MOUVEMENT ETUDIANT 2009 / Carnaval des Grévistes lundi 2 mars 2009
Carnaval des Grévistes
Ballade au quartier latin des départements d’arts de Paris 8 Saint-Denis
Il y a quarante ans, en 1968, l’actuelle Université de Paris 8 était fondée sous le nom d’Université expérimentale de Vincennes pour accueillir, au sein des exigences intemporelles et en marge des habitudes vermoulues des lieux de savoir, tous les publics, toutes les idées neuves, tous les désirs d’expérience et de création. Depuis quarante ans y existe une UFR Arts, Philosophie et esthétique où se réunissent des artistes, des théoriciens et des philosophes dont les travaux et les modes d’organisation sont un signe de liberté et une source d’inspiration pour des universités du monde entier.
Pour reprendre l’expression de l’actuel président de la République française dans son discours qui a le plus profondément exprimé son mépris et sa totale ignorance de la recherche française, Vincennes, devenue Paris 8, fait partie de ces lieux où il y a, pour les chercheurs et les esprits créatifs, « de la lumière et de la chaleur ». Cette lumière coûte bien peu d’électricité pour penser et encourager les arts qui illuminent le monde, et cette chaleur compte pour presque rien dans les factures pétrolières et atomiques pour tisser jour après jour une communauté internationale d’esprits unis dans les processus contemporains de la création. Et pourtant les lois commandées par le pouvoir en place et mises en œuvre par des ministres dociles expliquent aujourd’hui, à chaque instant et dans tous les domaines, que ce serait encore trop et réclament un vaste programme de réformes pour enlever à chacun la lumière et la chaleur qu’il trouve d’abord en lui-même et dans toutes les œuvres respectables du présent.
La loi qui opère à l’Université ce travail de destruction s’appelle la loi LRU. Cette destruction menace aujourd’hui non seulement les lieux d’expérimentation et d’innovation qui sont structurellement plus fragiles et qui devraient être en réalité protégés, mais les bases les plus solides et les mieux confirmées de l’édifice universitaire. Des textes législatifs et des décrets rédigés en toute hâte, inspirés par quelques idées simplistes et fausses, imposés avec un ton autoritaire et méprisant, s’ajoutent les uns aux autres pour tout mettre sens dessus dessous.
Depuis trois semaines, les universités, les enseignants-chercheurs, les étudiants, les personnels techniques et administratifs sont en grève active. A Paris 8, l’UFR Arts, Philosophie et Esthétique s’est proclamée dans la période actuelle Commune des savoirs et des désobéissances. Artistes, théoriciens, philosophes, nous revendiquons le droit à autre chose que l’existence concoctée en totale ignorance des choses par le ministère pour sa grande université marchande. Aujourd’hui, nous carnavalisons le quartier latin le temps d’une journée. Inversons leurs valeurs imbéciles ! Refusons leurs autorités arrogantes ! Désobéissons !