La Philosophie à Paris

PRESENTATION / Les signes d'une philosophie à venir

13 Novembre 2006, 00:20am

Publié par Le Cazals

 

Ce texte porte sur la différence entre pensée intuitive et pensée discurssive.

 

 

 

 

 

 

Je vais essayer par un texte ample mais bref de vous introduire tout notre travail qui porte sur l’autonomie c’est-à-dire la manière que l’on a de sans cesse retrouver sa propre liberté. Pour cela il faut s’appuyer sur les signes porteurs de nouveauté, s’appuyer donc sur des positivités comme il en existe dans les sciences, d'où le titre de notre travail : les signes d'une philosophie à venir.
Il s’agit tout d’abord d’éviter certains, écueils, certaines impasses, certaines abstractions propres aux pensées discursives, aux pensées qui réfléchissent plus qu’elles ne pensent collectivement. Ces pensées discursives reviennent toujours au même, à l’identique et ne perçoivent pas la nouveauté, elles font abstractions des signes, des indices. Les pensées discursives posent le Sujet, le monde, l’Un, Multiple, le Tout, le Même et l’Autre, tous ces concepts si larges que Bergson disait qu’ils allaient aussi bien à Pierre qu’à Paul, si larges qu’ils ne parvenaient à saisir la réalité faite de nuance et conduisaient les philosophes à s’en abstraire, à se soustraire de la réalité pour un monde qui leur soit intelligible. Comme le dit Aristote : La pensée discursive est « la capacité de dire ce qu’appelle une situation et ce qui convient ». Et avec les signes c’est de bien autre chose dont il est question. Je vous redonne une citation de Guattari que répétait Deleuze : les signes « sont comme des oiseaux qui frappent du bec à la fenêtre. Il ne s’agit pas de les interpréter. Il s’agit plutôt de repérer leur trajectoire, pour voir s’ils peuvent servir d’indicateurs de nouveaux univers de référence susceptibles d’acquérir une consistance suffisante pour retourner une situation » Guattari DzCC_84.
Nous nous attachons ici à une pensée qui soit intuitive. Il s’agit de dégager une pensée qui porte sur la nuance et non sur les genres homologues comme la dialectique ou le structuralisme. Il s’agit d’investir une pensée qui soit complexe et tragique, une pensée que l’on nomme du Dehors ou du Surpli, c’est-à-dire qui une pensée qui n’en reste pas à la finitude des hommes (c’est-à-dire le pli comme chez Leibniz ou Kant) ni à l’élévation à l’infini d’une substance (comme chez Spinoza et Deleuze), mais qui se joue entre tout ça.
Il s’agit là juste d’une pensée non d’une pensée juste. Ce que nous avons relevé avec Nietzsche, avec la hiérarchie, mais que l’on retrouve en partie chez Bourdieu quand il parle des démunis, des émigrés, bref de ce sous prolétariat qu’il distingue des dominés c’est-à-dire du prolétariat.
Ici il n’est pas question de sujet ou de conscience. Ce sont des fictions, des illusions qui naissent soit du doute et du sollipsisme comme avec Descartes, soit de la peur face à un danger comme le disait Nietzsche dans un aphorisme du Gai savoir. Ce dont il est question c’est d’une pensée collective mais peu commune, d’une pensée qui se fait à plusieurs parce qu’elle demande un effort considérable, bien différent de la réflexion que chacun peut pratiquer dans son coin. Penser n’est pas réfléchir, c’est un peut ce que suggère Heidegger dans cette allocution que je vous cite :


« Nul ne sait quel sera le destin de la pensée. En 1964, dans une conférence je n'ai pas prononcée moi-même mais dont le texte a été lu en traduction française, j'ai parlé de la fin de la philosophie et de la tâche de la pensée". J'y ai fait une distinction entre philosophie c'est-à-dire la métaphysique, et la pensée telle que je l'entends. Cette pensée est, fondamentalement, quant à la chose même, beaucoup plus simple que la philosophie, mais, en conséquence, beaucoup plus difficile à accomplir, et elle  exige un nouveau soin apporté au langage, et non une invention de termes nouveaux, comme je l'avais pensé jadis; bien plutôt un retour à la teneur originale de la langue qui nous est propre mais qui est en proie à un dépérissement continuel. Un penseur à venir… sera peut-être placé devant la tâche d'assumer effectivement cette pensée que j'essaie seulement de préparer. »

 

Et l’on peut rajouter, que cette pensée Nietzsche l’avait en partie réalisée et que Deleuze et Guattari en ont donné une expérimentation. Deleuze lorsqu’il pensait seul posait le plan d’immanence comme surface métaphysique, comme surface événementielle qui répartissait d’un côté les états de chose et de l’autre le langage, en gros, les mots et les choses. Mais là encore comme l’a montré Badiou, il y a quelque chose d’absolu, comme l’Un-Tout, comme un Virtuel en soi, comme une substance spinoziste que Deleuze ramène à une surface : il l’appelle tour à tour la terre, l’Univers, car rappelons bien que pour Deleuze que l’on soit chrétien ou païen on était porter à croire, à croire sans doute en un absolu. Ce qui est absolu est soit séparé de nous donc ne nous est pas appréhendable soit ne comporte aucune limite comme un Dieu Tout-puissant.
Or pour activer une pensée qui affirme la Vie et le Travail. Il faut éliminer les absolus, évacuer les vides. De l’autre côté ce qui existe est soit fini, soit limité, c'est pourquoi il faut amener le concept du fini-illimité qui n’est autre que les processus, les devenirs, les tendances qui existent dans toute situation et que l’on retrouve aussi bien dans la pensée de Nietzsche quand il parle d’éternel retour, ou dans le comportement des rats quand ils finissent par former des groupes (dès lors qu’ils sont enfermés) ou encore en physique quantique, par les potentialités des électrons qui finissent par produire des mouvements incompréhensibles par la physique classique. Tout ceci nous force à Penser. Ce sont ce qu’on peut appeler des signes.
Mais avant d’en arriver là ce qui compt c’est de se placer face à notre propre impossibilité de continuer, et à partir de là de développer nos propres capacités. Un problème qui paraissait insoluble comme l’avènement de l’égalité, que l’on a l’habitude en France de nommer révolution. conduit à des impasses. On croit trop en l’avenir des révolutions. Il faut admettre simplement qu’il n’y a égalité en droit mais pas en fait. Par contre on peut poser le problème autrement. Après ce que je viens de dire sur les capacités, on peut dire que les gens deviennent égaux dès lors qu’ils ne sont pas séparer de ce qu’ils peuvent, dès lors qu’ils sont en capacité. Mais la capacité de l’un étant différente de la capacité de l’autre, la liberté et la diversité sont maintenu. Il faut donc aller jusqu’au bout des choses et avoir confiance en ses nouvelles capacités.

 

 

 

Pour conclure, dans tout ce que nous avons dit il n’a pas été question de sentiments, de passions ou d’affections mais d’affects, de devenir-illimité, de tendances, brefs des polarités qui coexistent dans toute situation. Il n’était pas non plus question de vérité mais plutôt de ce qui a de l’importance pour chaque époque, pour chaque situation. Indiquer ce qui a de l’importance ce n’est pas philosopher, ça n’a pas cette prétention, c’est juste penser. Platon disait nous nous rendons malheureux, parce que nous ne savons ce qui a de l’importance. Les vérités et les sentiments tiennent plus de la prétention que de l’importance. Mme pour Foucault l’essentiel était là sortir de la philosophie et accéder à ces multiples pensées du Dehors ou du Surpli dont nous avons donné quelques pistes. La question que posait alors Foucault était la suivante : est-il possible d’envisager la philosophie comme une pensée ? question déroutante tant nous sommes habitués au point de vue inverse de promotion d’une pensée en philosophie. Comment se fait-il que la philosophie se soit accaparé la pensée, peut-être parce que la philosophie est effort sur soi, c’est-à-dire que la philosophie est avant tout thérapeutique.

 

 

DzCC = Deleuze, Critique et clinique.

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M
Bonjour le Cazals,je suis passé sur le post. Si les coups dans le dos étant permis en affaire, sache que j'ai été un athlète de haut niveau dans la pratique du SAMBO jusqu'en 2003, et que j'ai toujours affronté mes adversaires de face, en moins de 75kg. en moins de 85kg et en moins de 90 kg en 2003 où j'ai fini troisième au championnat du monde. Dont 10 fois sélectionnés aux championnats du monde, et plusieurs fois sur le podium. Je trouve que les coups dans le dos appartient au lâche. Et je ne suis pas de cela.Pour tous renseignements contacter le responsable National et international du SAMBO, Mr Christian Bruzat au 0608552597.Mon nom c'est Victor Dominique Martello.Cordialement.
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M
Bonjour le Cazals,J'irai sur le post......je vais partir en vacances et prendre des forces avant d'affronter mes foudres de guerres .....lolllll....à bientôt.....Amitiés
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L
Amitiés. Même si je ne vois pas où elle est entre nous. Le philos chez les grecs c'est le rival, comme on dirait aujourd'hui faire des affaires entre amis (les coups dans le dos étant permis en affaire) :-pDonc c'est de bonnes Guerre Monsieur le Grenoblois :)
M
Bonjour l'oyseaulx,Comme vous dites, OUI, mais que des mecs !néanmoins pour éviter de remplir de nombreuses pages, je vous recommande de lire : " dialogue avec un Musulman de Lithuanie ".Je suis dans la même ligne de Monsieur Gérard Tronche, mais néanmoins plus ouvert......cordialementsite http://perso.orange.fr/thomiste/dialmusul.htm
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O
J'avoue que j'ai du mal à saisir l'intérêt de ces longues diatribes tirées d'Aristote et de saint Thomas qui viennent en réponse à un propos initial qui paraissait, essentiellement, d'inspiration guattaréenne ou deleuzienne. Etant à peine moins incompétent sur la doctrine aristotélicienne ou thomiste de l'âme intellective que sur la conception guattaréenne des agencements désirants et n'ayant pas encore trouvé le temps de relire, à tête reposée, l'ensemble des nombreuses références proposées, je me limiterai à une observation, à vrai dire essentielle. M'étant reporté au texte latin de Summa Theologiae, Prima Pars, quaestio septuagesima quinta, articulus sextus, ad paginas quingentesimam decimam ac undecimam ex editione franquista quam in lucem edidit Biblioteca de Auctores Cristianos, declarada de interés nacional por Excmo y Rvdmo Sr Fernando Sebastian Aguilar, Arzobispo de Pamplona y Tudela, Gran Canciller de la Universidad Pontificia ecc ecc, Madrid, 1994, édition qui doit faire autorité et n'être pas suspecte de tentative de subversion doctrinale, je n'ai trouvé aucune trace, dans ce texte, de l'idée selon laquelle l'âme intellective serait, comme dit notre Commentateur, « une substance individuelle ». Tout semble même conduire à penser le contraire, puisque ce texte lie expressément les formes individuelles à la matière et au corps : l'intellect est la puissance de recevoir (recipere) des formes universelles, qui sont telles précisément parce qu'elles ne comportent pas de matière ; on pourrait donc conclure, semble-t-il, que l'âme intellective soit une forme universelle et, par conséquent, non-individuelle. On sait que telle est la pierre d'achoppement de la critique averroïste (et, sur un mode différent, de la critique alexandriste, chez Pomponazzi), aux yeux de laquelle l'intellect agent, le seul qui soit immortel, n'est pas un intellect individuel. Je sais évidemment comme tout le monde que le texte aristotélicien commenté par Averroès n'est pas identique au texte grec édité par Ross (puisqu'il distingue trois âmes, dont deux âmes intellectives, soit, outre l'intellect patient (l'ardoise vide « capable de tout devenir », selon l'expression employée en de Anima, III, 5, 430 a 14-15), un intellect agent individuel, puis, un deuxième intellect agent, « capable de tout produire » (ligne 15), qui est « le seul qui soit immortel et éternel » (ligne 23), mais ce dernier est identifié, par Averroès, à l'intellect divin, puisque c'est lui, l'intellect actif de Dieu, qui actualise les universaux dans l'intellect patient individuel. Copnclusion : seul Dieu possède un intellect immortel, et la seule forme d'immortalité promise à l'être humain est la connaissance que produit l'actualisation des universaux, dans l'intellect patient, sous l'action de l'intellect divin agissant, non pas, comme écrit notre Commentateur (magnétique, pas Averroès), à la manière d'une cause efficiente, mais d'une cause formelle (encore que la ligne 12 de III, 5 peut autoriser cette dernière interprétation). Dira-t-on que le texte dont disposait Averroès est fautif ? Qu'en sçavez-vous ? Pourquoi voulez-vous toujours à tout prix que le texte livré sans pollution soit celui transmis par ces Yvrognes byzantins, et pas celui qui l'est par de sains et abstinents scribes arabes ? Car, la condition de l'apparition de l'Islam, écrivait Nietzsche, c'est qu'il y ait des mecs !
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L
Rien à ajouer sur ce que tu dis au début :)Je devrai mettre un post demain sur la "nostalgie" deleuzo-guattarienne
M
Excuse moi j'ai envoyé deux fois....si tu peux couper la deuxième merci....cordialement
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L
Les commentaires ont leur propre intégrité (ce qui est rassurant) donc il n'est aps possible de la modifier.
M
OULALA ….j’ai l’impression d’avoir à faire à mes élèves…..COOL…..Je ne veux pas t’imposer un complexe d’infériorité. Tu vois je suis un homme simple et je ne suis pas non plus une lumière. Je suis un moins que rien devant mon créateur. Je trouve un air de racisme quand même quand tu dis la manière Française de pensée ! Tu penses que je suis quoi ? Mais, c'est vrai pur sang latin. je ne vais pas me défiler voilà l'homme et sa pensée la mienne. (^-^)...j' aime en suivant mon aiguille, magnétique....cordialement " Tout être est reçu dans un autre selon le mode de ce dernier " (1). Or la pensée intellectuelle ou son intellect possible (2), grâce à la lumière de l'intellect agent (3), principe actif, connaît la réalité sous un mode absolu ou universel, c'est-à-dire sous une forme simple, ou sous une forme dégagée de la matière, celle-ci ne recevant que des formes individuelles (4). Par son intellect agent, elle abstrait l'universel du particulier, ou l'espèce intelligible de l'image (5). Cela d'ailleurs rend compte de l'existence de la science, car il n'y a de science que de l'universel, étant donné le caractère universel de l'objet de toute science. En effet, si la pensée humaine ne connaissait que le singulier, aucune science ne serait possible. La pensée humaine est donc une forme absolue. Pensée intellectuelle, elle est une substance individuelle, incorporelle et subsistante, et par conséquent incorruptible par nature (6). Son intellection consiste à connaître la nature de l'espèce et du genre sans connaître les principes " individuants " (7). Elle possède une activité qui lui est propre et à laquelle le corps n'a point part, le corps ne se conformant qu'à son activité immatérielle (8). la pensée humaine, une fois le corps détruit (10), continue d'exister. Pour bien comprendre ce raisonnement, il convient absolument de distinguer l'intelligence du sens et la puissance de l'acte, distinctions qui échappaient aux anciens Naturalistes ou Physiciens (11) et aux anciens ou premiers philosophes (12), incapables de penser au-delà des images (13), qui s'identifiaient à leur corps et à leur mental ou leur ego. " Il n'est pas raisonnable d'admettre que l'intellect soit mêlé au corps ", ditAristote (14), le maître de ceux qui savent (15).  1) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 5, et q. 84, a. 1, concl..2) Cf. Aristote, De l'âme, ouv. cité plus haut, liv. III, chap. 4.3) Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 84, a. 6, sol. 1, et dif. 3, sol. 3 ; Aristote, De l'âme, liv. III, chap. 5, 430 a 15 (chapitre d'une importance capitale).4) Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 5, concl. et sol. 1, q. 84, a. 1, concl.5) Cf. id. I, q. 85, a. 1, sol. 1.6) Cf. id. I, q. 75, a. 6, concl. Contra Gentiles, liv. II, chap. 86, § 4 : " Nulle vertu active n'agit au-delà de son genre. Or la pensée " intellective " dépasse tout le genre des corps, puisqu'elle a une opération transcendante à tous les corps (" operationem supra omnia corpora elevatam "), à savoir l'intellection. Nulle vertu corporelle ne peut donc produire la pensée " intellective ". Or toute action de la vertu séminale se fait par quelque vertu corporelle. [...] La pensée " intellective " ne peut donc recevoir l'existence par la vertu qui se trouve dans la semence. " Id., chap. 49, § 4 : " Rien n'agit que selon espèce, puisque la forme est en toute chose le principe de l'action. Si donc l'intellect était un corps, son action ne dépasserait pas l'ordre corporel. Il ne comprendrait par suite que les corps. Or ceci est manifestement faux : nous comprenons, en effet, beaucoup de choses qui ne sont pas des corps. L'intellect n'est donc pas un corps. " 7) Cf. S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. II, chap. 75.8) Cette affirmation ne peut que heurter les personnes qui vivent de la pensée matérialiste d'un monde fermé à la métaphysique de l'être et à toute intériorité, mais elle n'offre en réalité aucune difficulté une fois que l'on a bien saisi le rôle spécifique et déterminant de la cause finale au niveau de l'être, et également la nature de la personne humaine avec son moi profond ou son Soi. En vérité, rien ne s'obtient sans effort et sans persévérance.10) Id. I, q. 75, a. 6, concl.11) " [...] antiqui Naturales " : S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 1, sol. 2, et q. 84, a. 2, concl.12) " [...] antiqui " ou " primi philosophi " : S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, aa. 1 et 3, concl., et q. 84, aa. 1 et 2.13) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 1, concl. : "  [...] imaginationem transcendere non valentes ".14) Aristote, De l'Ame, liv. III, chap. 4, 429 25 a.15) Dante (1265-1321), La Divine Comédie, Traduction, Introduction et Notes de Alexandre Masseron, éd. Albin Michel, Paris, 1950, L'Enfer, chant quatrième, Premier cycle : le Limbe, vers 130 : " Ayant regardé un peu plus haut, je vis le maître de ceux qui savent, assis parmi la famille des philosophes. " L'intellect agent, qui est une certaine vertu de la pensée humaine inhérente à une forme incorporelle, est le principe propre de l'action qui consiste à abstraire les espèces intelligibles ou les formes universelles des images préparées par les facultés de la cogitative et de la mémoire, c'est-à-dire par l'intellect passif qui possède un organe corporel et qui atteint, distingue et compare les choses ou données particulières ; et l'intellect possible, qui est non mêlé au corps, est quelque chose de la pensée qui reçoit ces formes ou espèces intelligibles - opération qui s'accomplit avec une certaine passion ou un certain pâtir - et qui les comprend et conserve pour toujours. (Cf. S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. II, cc. LX, LXXVI et LXXVII ; S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 78, a. 4, sol. 5, et q. 79, aa. 2, 3 et 4.) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 88, a. 1 (cf. Aristote, De l'Ame, III, 5, et aussi S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, q. 78, a. 1) : " D'après Aristote, l'intellect possible est un principe qui permet de devenir toutes choses. " Le sens est au sensible ce que l'intellect (possible) est à l'intelligible (idée ou concept), comme ce qui est en puissance (non réalisé) par rapport à ce qui est en acte. Cependant, tout en étant semblable au sens, l'intellect en diffère fondamentalement sur deux points. En effet, le sens peut être détruit par un excès de sensibles, ainsi la vue par un excès de lumière, alors que l'intellect ne peut l'être par un excès d'intelligibles - bien au contraire, c'est en approfondissant continuellement ses connaissances qu'un homme fortifie son intelligence, et c'est même ainsi qu'il se rend érudit ou devient savant et consécutivement plus éclairé ou avisé. D'autre part, le sens ne peut pas tout connaître, ainsi la vue ne connaît seulement que les couleurs, l'ouïe, que les sons, le goût, que la saveur, et ainsi de suite, alors que l'intellect, au contraire, est capable de tout connaître, car il a l'être pris dans toute son universalité pour objet formel; et de même que pour tout connaître, l'intellect doit être sans mélange, de même s'il y avait une couleur à l'intérieur de la pupille, la vision réelle d'autres couleurs serait faussée par la superposition de cette couleur, ainsi l'homme qui souffre de jaunisse voit tout jaune autour de lui. Et puisque cette partie de la pensée qu'on appelleintellect possible (" quelque chose de la pensée " : aliquid animæ) ne contient rien en acte avant de penser, n'étant que le lieu ou le réceptacle des Idées en puissance, il n'est pas raisonnable de soutenir qu'elle est mélangée au corps parce qu'elle ne possède aucune qualité inhérente à la matière (aucune qualité sensible), ne devenant en acte ce qu'elle pense qu'au moment où elle pense, comme le sens ne devient en acte qu'au moment où la pensée sent, la pensée s’exerce que grâce à la lumière de l'intellect agent ou actif, constitutif formel du Moi profond qui emprunte sa lumière à la Source de toute lumière (1) et n'est absolument pas l'acte d'un organe corporel. La pensée intellective est à la fois immanente et transcendante au corps, immanente au corps en tant que partie de la pensée et transcendante au corps en tant que ne tenant pas son être de sa combinaison avec la matière mais en tant que le tenant uniquement d'un principe extrinsèque. C'est ce que soutient Aristote, écrivant : " Reste donc que l'intellect seul vienne du dehors et que seul il soit divin  : car rien dans son opération ne communique avec l'opération corporelle " (2).1) S. Jean, I : 1, 4, 9, 14 18 : " Au commencement était le Verbe(acte d’être, effet de la pensée), et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. [...] En lui était la vie(la pensée), et la vie(la pensée) était la lumière des hommes. [...] Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. [...] Et le Verbe (acte d’être de la substance par l’effet du verbe) s'est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. [...] Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui l'a fait connaître. " - Ire Épître de S. Jean, 1 : 5 : " Dieu est Lumière, en Lui point de ténèbres. " - Épître de S. Jacques, 1 : 16 : " Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés : tout don excellent et tout cadeau parfait viennent d'en-haut, du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement, ni ombre de variation. " S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. IIIe, chap. XLVI, "Sed nec Aristoteles" :" [...] Aussi Aristote au Livre III De Anima démontre-t-il (chap. 4) à partir du connaître lui-même la nature de l'intellect possible, comment il est sans mélange et incorruptible, ce que nous avons démontré antérieurement (liv. II, chapitres LIX et suivants)."  Aristote, De l'âme, liv. III, chap. 4 (l'intellect possible) :" [...] Par suite, pensant toutes choses, l'intellect doit nécessairement être sans mélange, comme le dit Anaxagore, afin de commander, c'est-à-dire de connaître; car, en manifestant sa propre forme à côté de la forme étrangère, il met obstacle à cette dernière et s'oppose à sa réalisation. [...] Ainsi cette partie de la l’âme qu'on appelle intellect (et j'entends par intellect ce par quoi la pensée conçoit) n'est, en acte, aucune réalité. Pour cette raison aussi, il n'est pas raisonnable d'admettre que l'intellect soit mêlé au corps, car alors il deviendrait d'une qualité déterminée..." Id., chap. 5 (l'intellect agent) :" [...] Et, en fait, on y distingue, d'une part l'intellect qui est analogue à la matière, par le fait qu'il devient tous les intelligibles, et, d'autre part, l'intellect [qui est analogue à la cause efficiente], parce qu'il les produit tous, attendu qu'il est une sorte d'état analogue à la lumière : car en un certain sens, la lumière, elle aussi convertit les couleurs en puissance, en couleurs en acte. Et c'est cet intellect qui est séparé, impassible et sans mélange, étant par essence un acte; car toujours l'agent est d'une dignité supérieure au patient, et le principe à la matière. [...] C'est une fois séparé qu'il n'est plus ce qu'il est essentiellement, et cela seul est immortel et éternel." Plotin (v. 205-270), Ennéades, IV, 7 : De l'immortalité de l'âme : "Diront-ils que les pensées se rapportent à des formes qui sont en la matière ? Du moins ces pensées naissent, en faisant abstraction des corps, et c'est l'intelligence qui opère l'abstraction. Car ce n'est pas avec son corps ni en général avec la matière qu'elle opère l'abstraction du cercle, du triangle, de la ligne et des points. Il faut alors que l'âme elle-même se sépare du corps. Il faut donc qu'elle ne soit pas un corps. Le beau aussi, je pense, et le juste sont inétendus. Or il y a pensée de l'un et de l'autre. Donc s'ils viennent à l'âme, elle les accueille avec ce qu'elle a d'indivisible, et ils se logent dans l'indivisible qu'elle a en elle." S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ire Partie, 85, a. 6 (cf. Aristote, De l'Ame, liv. III, cc. 6 et 10) :" L'intelligence - quand elle a pour objet une réalité simple ou un principe - est toujours juste. " Id., I, q. 85, a. 7, sol. 2, et q. 16, a. 1 : " La vérité de l'intelligence consiste en ce qu'elle connaît le réel tel qu'il est. " Id., I, q. 85, a. 7, cependant :" Cependant, on voit par expérience que certains esprits comprennent plus profondément que d'autres. Ainsi celui qui peut ramener une conclusion aux premiers principes et aux causes premières, comprend plus profondément que celui qui la ramène seulement aux causes immédiates. " Id., I, q. 16, a. 2, conclusion :" Le vrai, quant à sa notion immédiate et première, est dans l'intelligence. Comme d'autre part toute chose est vraie selon qu'elle revêt la forme qui lui est propre et qui répond à sa nature, il y a nécessité que l'intellect [ou l'intelligence], faculté de connaître, soit vraie en raison d'une représentation fidèle de la chose connue, représentation qui est la forme propre en tant que pouvoir connaissant. Pour ce motif, la vérité se définit par la conformité de l'intellect avec les choses, et il en résulte que connaître une telle conformité c'est connaître la vérité. Or cette conformité, les sens [par eux-mêmes] ne la connaissent en aucune manière; car bien que l'œil, par exemple, ait en lui l'image de l'objet visible, il ne saisit point [en tant qu'œil] le rapport qu'il y a entre la chose vue et ce qu'il s'en présente [car l'œil ne fait que voir]. Au contraire, l'intellect a le pouvoir de connaître sa propre conformité [car il est conscient] avec l'objet intelligible [qui lui est propre]; mais il ne conçoit pas cette conformité par celui de ses actes qui appréhende [directement] telle ou telle chose; c'est quand il porte un jugement sur ce qui est, attribuant à la chose une forme d'existence semblable à la forme de connaissance qu'il en a extraite, c'est alors seulement qu'il connaît et qu'il dit vrai. Or il fait cela en composant et divisant; car en toute proposition où un jugement s'exprime, l'esprit attribue une certaine façon d'être, signifiée par le prédicat [ou l'attribut], à une certaine chose signifiée par le sujet, ou bien il l'en écarte. Et ainsi, il se trouve sans doute que le sens est vrai à l'égard de telle ou telle chose, et aussi l'intellect qui appréhende les natures; mais ni l'un ni l'autre ne connaît ni ne dit la vérité. Et il en va de même des paroles, suivant qu'elles sont complexes ou incomplexes [jugements ou simples conceptions]. On voit par là que la vérité peut se trouver dans le sens ou dans l'intellect qui conçoit l'essence des choses comme elle se trouve dans un objet vrai; mais non comme le connu est dans le sujet connaissant, ce que suppose cependant ce mot : le vrai. Car la perfection de l'intellect c'est le vrai connu, en tant qu'il est connu. En conséquence, à parler en toute propriété de termes, la vérité est dans l'intellect qui compose et divise, et pas davantage dans l'intelligence qui élabore de simples concepts. " Par là s'éclairent facilement tous les doutes. "Id., a. 3, conclusion :" Comme le bien répond au désirable, ainsi le vrai a rapport à la connaissance. Or dans la mesure où une chose participe de l'être, dans cette mesure, elle est connaissable, et c'est ce qui fait dire à Aristote que l'âme est en quelque manière toutes choses selon le sens et l'intellect. Pour ce motif, de même que le bien est identique à l'être, ainsi le vrai. Toutefois, comme le bien ajoute à l'être la notion d'appétibilité, le vrai ajoute à l'être un rapport à l'intellect. " Id., a. 1, conclusion :" On appelle bien ce à quoi tend l'appétit : ainsi l'on appelle vrai ce vers quoi tend l'intelligence. Mais il y a cette différence entre l'appétition et l'intellection ou tout autre mode de connaissance, que la connaissance se réalise par l'introduction du connu dans le sujet connaissant, et l'appétition au contraire suppose que le sujet s'incline et se porte vers la chose désirée. Il s'ensuit que le terme du mouvement de l'appétit, qui est le bien, se trouve dans la chose désirable; mais le terme de la connaissance, qui est le vrai, a son siège dans l'intellect." Toutefois, de même que le bien est dans la chose, mais en raison du rapport de cette chose avec l'appétit, de telle sorte que la qualification de bien dérive de la chose appétible à l'appétit lui-même, ce qui fait appeler bon un appétit du bien : ainsi,le vrai étant dans l'intellect selon que l'intellect s'adapte à la chose, il y a nécessité que le caractère du vrai dérive de l'intellect à la chose, et que la chose elle-même soit dite vraie en tant qu'elle se rapporte en quelque manière à l'intelligence. " Mais la chose objet de l'intellect [ou de l'intelligence] peut se rapporter à l'intellect soit essentiellement, soit à titre accidentel. Elle se rapporte essentiellement à l'intellect dont dépend son être; elle se rapporte accidentellement à l'intellect qui trouve en elle du connaissable. Comme si nous disions que la maison a un rapport essentiel à l'intellect de son architecte, et un rapport accidentel aux intelligences dont elle ne dépend point. Or, une chose ne se juge pas en considération de ses caractères accidentels, mais en raison de ses caractères essentiels. On dira donc une chose vraie, absolument parlant, par comparaison avec l'intellect dont elle dépend. De là vient que les productions de l'art sont dites vraies par rapport à notre intellect, ainsi par exemple une maison a sa vérité quand elle revêt la forme d'art qui a été conçue par son architecte; une parole est vraie quand elle manifeste une pensée vraie. De même, les choses naturelles se voient attribuer leur vérité selon qu'on les juge conformes aux conceptions de l'intelligence divine; on appelle une vraie pierre, celle qui a la nature propre à une pierre, telle que l'a préconçue l'intellect de Dieu [ou, pour être plus exact, telle que l'intellect de Dieu la conçoit dans Son présent éternel]. Ainsi donc, la vérité est principalement dans l'intellect; elle est à titre secondaire dans les choses, selon que les choses sont en rapport avec l'intellect comme avec leur principe." C'est à ces causes qu'on a pu donner de la vérité des définitions diverses. Saint Augustin, dans son traité de la Vraie Religion la définit ainsi : ' La vérité est la manifestation de ce qui est. ' Saint Hilaire dit de son côté : ' Le vrai est la déclaration ou la manifestation de l'être. ' : double définition se rapportant à la vérité dans l'intelligence. Touchant la vérité des choses rapportées à l'intelligence, on peut citer cette autre définition de saint Augustin : ' La vérité est la parfaite similitude de chaque chose avec son principe, sans nulle dissemblance ', et celle-ci de saint Anselme : ' La vérité est une rectitude constatée par l'esprit '; car cela est droit ou correct qui concorde avec son principe. On cite encore cette définition d'Avicenne : ' La vérité de chaque chose consiste dans la propriété de son être tel qu'il lui a été attribué. ' Quant à ce qu'on dit, quela vérité est une égalité entre le réel et l'intelligence, c'est la définition qui peut se rapporter aux deux cas. "Id., solution 3 :" Il est certain que la vérité de notre intelligence est causée par les choses; mais il ne s'ensuit pas que la notion de vérité se réalise d'abord dans les choses, pas plus que la santé n'est dans la potion avant d'être dans le vivant. [...] De même c'est l'être des choses et non leur vérité, qui cause la vérité dans l'intelligence[l'être étant l'objet formel de l'intelligence]. Aussi Aristote dit-il qu'une opinion ou une parole est vraie en raison de ce que la chose est, et non parce que la chose est vraie." Id., sol. 2 : " Les anciens philosophes [antiqui philosophi] n'attribuaient pas comme nous à une intelligence première les essences des choses naturelles; ils y voyaient un effet du hasard [comme les " savants " de l'an 2000 qui n'ont guère " évolué " ou progressé depuis ces anciens philosophes - " rien de nouveau sous le soleil ", Ecclésiaste, I, 9 ], et comme d'autre part ils se rendaient compte du rapport qu'il y a entre le vrai et l'intelligence [nos " savant " s'en rendent-ils seulement compte aujourd'hui ?], ils se voyaient forcés de concevoir la vérité des choses par rapport à notre intelligence; d'où toutes sortes d'inconvénients que dénonce Aristote [qui, sur un point essentiel, voyait déjà plus clair que nos " savants " actuels, qui ne se voient forcés en rien, ne sachant pas si la vérité des choses existe ou s'en moquant éperdument "]. "  Chanoine Henri Collin, Docteur en philosophie et en théologie, Manuel de philosophie thomiste, ¨II, Psychologie, chap. IX, La connaissance intellectuelle, I. - Pensée et intelligence, Art. II. - L'intelligence, Librairie P. Téqui, Paris, 1949, page 234 :" 279 - NOTION" 1° D'après l'objet : L'intelligence est la faculté par laquelle nous connaissons ce que sont les choses, les types d'être réalisés en elles, et les rapports abstraits et universels qui les unissent. Comme son étymologie l'indique, ' intus-legere ' ou ' inter-legere ', elle est à la fois la faculté qui lit à l'intérieur, perçoit l'invisible et pénètre jusqu'à l'essence, en même temps qu'elle ' discerne entre ' les faits, les relations nécessaires ou constantes, qui seules méritent d'être retenues. "  Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ire Partie, q. 87, a. 3, sol. 1 (cf. ibid., Contra Gentiles, liv. I, chap. 22) :" L'objet de l'intelligence est un universel, à savoir : l'être et le vrai. " Ibid., Id., I, q. 79, a. 2, et cf. 78, a. 1 : " L'opération intellectuelle a pour objet l'être universel. " Marcel de Corte, " Le Temple écroulé " (II), revue Itinéraires, n° 165, p. 230-231) : " L'homme et le monde sont entrés dans une ère de mouvement perpétuel inconnu des âges précédents. Le devenir est désormais l'ersatz de l'être et le progrès le substitut de la vie éternelle. L'intelligence n'a plus à se conformer aux choses. C'est aux choses, qu'elle crée [produit] continuellement, à se conformer à ses injonctions. La notion de vérité se trouve de la sorte complètement invertie [et pervertie]. Et comme l'intelligence change sans cesse en fonction du monde artificiel qu'elle crée [produit] et qui la laisse continuellement insatisfaite, le principe de contradiction s'évapore : ce qui était vrai hier, du point de vue de cette intelligence pervertie, ne l'est plus aujourd'hui, son point de vue ayant changé, et ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera plus demain ." L'être de la pensée humaine ou de la pensée " intellective " (l'intellect possible et l'intellect agent) et l'être individué qui est le sien ne dépendent pas du corps.(Cf. S. Thomas d'Aquin, Question disputée sur l'âme, article III, chap. I, 429a20-429b5, et chap. IV, 430a10-25 .) Aristote, De l'Ame, II, 1, 412b5 : " L'âme (la pensée) est l'entéléchie première[l'acte premier ou la perfection première]d'un corps naturel organisé. " L'âme (la pensée) est l'acte premier d'un corps en puissance de vie. (Cf. S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. II, chap. 61 ; Aristote, De l'Ame, liv. II, chap. I, 412a 25-412b.) " La tabula rasa (la table rase) d'Aristote est l'analogue, au niveau de la pensée, de la matière première au niveau du mouvement physique. " (M.-D. Philippe, De l'être à Dieu, ouv. cité plus haut, p. 472, note 12.) Mais, la pensée par rapport à l’âme elle préexiste, parce que l’élément potentiel existe avant l’acte. Il faut que la chose soit pensée par ce que la puissance précède l’acte dans l’ordre de la production et de notre univers créé. La pensée précède la conscience, c’est pourquoi l’on dit que l’homme prend conscience qu’il pense en proportion de ce qui est spirituel et moral. Cette proportion appartient à un seul et même corps. C’est d’ailleurs ce que soutient l’apôtre saint Paul dans sa première épître aux Corinthiens, au verset 46 du chapitre 15, écrivant : « Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est animal ; ce qui est spirituel vient ensuite » (cf. également les versets 9 et 10 du chapitre 13 où saint Paul précise que « quand sera venu ce qui est parfait, ce qui est imparfait disparaîtra. » Mais si nous nous plaçons du point de vue de l’ordre réel des choses et de la causalité finale, ou du point de vue de la pensée en tant que Cause première et Acte pur, ce qui amène une chose de la puissance ne pouvant être qu’un être en acte, nous devons logiquement en conclure « que ce qui parfait l’imparfait, c’est un être parfait » [« quod perficit imperfectum, perfectum est » - S. Thomas d’Aquin, Des Principes de la nature, Interdépendance des quatre causes, chap. IV, § 20). Mille objections ne font pas un doute.     Voilà tu vois que je peux aussi me positionner avec des citations. Cordialement OULALA ….j’ai l’impression d’avoir à faire à mes élèves…..COOL…..Je ne veux pas d’imposer un complexe d’infériorité. Tu vois je suis un homme simple et je ne suis pas non plus une lumière. Je suis un moins que rien devant mon créateur. Je trouve un air de racisme  Tout être est reçu dans un autre selon le mode de ce dernier " (1). Or la pensée intellectuelle ou son intellect possible (2), grâce à la lumière de l'intellect agent (3), principe actif, connaît la réalité sous un mode absolu ou universel, c'est-à-dire sous une forme simple, ou sous une forme dégagée de la matière, celle-ci ne recevant que des formes individuelles (4). Par son intellect agent, elle abstrait l'universel du particulier, ou l'espèce intelligible de l'image (5). Cela d'ailleurs rend compte de l'existence de la science, car il n'y a de science que de l'universel, étant donné le caractère universel de l'objet de toute science. En effet, si la pensée humaine ne connaissait que le singulier, aucune science ne serait possible. La pensée humaine est donc une forme absolue. Pensée intellectuelle, elle est une substance individuelle, incorporelle et subsistante, et par conséquent incorruptible par nature (6). Son intellection consiste à connaître la nature de l'espèce et du genre sans connaître les principes " individuants " (7). Elle possède une activité qui lui est propre et à laquelle le corps n'a point part, le corps ne se conformant qu'à son activité immatérielle (8). la pensée humaine, une fois le corps détruit (10), continue d'exister. Pour bien comprendre ce raisonnement, il convient absolument de distinguer l'intelligence du sens et la puissance de l'acte, distinctions qui échappaient aux anciens Naturalistes ou Physiciens (11) et aux anciens ou premiers philosophes (12), incapables de penser au-delà des images (13), qui s'identifiaient à leur corps et à leur mental ou leur ego. " Il n'est pas raisonnable d'admettre que l'intellect soit mêlé au corps ", dit Aristote (14), le maître de ceux qui savent (15).   1) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 5, et q. 84, a. 1, concl..2) Cf. Aristote, De l'âme, ouv. cité plus haut, liv. III, chap. 4.3) Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 84, a. 6, sol. 1, et dif. 3, sol. 3 ; Aristote, De l'âme, liv. III, chap. 5, 430 a 15 (chapitre d'une importance capitale).4) Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 5, concl. et sol. 1, q. 84, a. 1, concl.5) Cf. id. I, q. 85, a. 1, sol. 1.6) Cf. id. I, q. 75, a. 6, concl. Contra Gentiles, liv. II, chap. 86, § 4 : " Nulle vertu active n'agit au-delà de son genre. Or la pensée " intellective " dépasse tout le genre des corps, puisqu'elle a une opération transcendante à tous les corps (" operationem supra omnia corpora elevatam "), à savoir l'intellection. Nulle vertu corporelle ne peut donc produire la pensée " intellective ". Or toute action de la vertu séminale se fait par quelque vertu corporelle. [...] La pensée " intellective " ne peut donc recevoir l'existence par la vertu qui se trouve dans la semence. " Id., chap. 49, § 4 : " Rien n'agit que selon espèce, puisque la forme est en toute chose le principe de l'action. Si donc l'intellect était un corps, son action ne dépasserait pas l'ordre corporel. Il ne comprendrait par suite que les corps. Or ceci est manifestement faux : nous comprenons, en effet, beaucoup de choses qui ne sont pas des corps. L'intellect n'est donc pas un corps. " 7) Cf. S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. II, chap. 75.8) Cette affirmation ne peut que heurter les personnes qui vivent de la pensée matérialiste d'un monde fermé à la métaphysique de l'être et à toute intériorité, mais elle n'offre en réalité aucune difficulté une fois que l'on a bien saisi le rôle spécifique et déterminant de la cause finale au niveau de l'être, et également la nature de la personne humaine avec son moi profond ou son Soi. En vérité, rien ne s'obtient sans effort et sans persévérance.10) Id. I, q. 75, a. 6, concl.11) " [...] antiqui Naturales " : S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 1, sol. 2, et q. 84, a. 2, concl.12) " [...] antiqui " ou " primi philosophi " : S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, aa. 1 et 3, concl., et q. 84, aa. 1 et 2.13) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 1, concl. : "  [...] imaginationem transcendere non valentes ".14) Aristote, De l'Ame, liv. III, chap. 4, 429 25 a.15) Dante (1265-1321), La Divine Comédie, Traduction, Introduction et Notes de Alexandre Masseron, éd. Albin Michel, Paris, 1950, L'Enfer, chant quatrième, Premier cycle : le Limbe, vers 130 : " Ayant regardé un peu plus haut, je vis le maître de ceux qui savent, assis parmi la famille des philosophes. " L'intellect agent, qui est une certaine vertu de la pensée humaine inhérente à une forme incorporelle, est le principe propre de l'action qui consiste à abstraire les espèces intelligibles ou les formes universelles des images préparées par les facultés de la cogitative et de la mémoire, c'est-à-dire par l'intellect passif qui possède un organe corporel et qui atteint, distingue et compare les choses ou données particulières ; et l'intellect possible, qui est non mêlé au corps, est quelque chose de la pensée qui reçoit ces formes ou espèces intelligibles - opération qui s'accomplit avec une certaine passion ou un certain pâtir - et qui les comprend et conserve pour toujours. (Cf. S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. II, cc. LX, LXXVI et LXXVII ; S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 78, a. 4, sol. 5, et q. 79, aa. 2, 3 et 4.) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 88, a. 1 (cf. Aristote, De l'Ame, III, 5, et aussi S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, q. 78, a. 1) : " D'après Aristote, l'intellect possible est un principe qui permet de devenir toutes choses. " Le sens est au sensible ce que l'intellect (possible) est à l'intelligible (idée ou concept), comme ce qui est en puissance (non réalisé) par rapport à ce qui est en acte. Cependant, tout en étant semblable au sens, l'intellect en diffère fondamentalement sur deux points. En effet, le sens peut être détruit par un excès de sensibles, ainsi la vue par un excès de lumière, alors que l'intellect ne peut l'être par un excès d'intelligibles - bien au contraire, c'est en approfondissant continuellement ses connaissances qu'un homme fortifie son intelligence, et c'est même ainsi qu'il se rend érudit ou devient savant et consécutivement plus éclairé ou avisé. D'autre part, le sens ne peut pas tout connaître, ainsi la vue ne connaît seulement que les couleurs, l'ouïe, que les sons, le goût, que la saveur, et ainsi de suite, alors que l'intellect, au contraire, est capable de tout connaître, car il a l'être pris dans toute son universalité pour objet formel; et de même que pour tout connaître, l'intellect doit être sans mélange, de même s'il y avait une couleur à l'intérieur de la pupille, la vision réelle d'autres couleurs serait faussée par la superposition de cette couleur, ainsi l'homme qui souffre de jaunisse voit tout jaune autour de lui. Et puisque cette partie de la pensée qu'on appelle intellect possible (" quelque chose de la pensée " : aliquid animæ) ne contient rien en acte avant de penser, n'étant que le lieu ou le réceptacle des Idées en puissance, il n'est pas raisonnable de soutenir qu'elle est mélangée au corps parce qu'elle ne possède aucune qualité inhérente à la matière (aucune qualité sensible), ne devenant en acte ce qu'elle pense qu'au moment où elle pense, comme le sens ne devient en acte qu'au moment où la pensée sent, la pensée s’exerce que grâce à la lumière de l'intellect agent ou actif, constitutif formel du Moi profond qui emprunte sa lumière à la Source de toute lumière (1) et n'est absolument pas l'acte d'un organe corporel. La pensée intellective est à la fois immanente et transcendante au corps, immanente au corps en tant que partie de la pensée et transcendante au corps en tant que ne tenant pas son être de sa combinaison avec la matière mais en tant que le tenant uniquement d'un principe extrinsèque. C'est ce que soutient Aristote, écrivant : " Reste donc que l'intellect seul vienne du dehors et que seul il soit divin  : car rien dans son opération ne communique avec l'opération corporelle " (2).1) S. Jean, I : 1, 4, 9, 14 18 : " Au commencement était le Verbe(acte d’être, effet de la pensée), et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. [...] En lui était la vie(la pensée), et la vie(la pensée) était la lumière des hommes. [...] Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. [...] Et le Verbe (acte d’être de la substance par l’effet du verbe) s'est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. [...] Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui l'a fait connaître. " - Ire Épître de S. Jean, 1 : 5 : " Dieu est Lumière, en Lui point de ténèbres. " - Épître de S. Jacques, 1 : 16 : " Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés : tout don excellent et tout cadeau parfait viennent d'en-haut, du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement, ni ombre de variation. " S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. IIIe, chap. XLVI, "Sed nec Aristoteles" :" [...] Aussi Aristote au Livre III De Anima démontre-t-il (chap. 4) à partir du connaître lui-même la nature de l'intellect possible, comment il est sans mélange et incorruptible, ce que nous avons démontré antérieurement (liv. II, chapitres LIX et suivants)."  Aristote, De l'âme, liv. III, chap. 4 (l'intellect possible) : Id., chap. 5 (l'intellect agent) :" [...] Et, en fait, on y distingue, d'une part l'intellect qui est analogue à la matière, par le fait qu'il devient tous les intelligibles, et, d'autre part, l'intellect [qui est analogue à la cause efficiente], parce qu'il les produit tous, attendu qu'il est une sorte d'état analogue à la lumière : car en un certain sens, la lumière, elle aussi convertit les couleurs en puissance, en couleurs en acte. Et c'est cet intellect qui est séparé, impassible et sans mélange, étant par essence un acte; car toujours l'agent est d'une dignité supérieure au patient, et le principe à la matière. [...] C'est une fois séparé qu'il n'est plus ce qu'il est essentiellement, et cela seul est immortel et éternel." Plotin (v. 205-270), Ennéades, IV, 7 : De l'immortalité de l'âme : "Diront-ils que les pensées se rapportent à des formes qui sont en la matière ? Du moins ces pensées naissent, en faisant abstraction des corps, et c'est l'intelligence qui opère l'abstraction. Car ce n'est pas avec son corps ni en général avec la matière qu'elle opère l'abstraction du cercle, du triangle, de la ligne et des points. Il faut alors que l'âme elle-même se sépare du corps. Il faut donc qu'elle ne soit pas un corps. Le beau aussi, je pense, et le juste sont inétendus. Or il y a pensée de l'un et de l'autre. Donc s'ils viennent à l'âme, elle les accueille avec ce qu'elle a d'indivisible, et ils se logent dans l'indivisible qu'elle a en elle." S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ire Partie, 85, a. 6 (cf. Aristote, De l'Ame, liv. III, cc. 6 et 10) :" L'intelligence - quand elle a pour objet une réalité simple ou un principe - est toujours juste. " Id., I, q. 85, a. 7, sol. 2, et q. 16, a. 1 : " La vérité de l'intelligence consiste en ce qu'elle connaît le réel tel qu'il est. " Id., I, q. 85, a. 7, cependant : Id., I, q. 16, a. 2, conclusion :" Le vrai, quant à sa notion immédiate et première, est dans l'intelligence. Comme d'autre part toute chose est vraie selon qu'elle revêt la forme qui lui est propre et qui répond à sa nature, il y a nécessité que l'intellect [ou l'intelligence], faculté de connaître, soit vraie en raison d'une représentation fidèle de la chose connue, représentation qui est la forme propre en tant que pouvoir connaissant. Pour ce motif, la vérité se définit par la conformité de l'intellect avec les choses, et il en résulte que connaître une telle conformité c'est connaître la vérité. Or cette conformité, les sens [par eux-mêmes] ne la connaissent en aucune manière; car bien que l'œil, par exemple, ait en lui l'image de l'objet visible, il ne saisit point [en tant qu'œil] le rapport qu'il y a entre la chose vue et ce qu'il s'en présente [car l'œil ne fait que voir]. Au contraire, l'intellect a le pouvoir de connaître sa propre conformité [car il est conscient] avec l'objet intelligible [qui lui est propre]; mais il ne conçoit pas cette conformité par celui de ses actes qui appréhende [directement] telle ou telle chose; c'est quand il porte un jugement sur ce qui est, attribuant à la chose une forme d'existence semblable à la forme de connaissance qu'il en a extraite, c'est alors seulement qu'il connaît et qu'il dit vrai. Or il fait cela en composant et divisant; car en toute proposition où un jugement s'exprime, l'esprit attribue une certaine façon d'être, signifiée par le prédicat [ou l'attribut], à une certaine chose signifiée par le sujet, ou bien il l'en écarte. Et ainsi, il se trouve sans doute que le sens est vrai à l'égard de telle ou telle chose, et aussi l'intellect qui appréhende les natures; mais ni l'un ni l'autre ne connaît ni ne dit la vérité. Et il en va de même des paroles, suivant qu'elles sont complexes ou incomplexes [jugements ou simples conceptions]. On voit par là que la vérité peut se trouver dans le sens ou dans l'intellect qui conçoit l'essence des choses comme elle se trouve dans un objet vrai; mais non comme le connu est dans le sujet connaissant, ce que suppose cependant ce mot : le vrai. Car la perfection de l'intellect c'est le vrai connu, en tant qu'il est connu. En conséquence, à parler en toute propriété de termes, la vérité est dans l'intellect qui compose et divise, et pas davantage dans l'intelligence qui élabore de simples concepts. " Par là s'éclairent facilement tous les doutes. "Id., a. 3, conclusion :. Or dans la mesure où une chose participe de l'être, dans cette mesure, elle est connaissable, et c'est ce qui fait dire à Aristote que l'âme est en quelque manière toutes choses selon le sens et l'intellect. Pour ce motif, de même que le bien est identique à l'être, ainsi le vrai. Toutefois, comme le bien ajoute à l'être la notion d'appétibilité, le vrai ajoute à l'être un rapport à l'intellect. " Id., a. 1, conclusion :" On appelle bien ce à quoi tend l'appétit : ainsi l'on appelle vrai ce vers quoi tend l'intelligence. Mais il y a cette différence entre l'appétition et l'intellection ou tout autre mode de connaissance, que la connaissance se réalise par l'introduction du connu dans le sujet connaissant, et l'appétition au contraire suppose que le sujet s'incline et se porte vers la chose désirée. Il s'ensuit que le terme du mouvement de l'appétit, qui est le bien, se trouve dans la chose désirable; mais le terme de la connaissance, qui est le vrai, a son siège dans l'intellect." Toutefois, de même que le bien est dans la chose, mais en raison du rapport de cette chose avec l'appétit, de telle sorte que la qualification de bien dérive de la chose appétible à l'appétit lui-même, ce qui fait appeler bon un appétit du bien : ainsi, le vrai étant dans l'intellect selon que l'intellect s'adapte à la chose, il y a nécessité que le caractère du vrai dérive de l'intellect à la chose, et que la chose elle-même soit dite vraie en tant qu'elle se rapporte en quelque manière à l'intelligence." Mais la chose objet de l'intellect [ou de l'intelligence] peut se rapporter à l'intellect soit essentiellement, soit à titre accidentel. Elle se rapporte essentiellement à l'intellect dont dépend son être; elle se rapporte accidentellement à l'intellect qui trouve en elle du connaissable. Comme si nous disions que la maison a un rapport essentiel à l'intellect de son architecte, et un rapport accidentel aux intelligences dont elle ne dépend point. Or, une chose ne se juge pas en considération de ses caractères accidentels, mais en raison de ses caractères essentiels. On dira donc une chose vraie, absolument parlant, par comparaison avec l'intellect dont elle dépend. De là vient que les productions de l'art sont dites vraies par rapport à notre intellect, ainsi par exemple une maison a sa vérité quand elle revêt la forme d'art qui a été conçue par son architecte; une parole est vraie quand elle manifeste une pensée vraie. De même, les choses naturelles se voient attribuer leur vérité selon qu'on les juge conformes aux conceptions de l'intelligence divine; on appelle une vraie pierre, celle qui a la nature propre à une pierre, telle que l'a préconçue l'intellect de Dieu [ou, pour être plus exact, telle que l'intellect de Dieu la conçoit dans Son présent éternel]. Ainsi donc, la vérité est principalement dans l'intellect; elle est à titre secondaire dans les choses, selon que les choses sont en rapport avec l'intellect comme avec leur principe." C'est à ces causes qu'on a pu donner de la vérité des définitions diverses. Saint Augustin, dans son traité de la Vraie Religion la définit ainsi : ' La vérité est la manifestation de ce qui est. ' Saint Hilaire dit de son côté : ' Le vrai est la déclaration ou la manifestation de l'être. ' : double définition se rapportant à la vérité dans l'intelligence. Touchant la vérité des choses rapportées à l'intelligence, on peut citer cette autre définition de saint Augustin : ' La vérité est la parfaite similitude de chaque chose avec son principe, sans nulle dissemblance ', et celle-ci de saint Anselme : ' La vérité est une rectitude constatée par l'esprit '; car cela est droit ou correct qui concorde avec son principe. On cite encore cette définition d'Avicenne : ' La vérité de chaque chose consiste dans la propriété de son être tel qu'il lui a été attribué. ' Quant à ce qu'on dit, que la vérité est une égalité entre le réel et l'intelligence, c'est la définition qui peut se rapporter aux deux cas. "Id., solution 3 :" Il est certain que la vérité de notre intelligence est causée par les choses; mais il ne s'ensuit pas que la notion de vérité se réalise d'abord dans les choses, pas plus que la santé n'est dans la potion avant d'être dans le vivant. [...] De même c'est l'être des choses et non leur vérité, qui cause la vérité dans l'intelligence [l'être étant l'objet formel de l'intelligence]. Aussi Aristote dit-il qu'une opinion ou une parole est vraie en raison de ce que la chose est, et non parce que la chose est vraie." Id., sol. 2 : " Les anciens philosophes [antiqui philosophi] n'attribuaient pas comme nous à une intelligence première les essences des choses naturelles; ils y voyaient un effet du hasard [comme les " savants " de l'an 2000 qui n'ont guère " évolué " ou progressé depuis ces anciens philosophes - " rien de nouveau sous le soleil ", Ecclésiaste, I, 9 ], et comme d'autre part ils se rendaient compte du rapport qu'il y a entre le vrai et l'intelligence [nos " savant " s'en rendent-ils seulement compte aujourd'hui ?], ils se voyaient forcés de concevoir la vérité des choses par rapport à notre intelligence; d'où toutes sortes d'inconvénients que dénonce Aristote [qui, sur un point essentiel, voyait déjà plus clair que nos " savants " actuels, qui ne se voient forcés en rien, ne sachant pas si la vérité des choses existe ou s'en moquant éperdument "]. "  Chanoine Henri Collin, Docteur en philosophie et en théologie, Manuel de philosophie thomiste, ¨II, Psychologie, chap. IX, La connaissance intellectuelle, I. - Pensée et intelligence, Art. II. - L'intelligence, Librairie P. Téqui, Paris, 1949, page 234 :" 279 - NOTION" 1° D'après l'objet : L'intelligence est la faculté par laquelle nous connaissons ce que sont les choses, les types d'être réalisés en elles, et les rapports abstraits et universels qui les unissent. Comme son étymologie l'indique, ' intus-legere ' ou ' inter-legere ', elle est à la fois la faculté qui lit à l'intérieur, perçoit l'invisible et pénètre jusqu'à l'essence, en même temps qu'elle ' discerne entre ' les faits, les relations nécessaires ou constantes, qui seules méritent d'être retenues. "  Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ire Partie, q. 87, a. 3, sol. 1 (cf. ibid., Contra Gentiles, liv. I, chap. 22) : " L'objet de l'intelligence est un universel, à savoir : l'être et le vrai. " Ibid., Id., I, q. 79, a. 2, et cf. 78, a. 1 : " L'opération intellectuelle a pour objet l'être universel. " Marcel de Corte, " Le Temple écroulé " (II), revue Itinéraires, n° 165, p. 230-231) : " L'homme et le monde sont entrés dans une ère de mouvement perpétuel inconnu des âges précédents. Le devenir est désormais l'ersatz de l'être et le progrès le substitut de la vie éternelle. L'intelligence n'a plus à se conformer aux choses. C'est aux choses, qu'elle crée [produit] continuellement, à se conformer à ses injonctions. La notion de vérité se trouve de la sorte complètement invertie [et pervertie]. Et comme l'intelligence change sans cesse en fonction du monde artificiel qu'elle crée [produit] et qui la laisse continuellement insatisfaite, le principe de contradiction s'évapore : ce qui était vrai hier, du point de vue de cette intelligence pervertie, ne l'est plus aujourd'hui, son point de vue ayant changé, et ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera plus demain ." L'être de la pensée humaine ou de la pensée " intellective " (l'intellect possible et l'intellect agent) et l'être individué qui est le sien ne dépendent pas du corps. (Cf. S. Thomas d'Aquin, Question disputée sur l'âme, article III, chap. I, 429a20-429b5, et chap. IV, 430a10-25 .) Aristote, De l'Ame, II, 1, 412b5 : " L'âme (la pensée) est l'entéléchie première[l'acte premier ou la perfection première] d'un corps naturel organisé. " L'âme (la pensée) est l'acte premier d'un corps en puissance de vie. (Cf. S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. II, chap. 61 ; Aristote, De l'Ame, liv. II, chap. I, 412a 25-412b.) " La tabula rasa (la table rase) d'Aristote est l'analogue, au niveau de la pensée, de la matière première au niveau du mouvement physique. " (M.-D. Philippe, De l'être à Dieu, ouv. cité plus haut, p. 472, note 12.) Mais, la pensée par rapport à l’âme elle préexiste, parce que l’élément potentiel existe avant l’acte. Il faut que la chose soit pensée par ce que la puissance précède l’acte dans l’ordre de la production et de notre univers créé. La pensée précède la conscience, c’est pourquoi l’on dit que l’homme prend conscience qu’il pense en proportion de ce qui est spirituel et moral. Cette proportion appartient à un seul et même corps. C’est d’ailleurs ce que soutient l’apôtre saint Paul dans sa première épître aux Corinthiens, au verset 46 du chapitre 15, écrivant : « Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est animal ; ce qui est spirituel vient ensuite » (cf. également les versets 9 et 10 du chapitre 13 où saint Paul précise que « quand sera venu ce qui est parfait, ce qui est imparfait disparaîtra. » Mais si nous nous plaçons du point de vue de l’ordre réel des choses et de la causalité finale, ou du point de vue de la pensée en tant que Cause première et Acte pur, ce qui amène une chose de la puissance ne pouvant être qu’un être en acte, nous devons logiquement en conclure « que ce qui parfait l’imparfait, c’est un être parfait » [« quod perficit imperfectum, perfectum est » - S. Thomas d’Aquin, Des Principes de la nature, Interdépendance des quatre causes, chap. IV, § 20). Mille objections ne font pas un doute.     Voilà tu vois que je peux aussi me positionner avec des citations. Cordialement OULALA ….j’ai l’impression d’avoir à faire à mes élèves…..COOL…..Je ne veux pas d’imposer un complexe d’infériorité. Tu vois je suis un homme simple et je ne suis pas non plus une lumière. Je suis un moins que rien devant mon créateur. Je trouve un air de racisme  Tout être est reçu dans un autre selon le mode de ce dernier " (1). Or la pensée intellectuelle ou son intellect possible (2), grâce à la lumière de l'intellect agent (3), principe actif, connaît la réalité sous un mode absolu ou universel, c'est-à-dire sous une forme simple, ou sous une forme dégagée de la matière, celle-ci ne recevant que des formes individuelles (4). Par son intellect agent, elle abstrait l'universel du particulier, ou l'espèce intelligible de l'image (5). Cela d'ailleurs rend compte de l'existence de la science, car il n'y a de science que de l'universel, étant donné le caractère universel de l'objet de toute science. En effet, si la pensée humaine ne connaissait que le singulier, aucune science ne serait possible. La pensée humaine est donc une forme absolue. Pensée intellectuelle, elle est une substance individuelle, incorporelle et subsistante, et par conséquent incorruptible par nature (6). Son intellection consiste à connaître la nature de l'espèce et du genre sans connaître les principes " individuants " (7). Elle possède une activité qui lui est propre et à laquelle le corps n'a point part, le corps ne se conformant qu'à son activité immatérielle (8). la pensée humaine, une fois le corps détruit (10), continue d'exister. Pour bien comprendre ce raisonnement, il convient absolument de distinguer l'intelligence du sens et la puissance de l'acte, distinctions qui échappaient aux anciens Naturalistes ou Physiciens (11) et aux anciens ou premiers philosophes (12), incapables de penser au-delà des images (13), qui s'identifiaient à leur corps et à leur mental ou leur ego. " Il n'est pas raisonnable d'admettre que l'intellect soit mêlé au corps ", dit Aristote (14), le maître de ceux qui savent (15).   1) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 5, et q. 84, a. 1, concl..2) Cf. Aristote, De l'âme, ouv. cité plus haut, liv. III, chap. 4.3) Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 84, a. 6, sol. 1, et dif. 3, sol. 3 ; Aristote, De l'âme, liv. III, chap. 5, 430 a 15 (chapitre d'une importance capitale).4) Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 5, concl. et sol. 1, q. 84, a. 1, concl.5) Cf. id. I, q. 85, a. 1, sol. 1.6) Cf. id. I, q. 75, a. 6, concl. Contra Gentiles, liv. II, chap. 86, § 4 : " Nulle vertu active n'agit au-delà de son genre. Or la pensée " intellective " dépasse tout le genre des corps, puisqu'elle a une opération transcendante à tous les corps (" operationem supra omnia corpora elevatam "), à savoir l'intellection. Nulle vertu corporelle ne peut donc produire la pensée " intellective ". Or toute action de la vertu séminale se fait par quelque vertu corporelle. [...] La pensée " intellective " ne peut donc recevoir l'existence par la vertu qui se trouve dans la semence. " Id., chap. 49, § 4 : " Rien n'agit que selon espèce, puisque la forme est en toute chose le principe de l'action. Si donc l'intellect était un corps, son action ne dépasserait pas l'ordre corporel. Il ne comprendrait par suite que les corps. Or ceci est manifestement faux : nous comprenons, en effet, beaucoup de choses qui ne sont pas des corps. L'intellect n'est donc pas un corps. " 7) Cf. S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. II, chap. 75.8) Cette affirmation ne peut que heurter les personnes qui vivent de la pensée matérialiste d'un monde fermé à la métaphysique de l'être et à toute intériorité, mais elle n'offre en réalité aucune difficulté une fois que l'on a bien saisi le rôle spécifique et déterminant de la cause finale au niveau de l'être, et également la nature de la personne humaine avec son moi profond ou son Soi. En vérité, rien ne s'obtient sans effort et sans persévérance.10) Id. I, q. 75, a. 6, concl.11) " [...] antiqui Naturales " : S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 1, sol. 2, et q. 84, a. 2, concl.12) " [...] antiqui " ou " primi philosophi " : S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, aa. 1 et 3, concl., et q. 84, aa. 1 et 2.13) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 75, a. 1, concl. : "  [...] imaginationem transcendere non valentes ".14) Aristote, De l'Ame, liv. III, chap. 4, 429 25 a.15) Dante (1265-1321), La Divine Comédie, Traduction, Introduction et Notes de Alexandre Masseron, éd. Albin Michel, Paris, 1950, L'Enfer, chant quatrième, Premier cycle : le Limbe, vers 130 : " Ayant regardé un peu plus haut, je vis le maître de ceux qui savent, assis parmi la famille des philosophes. " L'intellect agent, qui est une certaine vertu de la pensée humaine inhérente à une forme incorporelle, est le principe propre de l'action qui consiste à abstraire les espèces intelligibles ou les formes universelles des images préparées par les facultés de la cogitative et de la mémoire, c'est-à-dire par l'intellect passif qui possède un organe corporel et qui atteint, distingue et compare les choses ou données particulières ; et l'intellect possible, qui est non mêlé au corps, est quelque chose de la pensée qui reçoit ces formes ou espèces intelligibles - opération qui s'accomplit avec une certaine passion ou un certain pâtir - et qui les comprend et conserve pour toujours. (Cf. S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. II, cc. LX, LXXVI et LXXVII ; S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 78, a. 4, sol. 5, et q. 79, aa. 2, 3 et 4.) S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, q. 88, a. 1 (cf. Aristote, De l'Ame, III, 5, et aussi S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, q. 78, a. 1) : " D'après Aristote, l'intellect possible est un principe qui permet de devenir toutes choses. " Le sens est au sensible ce que l'intellect (possible) est à l'intelligible (idée ou concept), comme ce qui est en puissance (non réalisé) par rapport à ce qui est en acte. Cependant, tout en étant semblable au sens, l'intellect en diffère fondamentalement sur deux points. En effet, le sens peut être détruit par un excès de sensibles, ainsi la vue par un excès de lumière, alors que l'intellect ne peut l'être par un excès d'intelligibles - bien au contraire, c'est en approfondissant continuellement ses connaissances qu'un homme fortifie son intelligence, et c'est même ainsi qu'il se rend érudit ou devient savant et consécutivement plus éclairé ou avisé. D'autre part, le sens ne peut pas tout connaître, ainsi la vue ne connaît seulement que les couleurs, l'ouïe, que les sons, le goût, que la saveur, et ainsi de suite, alors que l'intellect, au contraire, est capable de tout connaître, car il a l'être pris dans toute son universalité pour objet formel; et de même que pour tout connaître, l'intellect doit être sans mélange, de même s'il y avait une couleur à l'intérieur de la pupille, la vision réelle d'autres couleurs serait faussée par la superposition de cette couleur, ainsi l'homme qui souffre de jaunisse voit tout jaune autour de lui. Et puisque cette partie de la pensée qu'on appelle intellect possible (" quelque chose de la pensée " : aliquid animæ) ne contient rien en acte avant de penser, n'étant que le lieu ou le réceptacle des Idées en puissance, il n'est pas raisonnable de soutenir qu'elle est mélangée au corps parce qu'elle ne possède aucune qualité inhérente à la matière (aucune qualité sensible), ne devenant en acte ce qu'elle pense qu'au moment où elle pense, comme le sens ne devient en acte qu'au moment où la pensée sent, la pensée s’exerce que grâce à la lumière de l'intellect agent ou actif, constitutif formel du Moi profond qui emprunte sa lumière à la Source de toute lumière (1) et n'est absolument pas l'acte d'un organe corporel. La pensée intellective est à la fois immanente et transcendante au corps, immanente au corps en tant que partie de la pensée et transcendante au corps en tant que ne tenant pas son être de sa combinaison avec la matière mais en tant que le tenant uniquement d'un principe extrinsèque. C'est ce que soutient Aristote, écrivant : " Reste donc que l'intellect seul vienne du dehors et que seul il soit divin  : car rien dans son opération ne communique avec l'opération corporelle " (2).1) S. Jean, I : 1, 4, 9, 14 18 : " Au commencement était le Verbe(acte d’être, effet de la pensée), et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. [...] En lui était la vie(la pensée), et la vie(la pensée) était la lumière des hommes. [...] Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. [...] Et le Verbe (acte d’être de la substance par l’effet du verbe) s'est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. [...] Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui l'a fait connaître. " - Ire Épître de S. Jean, 1 : 5 : " Dieu est Lumière, en Lui point de ténèbres. " - Épître de S. Jacques, 1 : 16 : " Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés : tout don excellent et tout cadeau parfait viennent d'en-haut, du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement, ni ombre de variation. " S. Thomas d'Aquin, Contra Gentiles, liv. IIIe, chap. XLVI, "Sed nec Aristoteles" :" [...] Aussi Aristote au Livre III De Anima démontre-t-il (chap. 4) à partir du connaître lui-même la nature de l'intellect possible, comment il est sans mélange et incorruptible, ce que nous avons démontré antérieurement (liv. II, chapitres LIX et suivants)."  Aristote, De l'âme, liv. III, chap. 4 (l'intellect possible) : Id., chap. 5 (l'intellect agent) :" [...] Et, en fait, on y distingue, d'une part l'intellect qui est analogue à la matière, par le fait qu'il devient tous les intelligibles, et, d'autre part, l'intellect [qui est analogue à la cause efficiente], parce qu'il les produit tous, attendu qu'il est une sorte d'état analogue à la lumière : car en un certain sens, la lumière, elle aussi convertit les couleurs en puissance, en couleurs en acte. Et c'est cet intellect qui est séparé, impassible et sans mélange, étant par essence un acte; car toujours l'agent est d'une dignité supérieure au patient, et le principe à la matière. [...] C'est une fois séparé qu'il n'est plus ce qu'il est essentiellement, et cela seul est immortel et éternel." Plotin (v. 205-270), Ennéades, IV, 7 : De l'immortalité de l'âme : "Diront-ils que les pensées se rapportent à des formes qui sont en la matière ? Du moins ces pensées naissent, en faisant abstraction des corps, et c'est l'intelligence qui opère l'abstraction. Car ce n'est pas avec son corps ni en général avec la matière qu'elle opère l'abstraction du cercle, du triangle, de la ligne et des points. Il faut alors que l'âme elle-même se sépare du corps. Il faut donc qu'elle ne soit pas un corps. Le beau aussi, je pense, et le juste sont inétendus. Or il y a pensée de l'un et de l'autre. Donc s'ils viennent à l'âme, elle les accueille avec ce qu'elle a d'indivisible, et ils se logent dans l'indivisible qu'elle a en elle." S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ire Partie, 85, a. 6 (cf. Aristote, De l'Ame, liv. III, cc. 6 et 10) :" L'intelligence - quand elle a pour objet une réalité simple ou un principe - est toujours juste. " Id., I, q. 85, a. 7, sol. 2, et q. 16, a. 1 : " La vérité de l'intelligence consiste en ce qu'elle connaît le réel tel qu'il est. " Id., I, q. 85, a. 7, cependant : Id., I, q. 16, a. 2, conclusion :" Le vrai, quant à sa notion immédiate et première, est dans l'intelligence. Comme d'autre part toute chose est vraie selon qu'elle revêt la forme qui lui est propre et qui répond à sa nature, il y a nécessité que l'intellect [ou l'intelligence], faculté de connaître, soit vraie en raison d'une représentation fidèle de la chose connue, représentation qui est la forme propre en tant que pouvoir connaissant. Pour ce motif, la vérité se définit par la conformité de l'intellect avec les choses, et il en résulte que connaître une telle conformité c'est connaître la vérité. Or cette conformité, les sens [par eux-mêmes] ne la connaissent en aucune manière; car bien que l'œil, par exemple, ait en lui l'image de l'objet visible, il ne saisit point [en tant qu'œil] le rapport qu'il y a entre la chose vue et ce qu'il s'en présente [car l'œil ne fait que voir]. Au contraire, l'intellect a le pouvoir de connaître sa propre conformité [car il est conscient] avec l'objet intelligible [qui lui est propre]; mais il ne conçoit pas cette conformité par celui de ses actes qui appréhende [directement] telle ou telle chose; c'est quand il porte un jugement sur ce qui est, attribuant à la chose une forme d'existence semblable à la forme de connaissance qu'il en a extraite, c'est alors seulement qu'il connaît et qu'il dit vrai. Or il fait cela en composant et divisant; car en toute proposition où un jugement s'exprime, l'esprit attribue une certaine façon d'être, signifiée par le prédicat [ou l'attribut], à une certaine chose signifiée par le sujet, ou bien il l'en écarte. Et ainsi, il se trouve sans doute que le sens est vrai à l'égard de telle ou telle chose, et aussi l'intellect qui appréhende les natures; mais ni l'un ni l'autre ne connaît ni ne dit la vérité. Et il en va de même des paroles, suivant qu'elles sont complexes ou incomplexes [jugements ou simples conceptions]. On voit par là que la vérité peut se trouver dans le sens ou dans l'intellect qui conçoit l'essence des choses comme elle se trouve dans un objet vrai; mais non comme le connu est dans le sujet connaissant, ce que suppose cependant ce mot : le vrai. Car la perfection de l'intellect c'est le vrai connu, en tant qu'il est connu. En conséquence, à parler en toute propriété de termes, la vérité est dans l'intellect qui compose et divise, et pas davantage dans l'intelligence qui élabore de simples concepts. " Par là s'éclairent facilement tous les doutes. "Id., a. 3, conclusion :. Or dans la mesure où une chose participe de l'être, dans cette mesure, elle est connaissable, et c'est ce qui fait dire à Aristote que l'âme est en quelque manière toutes choses selon le sens et l'intellect. Pour ce motif, de même que le bien est identique à l'être, ainsi le vrai. Toutefois, comme le bien ajoute à l'être la notion d'appétibilité, le vrai ajoute à l'être un rapport à l'intellect. " Id., a. 1, conclusion :" On appelle bien ce à quoi tend l'appétit : ainsi l'on appelle vrai ce vers quoi tend l'intelligence. Mais il y a cette différence entre l'appétition et l'intellection ou tout autre mode de connaissance, que la connaissance se réalise par l'introduction du connu dans le sujet connaissant, et l'appétition au contraire suppose que le sujet s'incline et se porte vers la chose désirée. Il s'ensuit que le terme du mouvement de l'appétit, qui est le bien, se trouve dans la chose désirable; mais le terme de la connaissance, qui est le vrai, a son siège dans l'intellect." Toutefois, de m
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M
Merci de votre réponse et de votre sincérité,nous y sommes dans votre dernière phrase : " Pour la différence entre l’homme et la saisie de la pensée c'est trop vague pour savoir que répondre :) " donc vous y êtes au pied du mur...!...!....en toutes amitiés
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L
Tout simplement l'homme n'est pas sujet de liberté et un objet de connaissance bien épuisé. Ce n'est pas l"homme qui pense, mais certaines personnes qui sont agit par la pensée, qui orientent leur action à travers elle et non qui se laisse conditionné par la survie. Cela te gêne-t-il que l'on cherche des cadres pour les dépasser, pour se régénerer autrement, toi qui t'impose avec tant de granndeur et de magnétisme. La manière française de penser te gêne-t-elle, celle qui remonte à Montaigne (dont l'oeuvre n'existerait pas sans la Boétie) et à Pascal.Mais je ne sais pas pourquoi tu cherches à mettre les gens face à un peloton d'éxécution. L'est où le pied du mur, j'ai peut-être pris la porte en suivant mon aiguille, Magnétique. Et tout cas ce qui compte ce n'est jamais les problèmes que posent un opportun, toujours de l'ordre d'un discours sans adéquétion, c'est davantage l . Bref comme tu es trop resplendissant par toi-même, mes propos ne t'interpellent guère. Mais je ne vois pas l'intérêt de ton intervention, parce qu'il est où le pied du mur, il est où "l'homme" dont tu parles, comment faire un lien alors avec la pensée qui nous animent, moi et quelques uns ? Merci d'éventer des pieds cher Magnétique :)
M
C'est au pied du mur que l'on voit le maçon, alors soyez courageux. C'est dans l'action que vous saisirez votre propre java script à la source! Ne soyez pas comme un moteur de recherche d'ordinateur qui cherche un lien avec un nuage en ayant à la source comme java script que Spinoza, Kant, Bouzieux, Nietzche,Deleuze etc...... ! Sinon vous ne verrez que la même page !
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M
Pour avoir un bon avenir ce n’est pas en vous positionnant sur ce qu’a dit Spinoza, Kant,  ou comme l’a montré Badiou, ou encore Bouzieux a dit… !.. et Albert Jacquard nous rappelle que ! et puis je ressens entre Nietzche et … ! alors que pour Foucault l’essentiel est… ! et que….et que….Deleuze ramène. Donc , c’est comme cela que vous pensez l’avenir ?<br />  <br /> <br /> Messieurs c’est au pied du mur que l’on voit le maçon, je vous propose de passer à l’action et vous verrez qu’il y a une grande différence entre l’homme et la saisie de la pensée, c’est comme un moteur de recherche d’ordinateur qui cherche à faire un lien avec un nuage !
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L
Ce n'est pas un question d'avenir ou de passé (les pensée passées) dont il est question, mais de retenir ce qu'il y a eu de de contrebalancer le tout avec son pire adversaire (Badiou, Kant ou Heidegger), de voir ce qui passe au travers. <br /> Une pensée s'alimente. J'assume de prendre à droite à gauche, de recouper le tout car la philosophie comme la poésie s'appuie sur la sagacité. Faire émerger ce qui est présent de manière trop imperceptible pour tout un chacun, s'appuyer sur la nuance. C'est en cela que la pensée à un devenir et non un avenir. Telle est la révolution discrète qui bien souvent est un devenir dans la pensée. Sur la question de l'avenir et l'histoire on y reviendra certainement dans un autre post : "L'histoire [ou l'avenir] n'est  faite que par ceux qui s'opposent à l'histoire [ou à l'avenir" - et non par ceux qui s'y insèrent, ou même qui la remanient ". Nous soulevons simplement les devenirs intempestifs ou subversifs qu'il y a dans toute philosophie car en elle il y a une pensée qui n'a rien à voir avec la métaphysique (philosophie qui n'est pas adéquate avec les processus du travail et de la vie et qui donc surcode la réalité par un ailleurs, par un réel que l'on a appelé le monde intelligible ou la sphère des idées).<br /> Donc au pied du mur on y est déjà :) et pourtant je ne tend pas le doigt vers la lune :) Cela s'appelle simplement de la rigueur de pensée, de l'humilité face à la tâche à accomplir, parce que précisément nous avons abandonné tout formalisme, donc on ne reconnaît pas le pied du mur.<br /> Pour la différence entre l’homme et la saisie de la pensée c'est trop vague pour savoir que répondre :)
J
Il est temps en effet de sortir du structuralisme imposé par la linguistique et des répercussions qu'elle opère sur la pensée alors réduite à une émanation empirique de l'esprit dont l'expression est concrètement finie mais infiniment pauvre de "sens". Echapper à une conceptualisation systématique de la pensée a travers le prisme de la philosophie et de son enveloppe philologique revient à transcender l'experience individuelle des mots constituant la pensée tout en lui attachant un sens "sensitif" et non conceptuel car la conceptualisation est encore tributaire d'une interprétation subjective de celui ou celle qui entend être réceptif à la "pensée" philosophique. S'extraire des eaux stagnantes de la pensée qui ne font que réfléchir les pales lueurs émises par les titanics autoproclamés de la fuite intestinale discursive est un pas vers l'autonomie de la pensée. Alain Leveque n'avait pas peur de dire : "Nous nous vrombissons dans un éthylomètre irréductiblement aléatoire, dans un monde où la chrysalide et les saucisses plates font figure d'archetypes fantasmatiques, où l'irréversibilité et l'indétermination du système lymbique sont la couveuse." Quant à Albert Jacquard, il nous rappelle dans son précieux ouvrage "Pas ce soir j'ai la migraine" que "l’individu n’est qu’une pierre et l’humanité une pastèque". L'avènement d'un pensée brute extraite de sa coquille empririque constitue bel et bien une révolution digne de l'introduction de l'omelette norvégienne dans la gastronomie togolaise. Comment alors concilier relativisme et raison, pensée et experience ? Comment soustraire la pensée au déterminisme sans lui octroyer une dimension spinoziste aussi impalpable qu'une vieille courge putréfiée qu'on aurait oubliée au fond d'un frigo ? Tous ces questions complexes permettent de mieux appréhender les enjeux liés au dépassement d'une certaine dimension cartesienne de la pensée et conduisent vers une évolution logarythmique de la philosophie, harmonieuse malgré ses dissonances, transgressant les codes de l'expression conceptuelle nécessairement déterministe et finie, comme peut l'être une figure fractale dans sa dimension géométrique. Ainsi, l'harmonie est au chaos ce que le chou de Bruxelle est au potager, un élément non dissociable de ce dernier car même l'experimentation est élaborée par un raisonnement inductif fini et concret. Aussi je terminerai par cette formidable citation de Yannick Bouzieux tirée de son recueil "Crépuscule de la pensée" ou il déclare (non sans une certaine fierté) "Le dépassement de l'homme commence avec l'escalier en colimaçon". A méditer !
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B
je voudrais signaler quelles sont les conséquences que visent ce type d'argumentation, en effet si la pensée doit, à l'inverse de la philosophie, porter sur des émulations diverse et une pensée qui pousse des ouverture de pensée à des collctivités, ce que j'entends lorsque vous dites "importance", que se passe-t-il pour la pensée? Je veux dire en quoi se transforme-t-elle? Ce n'est qu'évoqué ici, mais en fait cela me semble primordial pour nous de s'intéresser à quoi cette pensée ressemblera, plutot que de se conforter dans une nouvelle distinction.<br />  <br /> <br /> travaillant sur le philosophe artiste, et débutant mon doctorat sur "la monstration" de la philosophie (en clair, son pouvoir d'être entendu des autres), mon avis sur ce sujet est déjà fait : c'est que la pensée comme vous le dites relève juste d'un apport artiste à la philosophie. En ce sens qu'elle ne s'arroge plus les totalités signifiantes comme le Tout ou l'Un, mais une diversité, certes humble en terme de savoir mais qui se légitime par la richesse des découvertes qu'elle permet... et surtout à la pluralité de ses modalités d'expression!<br />  <br /> <br /> Puisque pour pointer ce qui est important dans la pensée, la squestion revient, non pas à trouver ce que la philosophie n'a pas étudié, mais à la dire autrement, et là "l'importance" de choses insignifiantes dans la philosophie changera. Enfin, c'est un sujet à venir en effet, et je souhaiterais bien converser avec les auteurs de ce sujet, car je ressens bien des recoupements possibles entre le philosophe-artiste de Nietzsche (créateur de nouvelles valeurs) et cette distinction entre pensée complexe et intuitive. Bien entendu.<br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br />  
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