La Philosophie à Paris

OPERATION ET ACTION 2 / Il n'y a pas d'action morale

28 Août 2008, 12:30pm

Publié par Le Cazals

Il n'y a pas d'action morale mais par contre il y a des opérations qui par un geste, invite à produire des actions selon une morale, l'action étant ce qui ne se réduit pas aux opérations d'un système. Pour qu'il y iat une action morale, il faudrait qu'il y ait en nous une partie inférieure (esprit ou hégémonique) qui commande à une partie inférieure, obéissante. La partie supérieure était l'hégémonique chez les Grecs, l'esprit chez les Latins. Or l'esprit ne peut être que de répartie (humour) ou d'époque (esprit de lourdeur, de sérieux, de vengeance). Dans l'action nous nous commandons à nous-mêmes contrairement à tout ce qui est de l'ordre de l'opération : pensez aux batailles et aux opérations militaires, y trouverez-vous dans cette réalité du conflit, une action morale globale ?

Pour prendre un exemple philosophique : la pensée est pour les dogmatique ssous-tendue par une opération de saisie qu'on nomme moralement « Vérité »
. Grand mot pur un grand vide de pensée. Cette opération est le prolongement d'un geste qui est marqué selon les métaphysiciens par un chiffre : Un ou Deux. Chez Deleuze aussi on retrouve le chiffre d'une combinaison que sécrète tout système ouvert de même chez les dogmatiques qui fonctionnent dans un système fermé (ensemble au dedans de la philosophie) ce système fermé sur la Vérité  et la Pensée de la moindre action, en appelle à l'extérieur à l'action morale. C'est, dans le dernier cas, le point de vue du prêtre ou du juge, plutôt que celui de l'avocat ou du créateur : ce moraliste en effet est bien immoral pour en appeler les autres du dedans de son opération à une action morale. Tout système fictionnel a ses vérités, ces éléments authentiques même si l'ensemble qu'on nomme récit reste chimérique :

«
Nos enfants découvrent très tôt que le simple fait de parler les invite à choisir leurs mots pour décrir l'événement. Alors dès qu'il deviennent capables de faire un récit, ils cherchent dans leur mémoire les images et les émotions dont ils feront une représentation verbale. Un récit est forcément chimérique puisqu'on ne peut pas tout mettre en mémoire et que le développement de notre tempérament nous a rendu sensibles à certains objets de préférence. Attention ! « Chimérique » ne veut pas dire « faux », puisque chaque élément est vrai dans un animal qui n'existe pas [la chimère comme Sirène ou Minotaure]. » Boris Cyrulnik, Les vilains petits Canards, p. 181.

Cette « vérité du système » (ouvert pour la clameur et fermé pour la stupeur) est toujours énoncée du dedans d'une institution (d'enseignement ou d'édition). Elle est ce qui cherche à se nouer avec la culture en tant que philosophie. Dans le cas de Deleuze-Guattari, le modèle abstrait subi des bifurcations mais le chiffre et ses sécrétions demeurent. Il n'y ait que Nietzsche, Héraclite, Empédocle qui puissent affirmés une vie hors système faite dans un par
cours de sagesse. C'est pourquoi les Grecs étaient si sensibles à l'éternel retour, au fini-illimité.

Si l'action consiste à « transformer le milieu au mieux de sa survie
» et touche l'individu, on peut se dire que ce qui est collectif ou « dividuel » est de l'ordre de l'opération et que ce qui est commun est un discours (la Pensée du koinon, du commun prôné par Platon et écarté par Héraclite). L'action est alors ce qui permet de ne pas tenir de rôle ou faire figure de membre dans une opération. L'action est davantage le symptôme d'une énergie libérée  de toute opération rentable, laquelle n'est que le résultat d'une intention délibérée comme le veut Aristote.  L'action masque un faire, une activité plus qu'une volonté car l'action est précisément le  « par-delà la volonté », le moment où il n'y a plus de volonté et où l'effort même se trouve sublimé, oublié. Certes les raisonnements dont la conclusion montrait la pertinence d'une action, comme les syllogismes pratiques d'Aristote, dépassent la simple sphère de la contemplation. Pourtant ils ne sont pas mus par la passion mais bien par une opération morale. Chassés, le démonique, le dionysiaque, l'enthousiasme. A trop considérer les choses on en reste aux intentions or toutes les grandes oeuvres ne se sont faites sans quelque enthousiasme et quelque délire. A défaut, on finit par croire qu'avoir en vue, qu'avoir une idée, c'est faire. On compte sur l'esprit, cette courroie de transmission hiérarchique pour que l'opération se fasse. Opération du Saint Esprit, Amen ! Procédure idéale et que sais-je encore... L'intention morale et tous les raisonnements en vue de l'action ne sont que la marque d'une bonne volonté, c'est-à-dire d'une volonté qui veut demeurer dans le bien. Mais les délires effectifs seront tout autres qui par la contagion de joie prendront de l'ampleur.

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E
C'est très intéressant tout ça dîtes donc! Je suis époustouflé !<br /> <br /> Bravo pour votre blog
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