Probablement qu’il y en a certainement plus. »
L’opération du Pakistan était dirigée par le Général Mahmoud Ahmad, alors chef du ISI.
Des communications interceptées montrent qu’Ahmad et ses collègues stationnés à Washington étaient en contact permanent avec des attachés de l’ambassade Turque.
Des analystes du renseignement ont dit que des membres d’ISI étaient proches d’Al Qaeda avant et après le 11 septembre. Effectivement, Ahmad a été accusé d’avoir endossé le virement du paiement de 100 000 $ à Mohammed Atta, l’un de ceux ayant détourné les avions du 11 septembre, juste avant les attaques.
Les résultats de l’espionnage ont presque certainement été passés à Abdul Qadeer Khan, le scientifique spécialiste du nucléaire Pakistanais.
Khan était un proche d’Ahmad et du ISI. Tandis qu’il dirigeait le programme nucléaire du Pakistan, il est devenu millionnaire en vendant des secrets atomiques à la Libye, l’Iran, la Corée du Nord. Il a aussi utilisé un réseau de sociétés en Amérique et en Grande Bretagne pour obtenir des composants pour le programme nucléaire.
Khan a provoqué une alerte parmi les agences de renseignements occidentaux quand ses aides ont rencontré Ben Laden. « Nous avions connaissance de contact entre des gens de A Q Khan et Al Qaeda » a dit un ancien officier de la CIA la semaine dernière. « Il y a eu une panique totale au début quand nous avons découvert cela, mais finalement à la fin cela s’est arrangé. »
C’est probable que les secrets nucléaires volés des US ont été vendus à un certain nombre d’états voyous par Khan.
Edmonds allait voir plus tard l’étendue des connections Pakistanaises quand on a découvert que l’une des collègues traductrices au FBI était la fille d’un fonctionnaire de l’ambassade Pakistanaise qui travaillait pour Ahmad. La traductrice a reçu un passe sécuritaire pour des informations classées top secret malgré les protestations d’enquêteurs du FBI.
Edmonds dit que des paquets contenant des secrets nucléaires étaient délivrés par des agents Turcs à des contacts à l’ambassade Pakistanaise à Washington, utilisant leur statut de membres de la communauté diplomatique et militaire comme couverture.
Suite au 11 septembre, un certain nombre d’agents étrangers* ont été appréhendés pour être interrogés parle FBI qui les soupçonnait d’avoir connaissance ou d’avoir aidé d’une certaine façon aux attaques.
Edmonds a dit que le fonctionnaire du Département d’Etat s’est montré de nouveau utile.
«Une cible principale appelait le fonctionnaire pointant certains noms sur la liste et disait, « nous avons besoin de les faire sortir des US parce que nous ne pouvons pas nous permettre qu’ils vendent la mèche » a-t-elle dit. « Le fonctionnaire a dit qu’il « s’en occuperait. ».
Les quatre suspects sur la liste ont été relâchés de l’interrogatoire et extradés.
Edmonds affirme également qu’un certain nombre de fonctionnaires de haut rang au Pentagone ont aidé les agents Israéliens et Turcs.
« Les gens ont fourni des listes de taupes potentielles au sein d’institutions liées au Pentagone qui avaient accès aux bases de données concernant cette information, » a –t-elle dit.
« Les responsables des agents, qui faisaient partie de la communauté diplomatique, essayaient alors de recruter ces personnes pour qu’elles deviennent des taupes pour le réseau. Les listes contenaient tous leurs « points faibles », qui pouvaient être financiers ou sexuels et sur lesquels faire pression, leur travail exact au Pentagone et à quel type de document ils avaient accès. »
L’une des personnalités du Pentagone sous enquête c’était Lawrence Franklin, un ancien analyste du Pentagone qui a été emprisonné en 2006 pour avoir passé des informations sur la Défense US à des lobbyistes (du Lobby pro sioniste AIPAC actuellement poursuivis ndlt) et d’avoir partagé des informations classées secret défense avec un diplomate israélien.
« C’était l’une des personnes au sommet fournissant des informations et des paquets pendant les années 2002 2001 » a –t-elle dit.
Une fois récupérés, les secrets nucléaires ont pu aller n’importe où. Le FBI a surveillé des diplomates Turcs qui vendaient des copies de l’information au plus offrant.
Edmonds a dit : «Certains agents Turcs avides d’argent faisaient des copies du matériel et cherchaient des acheteurs. Ils avaient des agents chargés de trouver des acheteurs potentiels. »
Au cours de l’été 2000, Edmonds dit que le FBI a surveillé l’un des agents alors qu’il rencontrait deux hommes d’affaires Saoudien à Détroit pour vendre des informations nucléaires volées d’une base de l’armée de l’air en Alabama. Elle a surpris l’agent entrain de dire : « nous avons un paquet et nous allons le vendre pour 250 000 $. »
L’emploi d’Edmonds au FBI n’a duré que six mois. En mars 2002, elle a été congédiée après avoir accusé un collègue de couvrir des activités illégales de nationaux Turcs.
Elle a toujours affirmé qu’elle a été victime pour avoir parler ouvertement et a été innocentée par une enquête du bureau de l’Inspection Générale qui a étudié son cas trois ans plus tard. Ils ont trouvé que l’une des raisons qui avait contribué à son licenciement c’était qu’elle avait émis des reproches justifiés.
Le procureur général US a imposé un ordre étatique arguant du privilège du secret sur elle, ce qui l’empêche de révéler plus de détails des méthodes du FBI et des enquêtes en cours.
Ses accusations ont été entendues lors d’une réunion à huit clos du Congrès, mais aucune action n’a été entreprise et elle continue de faire campagne pour une audition publique.
Elle a pu discuter du cas avec le Sunday Times parce qu’à la fin de janvier 2002, le Ministère de la Justice avait mis fin au programme.
Le fonctionnaire haut gradé du Département d’Etat (Marc Grossman) n’y travaille plus. La semaine dernière il a nié toutes les accusations d’Edmonds : « si vous m’appelez pour me dire que quelqu’un a dit que j’ai pris de l’argent, c’est outrageant… je n’ai rien à dire sur de telles choses si stupides et ridicules. »
Dans ses recherches faites pour écrire cet article, le Sunday Times a parlé avec deux officiers du FBI (l’un en poste l’autre un ex) et deux ex sources de la CIA qui ont travaillé sur la prolifération nucléaire. Bien qu’aucun n’avait connaissance des accusations spécifiques contre les fonctionnaires qu’elle a nommés, ils ont effectivement fourni une corroboration coïncidant avec l’histoire d’Edmonds.
L’une des sources de la CIA a confirmé que les Turcs ont acquis des secrets nucléaires des US et ont partagé les informations avec le Pakistan et Israël. « Nous n’avons aucune indication que la Turquie a ses propres ambitions nucléaires. Mais les Turcs sont des commerçants. A ma connaissance ils sont devenus de grands acteurs à la fin des années 90, » selon la source.
Cet article n’est pas signé il est suivi d’un résumé intitulé Comment le Pakistan a obtenu la bombe, puis l’a vendue à ceux faisant les offres les plus élevées.
Source : http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/middle_east/article3137695.ece
Selon Valerie Plame Wilson, les révélations de Sibel Edmonds sont "stupéfiantes"
Par Brad Friedman, sur Brad Blog, le 12 février 2008
Traduction VirgileetAthéna / Catherine pour ReOpenNews
Valérie Plame Wilson estime que les révélations de Sibel Edmonds sont « stupéfiantes ». Elle dit avoir lu les articles publiés récemment dans un journal britannique à propos des secrets sur l’espionnage nucléaire américain, et sur les révélations concernant sa société-écran Brewster Jennings, dont l’existence a été révélée par un ex-officiel haut placé du ministère des Affaires étrangères dès 2001.
Valerie Plame Wilson, ex-agent de la CIA, explique que les récentes révélations par le journal britannique Sunday Times de vente de secrets nucléaires au marché noir étranger avec le concours de hauts responsables gouvernementaux sont "stupéfiantes".
L’ancien agent avait travaillé dans la division anti-prolifération de l’Agence, des années durant, à la surveillance du marché noir du nucléaire, sous couvert d’une société du nom de Brewster Jennings, jusqu’au moment où elle fut démasquée publiquement par des officiels de l’administration Bush. Elle a été interrogée ce matin par Henry Raines de American AM sur son serveur radio de Floride à propos de la récente série d’informations explosives parues dans le journal britannique.
Selon certaines de ces révélations, la véritable identité de Brewster Jennings en tant que société-écran de la CIA fut dévoilée dès 2001 à des officiels turcs par Marc Grossman, qui était alors assistant du secrétaire d’État aux Affaires européennes.
Une transcription de l’interview, avec version audio, est disponible en 2e partie de cet article.
Jusqu’à présent les trois récits parus dans le Times [de Londres] corroborent les détails fournis par l’ancienne traductrice du FBI Sibel Edmonds. Edmonds fut totalement bâillonnée par le ministère de la Justice de l’administration Bush sous couvert de "raison d’État" [State Secrets Privilege] depuis 2002, et interdite de parole au sujet de son travail au Bureau. Dans une interview exclusive à la fin de l’année dernière pour Bradblog, Edmonds annonçait qu’elle révélerait à n’importe quel média américain influent le récit complet de tout ce qui lui avait été interdit de dire jusque-là.
Aucun des grands médias US n’a relevé son offre, quoique le London Times l’ait contactée par notre intermédiaire à la suite de notre publication. Après la parution de la première « bombe » de la série au début du mois dernier, et son impact retentissant, l’information a fait la Une des journaux du monde entier. D’une manière assez incroyable, les médias US persistent à l’ignorer totalement.
Selon les deuxième et troisième articles de la série du Times, un "haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères" participa au travers d’un réseau de taupes placées dans des installations nucléaires sensibles et des bases militaires, à la vente de secrets nucléaires aussi bien aux Alliés des USA qu’à leurs ennemis. Le haut fonctionnaire, identifié comme Grossman, fut ambassadeur des Etats-Unis en Turquie, et au moment des faits allégués il était numéro trois du ministère des Affaires étrangères, après Colin Powell et Richard Armitage.
Selon les dires du Times et de Sibel Edmonds, Grossman a même averti les officiels turcs dès 2001 du fait que la société de Plame Wilson, Brewster Jennings, était une société-écran de la CIA. Grossman réfute ces accusations.
Tout en affirmant aujourd’hui qu’elle ne savait « rien de plus » sur cette affaire que ce que le Times avait publié, Plame Wilson se joignit à Edmonds et à d’autres « lanceurs d’alertes » comme Daniel Ellsberg dans la critique des mass media US pour leur défaut à enquêter et à relater cette affaire.
"Je trouve très intéressant, a dit Plame Wilson, qu’elle soit révélée de l’autre côté de l’Atlantique, et pas ici, dans aucun de nos journaux."
"On est en droit de dire qu’en général les médias US ont été extrêmement timides, soumis, et je pense qu’ils ont laissé tomber les étasuniens," a-t-elle expliqué en faisant référence à la couverture de la guerre d’Irak, lorsque les médias "ne s’intéressèrent qu’à ce que l’Administration leur servait, sans poser de questions, sans analyser, sans rechercher d’autres sources. Et regardez où nous en sommes aujourd’hui."
Tout en remarquant qu’il y a eu "peut-être deux ou trois petites lueurs" dans les médias, Plame Wilson trouve que ce n’est "jusqu’à maintenant qu’une sorte de léger gruau."
Ses commentaires font écho à l’éditorial récent du BRAD BLOG signé par Daniel Ellsberg, le légendaire employé du ministère de la Défense qui communiqua les explosifs Pentagone Papers ("papiers du Pentagone") au New York Times dans les années 70. [Daniel Ellsberg] y condamne les médias US pour leur incapacité à couvrir les divulgations d’Edmonds, les accusant de "participer à une dissimulation d’information."
"Beaucoup, sinon la plupart des opérations secrètes devraient être divulguées par une presse libre. Elles sont souvent secrètes non seulement parce qu’illégales, mais parce que terriblement mal conçues et irréfléchies," écrivait Ellsberg en référence aux allégations dérangeantes de l’affaire Sibel Edmonds. "De telles activités continuent secrètement, jusqu’au désastre national, parce que la presse néglige notre premier amendement précisément destiné à la protéger et à l’encourager à exposer les malversations des fonctionnaires."
L’ancien agent de la CIA Philip Giraldi a récemment couvert les dernières déclarations d’Edmonds de façon fouillée et détaillée dans un article intitulé "Found in Translation" publié par l’American Conservative Magazine. Quelques jours plus tard, dans un autre article « Sibel Edmonds doit être écoutée » ("Sibel Edmonds Must Be Heard") paru dans le Huffington Post, il a rejoint l’appel à amplifier la couverture médiatique, et à exiger des investigations par des officiels élus.
Quand Raines expliqua à Plame Wilson pendant l’interview d’aujourd’hui qu’il trouvait que ces allégations nécessitaient un complément d’enquête, elle répondit à nouveau, "Je suis d’accord ! C’est stupéfiant," et ajouta : "C’est une période extrêmement frustrante… Je n’ai pas de suggestions miracle sur la manière de faire connaître cette histoire aux États-Unis."
Interrogée sur les déclarations selon lesquelles Grossman avait révélé [l’existence de son] réseau secret Brewster Jennings, elle indique qu’elle était incapable de répondre à ces accusations.
"Non seulement je dis "No Comment" mais par "No Comment" je veux dire que je ne sais pas quoi ajouter à cela", a-t-elle déclaré. "Pendant la course vers la guerre, et jusqu’à ce que je sois démasquée, je me consacrais presque uniquement à tenter de mener des opérations sûres et efficaces, de comprendre ce qui pouvait bien se passer en Irak, de savoir qui étaient les scientifiques, ce qu’ils faisaient, où étaient leurs sites secrets."
S.Edmonds, actuellement en voyage, est injoignable et ne peut faire de commentaires. Si nous réussissons à avoir de ses nouvelles, nous reviendrons sur cette affaire.
Les articles de BRAD BLOG tirés de notre longue série d’articles et d’exclusivités sur l’affaire Sibel Edmonds sont disponibles en mp3 sur ce site.
L’interview complet par American AM de Plame Wilson dure environ 30 minutes. La partie pendant laquelle les allégations d’Edmonds sont discutées commence à peu près à la marque des 20 minutes. Cette section de l’interview a été transcrite [et traduite] ci-après, grâce à Emily Levy, de VelvetRevolution.us :
HENRY RAINES : J’imagine que vous suivez de près ce qu’on dit sur le sujet auquel vous travailliez : l’antiprolifération.
VALERIE PLAME WILSON : Absolument. Avec le terrorisme, c’est la première menace à laquelle la nation doit faire face aujourd’hui.
RAINES : C’est une série d’articles vraiment dérangeants, des articles d’investigation, parus dans le Times of London le mois dernier, trois publications jusqu’à présent, je crois…
VPW : Oui, mm-hmm.
RAINES : …et il y a pratiquement, ici aux États-Unis, un black-out total sur l’information du grand public. Nous avons fait de nombreuses émissions là-dessus depuis la première parution. En fait, il y a une semaine et demie nous avons interviewé la première personne à avoir obtenu une colonne ou un article dans un quotidien américain, le North Mississippi Journal. Donc, vous voyez que nous sommes attentifs à toutes ces inquiétudes et préoccupations sur la construction par l’Iran de ceci ou…
VPW : Mm-hmm.
RAINES : …ou par un autre pays de cela, mais l’histoire à la Une du Times of London, un journal respecté, concerne la troisième personnalité du ministère des Affaires étrangères, identifiée dans le American Conservative comme Marc Grossman…
VPW : Mm-hmm.
RAINES : …en train de vendre effectivement nos secrets à la Turquie et à Israël. Et la Turquie les revendrait au Pakistan…
VPW : C’est exact. Enfin non, c’est stupéfiant ! J’ai vu la série d’articles. Je ne… oui, je trouve très intéressant que ce soit révélé à l’étranger et absolument pas ici [aux USA], dans aucun de nos journaux. Je n’ai aucune connaissance particulière du sujet, rien de plus que ce que vous êtes en train de lire, mais c’est très intéressant. Et oui, je pense qu’on est en droit de dire que d’une manière générale, les médias américains ont été très timides, passifs, et je pense qu’ils ont laissé tomber les Étasuniens. Regardez comment ils ont couvert la guerre d’Irak, comme des débutants, et comment, en général, ils ne s’intéressèrent qu’à ce que l’Administration leur servait, sans poser de questions, sans analyser, sans rechercher d’autres sources. Et regardez où nous en sommes aujourd’hui. Je pense que les médias comprennent cela, et s’attaquent à ces problèmes, mais à cause des rachats ou des réductions de budgets, étrangers et autres, consacrés au journalisme d’investigation ou aux nouvelles internationales, il n’en sort qu’une sorte de léger gruau, avec deux ou trois petites lueurs, mais c’est bien mince.
RAINES : Et que suggéreriez-vous à nos auditeurs pour qu’ils aident à faire connaître cette histoire ? Parce que tout ceci me stupéfie littéralement, je ne suis pas expert en droit, mais cet acte de trahison, je dirais, lorsque la troisième personne du ministère des Affaires étrangères vend cela, tout ceci mérite une enquête.
VPW : Je suis d’accord ! C’est stupéfiant. Ayant traversé le pays durant les deux derniers mois, il est clair pour moi que les États-Uniens de toute obédience politique ont soif d’information. Ce que l’on entend est édulcoré, vous ne savez évidemment pas si ce que vous lisez est vrai, que ce soit sur Internet ou dans les médias grand public. C’est une période extrêmement frustrante. Et je n’ai guère de suggestions miracles quant à la manière de faire entendre cette histoire aux États-Unis. Ils ont peut-être des plans, je ne sais pas s’il y a l’équivalent de ce journal ici, pour parler de tout ça.
RAINES : Eh bien, ce pourrait être, je ne sais pas, Fox News. C’est un journal de Rupert Murdoch. Ce ne serait pas difficile d’obtenir la publication de cette affaire, s’il y avait la motivation. D’après Sibel Edmonds, l’enquête s’élargit. Le Times of London fournit d’autres sources parce que, là-bas, c’est en train de devenir une magnifique enquête.
Pour les deux minutes qui nous restent, je voudrais vous poser une autre question sur… parce que le troisième épisode de l’histoire concerne directement, enfin, vous ne pouvez le reconnaître directement, mais il est très proche de la tourmente que vous avez vécue. Parce que le même responsable du ministère des Affaires étrangères est accusé d’avoir payé l’American Turkish Council…
VPW : Mm-hmm.
RAINES : …qui allait louer les services d’une société du nom de Brewster Jennings, ce qui aurait permis d’avoir un œil sur ce qui se passait, il les a prévenus et leur a dit : "Ne vous adressez pas à eux. C’est la…"
VPW : Ouais.
RAINES : "…CIA." Cela doit vous troubler.
VPW : Non seulement je peux dire "No comment" mais par "No Comment" je veux dire que je n’ai rien d’autre à ajouter. Pendant la course vers la guerre, et jusqu’à ce que je sois démasquée, je me consacrais presque uniquement à tenter d’exécuter des opérations sûres et efficaces, de comprendre ce qui diable pouvait bien se passer en Irak, de savoir qui étaient les scientifiques, ce qu’ils faisaient, où étaient leurs sites secrets. À mon avis, avant que Colin Powell, le général Colin Powell, ne fasse son discours à l’ONU en février 2003, juste avant la guerre, comme je l’ai écrit dans mon livre, c’était, je dirais, la première fois que je levais la tête du guidon, et alors j’ai dit : "Non, attendez. Ce qu’il dit ne correspond pas avec ce que je comprends et avec les renseignements que j’ai sur cette question." Et cela m’a rendue absolument malade parce que je savais que ce qu’il disait semblait bien plus solide que ce n’était en réalité. Et je me suis seulement dit "hum !", j’espère que quelqu’un de plus haut placé que moi en sait plus, a davantage accès à l’information que moi, parce que ça ne collait tout simplement pas. Cela m’a rendue absolument malade.
RAINES : Je m’excuse auprès de nos auditeurs s’ils ont été séduits, mais Alan et moi avons décidé de garder Valerie Plame Wilson pour nous seuls…
VPW : [rires]
RAINES : …il nous reste 60 secondes, Alan, si vous avez autre chose à ajouter.
ALAN CROSS : Une seule question rapidement. A propos de votre livre « Fair Game: My Life as a Spy, My Betrayal by the White House », ma question est la suivante : travailliez-vous seule en tant qu’agent, ou aviez-vous une équipe qui travaillait pour vous ?
VPW : Je crois que c’est une de ces inventions auxquelles Hollywood contribue en permanence. Vous pensez à « Bourne Indentity » ou à James Bond, en réalité nous ne sommes jamais seuls. C’est toujours un effort collectif. Il ne s’agit pas d’un escroc qui là, dehors, enfile son smoking pour entrer dans un casino de Monaco. Vous avez des analystes, des techniciens, des gens qui rassemblent les informations, et votre équipe de veille. C’est vraiment un effort collectif. Et les gens qui travaillent, mes anciens collègues de la CIA, sont pour la plupart des gens très intelligents, extrêmement dévoués qui aujourd’hui sont sous une forte pression politique et j’espère que l’on pourra changer de direction dans le futur.
Brad Friedman
Brad Blog, le 12 février 2008
Traduction VirgileetAthéna / Catherine pour ReOpenNews