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La Philosophie à Paris

PENSEE / Mouvement et combat

Mouvement et combat. — Le combat n’est ni transcendance ni immanence. Il n’a pas lui-même de principe et il n’est pas la cause qui contient son effet. La cause qui contient son effet n’est autre que la cause de soi ou immanence. Le combat ne renvoie ni à un sujet ni à une structure. Il se situe au pire entre des sujets ou des structures. Dès lors, c’est toujours un tiers ou la génération suivante qui profite du combat et accumule de la richesse, mais jamais l’un des deux belligérants qui y dépense son énergie. Le combat affirme l’irrémédiable disjonction de la pensée avec le jugement de l’être comme avec l’innocence du devenir. Le combat marque la rupture avec la pensée philosophique ou classique, qui demeure une pensée morale ou commune qui accumule des connaissances ou des idées. La pensée du combat s’apparente à celle du sage  plus qu’à une pensée de ce qui est commun. C’est sans doute de cette tension entre un goût pour le combat et un goût pour le partage — ou la distribution de ce qui est en commun — que naît la particularité de la civilisation grecque. Les Grecs sont par leur maîtrise de la métallurgie les inventeurs avec les Chinois au viième siècle avant J.-C de la monnaie qui est précisément un bien commun à une cité et non un bien propre à des individus. Le combat s’apparente aussi à la stase. La stase est la division entre des forces qui se maintiennent par une déchirure et qui en quelque sorte s’équilibrent. Ce qui n’est alors ni un jugement ni un devenir, montre sous une autre lumière ce qui apparaît comme équilibre ou repos : le jeu stabilisé des forces. Le combat est ce qui rompt avec l’échange, mais que l’échange a permis de mieux préparer. La pensée du sage est ce qui rompt avec la pensée du commun faite d’identité et de différences, de correspondance et d’oppositions. Pourtant à chaque fois quelque chose d’éclatant s’est noué, entre le combat et l’échange, entre la pensée du sage et celle du commun. C’est l’affaire d’un jeu et d’une quête de repos ou sérénité si d’avance les forces sont stabilisées et non tournées vers l’excès d’une illusion. Il n’y a pas de repos, depuis Galilée et l’avènement de la physique classique. Il y a simplement des accélérations et des ralentissements. Le mouvement est un état dont l’accélération est calculable. Il ne produit aucun effet puisqu’il n’a ni être d’un changement ni devenir. Cette conception du mouvement comme état ou stase rompt avec la métaphysique dans laquelle le coup d’arrêt de la morale antique voulut par deux fois l’engluer : avec les Eléates et avec les Athéniens. Les idéalistes, qui connurent deux époques, l’antique et la moderne, ne sont que ceux qui ont refusé le combat et y ont préféré la ratiocination sans fin, l’atermoiement face à l’action. Les deux idéalismes, innés et acquis pour simplifier, sont nés avec les « idiots » revenant de la guerre, Socrate et Descartes, qui dans leur choix de vie ont renoncé à la guerre et y ont préféré le savoir et la morale. On ne pourra jamais restituer ce qu’était l’Athènes ou l’hellénisme d’avant Socrate, qui avec une certaine ironie en coupa le mouvement incessant. Cette accélération grecque partait d’une vision de l’homme comme terrible. L’homme terrible, celui que l’on retrouve dans l’Antigone de Sophocle, n’est ni l’homme bon des systèmes clos ni l’homme nouveau des systèmes ouverts. Notre époque n’a gardé de l’hellénisme que quelques os et mais en a perdu ce qui en assurait l’équilibre du squelette, le milieu et les forces de chacun de ces Grecs. On laissera ici de côté la tragédie et cette langue grecque si prompte à substantiver les adjectifs, le beau, le vrai, le juste, etc. …. La force de l’hellénisme était dans le combat face à un empire, dans la pensée qui faisait du combat une beauté, dans les vaillants Grecs éduqués au combat, qui savaient en restituer la part belle dans la vie civile : « l’artisan est le héros secret de l’histoire grecque ». On ne sut jamais ce que pensa Socrate, fils d’artisan, de la guerre mais sans doute en tire-t-il là sa fatigue plus que son malin génie. Il n’a jamais couru après la sagesse mais bien après l’homme le plus sage d’Athènes. Socrate amorça le coup d’arrêt de l’accélération de la pensée que fut l’hellénisme, Platon le figea dans un discours philosophique et Aristote n’eut qu’à le constater et même le déplorer sur son lit de mort. Le mouvement et le combat sont indiscutablement liés, le mouvement comme état et le combat comme visée, car toute accélération ira forcément à la rencontre de quelque chose et probablement s’y heurtera. Il y aurait une autre dimension plus encore que le dionysiaque pour expliquer la source d’énergie hellénique et son rapport dénudé au corps, c’est la lumière solaire qui éclaira les myriades de cités grecques toutes « fondées » après des expéditions autour de la mer Egée principalement. Mais nous ne le développons pas ici. Si nous insistons sur le combat, c’est surtout en vue d’affirmer autre chose que le coup d’arrêt fait à l’accélération actuelle et qui serait le retour des pensées héritières et inaptes à enclencher sur le mouvement, la lumière, la musique, l’action, toutes dimensions irréductibles à un discours comme l’idée de vie.

Combat ou « volonté ». —  On peut se dire que les Grecs étaient éduqués au combat et non à la volonté. La volonté est personnelle alors que le combat mène à l’impersonnel. Le combat est l’une des manières de trancher face aux problèmes qui vous arrivent dans les pattes. Le combat participe d’une société de la cruauté et de la violence tout en annulant leurs excès. Les idéalistes voudront supprimer et la discipline et le contrôle alors qu’il faut simplement les contenir : c’est l’affaire d’un combat plus encore que d’une résistance. Mais ce combat génère aussi sa propre cruauté que l’on qualifiera de légitime ou de non-légitime, voire de « terroriste », suivant le parti que l’on prendra. Mais c’est bien en réaction à une certaine violence, à une lâcheté qui ne souhaite pas répondre à la violence et la contenir que sont nés les idéalismes. S’ils se sont transmis et maintenus, on pensera comme avec Kant, Schopenhauer, Nietzsche, Foucault, Deleuze, que le questionnement philosophique vient de la folie et de la déchéance du père. Même Nietzsche était demeuré idéaliste quand il parlait des énigmes de la vie et de la femme, il s’en faisait tant d’idées. Peut-être ici, nous n’y échappons pas, mais les origines du détachement au rythme de la société sont tout autres, ni folie ni mort du père et c’est peut-être là ce qui sauve notre pensée sauvage de se projeter tant dans les idées, de réinvestir l’action à la manière de Nietzsche sous la forme d’une prodigalité et d’une générosité. Bien loin de ça, l’idéalisme cherche à attrister la visée du combat plus encore que les aspects irréductibles du mouvement ou de la lumière. Plus encore les dogmatiques, pour imposer leur non-effondrement, peuvent vous faire quelque croche-patte dans votre dos là où vous manquez de rigueur, alors même que vous êtes en train de courir dans votre activité et que vous n’avez dès lors ni consistance ni appuis. La visée du combat sort de l’abri de la morale — de cette morale qui désigne l’être des choses pour les rendre plus inertes. Inscrire cette visée comme une orientation et un principe, c’est aussi relativiser l’importance des dogmatiques qui ne cherchent avant tout qu’à perpétuer leur mouvement plus qu’à offrir une vision stimulante du monde. Tout pour eux, sauf leurs vérités, doit être corruption, déclin, crépuscule, crise pour imposer d’autant mieux leur volonté d’ordre. Si le combat est cruel, il vise avant tout à ce que la volonté de vengeance ne se retourne pas contre la société. La création, quant à elle, sera l’une des manières non de trancher mais de manipuler ce qui vous arrive dans les pattes pour, quelque part, le sublimer. Créer, ce n’est pas produire un mouvement de rencontre mais un mouvement aberrant dans son coin pour ne heurter que la morale, plus rarement les corps.

Mouvement et « repos ». —  Comprenez que nous sommes, du fait de l’expansion de l’« Univers » ou de sa contraction (c’est selon) et de la rotation de la terre, d’ores et déjà en mouvement. Comprenez que nous sommes d’emblée en mouvement avec la Terre sans parler de  l’Univers. Les mouvements de rotation de la Terre ont subi une accélération désormais nulle. Ce que chacun constate à son échelle individuelle comme des mouvements ou des gestes ne sont que des accélérations par rapport à ces mouvements de la Terre et de l’Univers. Le repos n’est qu’apparent ou relatif à un observateur compris dans le mobile : la Terre par exemple. Le Repos n’est qu’une illusion, une chimère qui prétendait, en tant que genre, nous faire aller au-delà des illusions.  Si à l’époque de la Relativité et de l’ère atomique, le mouvement est indifférent au repos, si le « Mouvement » n’est pas différent du « Repos » contrairement à ce qu’énonce certains par ex. BdLM_131, alors il n’y a pas plus d’être que de non-être.
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