La Philosophie à Paris

102. Préambule sur les signes de l’autonomie (2).

14 Février 2013, 19:51pm

Publié par Anthony Le Cazals

Pour le présent travail nous partons des intuitions issues du livre V de l’Éthique de Spinoza, du livre V de Ainsi parlait Zarathoustra, des fulgurances contenues dans l’Évolution créatrice de Bergson ainsi que de Mille Plateaux de Deleuze et Guattari. Ces fulgurances débordent sur les chapitres qui, à chaque fois, les précèdent. Le plus intéressant sans doute dans ces trois parties est le principe d’incertitude ou, devrait-on dire, d'indétermination de la physique quantique. Il pose la réalité quantique comme ce qui a sa propre loi mais n’obéit pas aux lois de la « matière », de l’inertie politique, c’est-à-dire à la représentation : elle ne rejoint pas les relations constantes édictées par l’esprit. Si l’on voit plus loin, les signes décrivent un point de vue qui, tacite, permet de dire que l’on se comprend : affaire de code. Les signes sont transitoires, comprenez que selon notre parcours en livrées et autres passes successives, nous nous en séparerons. On passe le cap des lois ou relations constantes valables pour tous les corps à l’échelle quantique comme à l’échelle astrophysique. Le registre qui s’ouvre alors, celui du fini-illimité comme dimension éthique comme dimension de la terre. Ce registre tient compte aussi de l’éternel retour de Nietzsche et des expériences faites en éthologie appelées théorie de la hiérarchie chez les rats. Voici pour le cadre de notre travail, apparemment épars pour un sujet, qui, arrêté, n'en saisit plus le mouvement.


Si une autonomie peut être constituée, ce n’est qu’en dépassant la dialectique du sujet libre et les déterminismes structurants, ces derniers produisent comme le remarque Lévi-Strauss une science qui n’a pas de sens ; il le disait à propos de sa propre démarche. À travers la tradition philosophique, il ne s’agit pas d’éveiller les consciences mais d’éduquer les individus à une lente séparation entre l’âme et le corps au travers de l’esprit. C’est là un cap grec, où l’urgence n’est plus de former le prétendant à une place politique dans une cité en pleine décadence mais d’éduquer à la délibération en tenant compte des différentes voies qui nous entourent et peuvent nous assaillir : appelons-les conjectures ou « possibles ». Aux possibles, nul n'est tenu. Par là même nous sortons de la métaphysique. Sous l'effet d'une personnalité, une société franchit parfois un cap et s'affranchit de ses règles de résolution habituelles apportant de nouvelles perspectives. Délibérer dans le cas de la société civile est à la base d’une mise en réseau du savoir et de l’ondulation spontanée des affects et des « sentiments » comme voulait par exemple les percevoir Schiller quand il parlait de l’Europe basée sur un sentiment avant même d’être un concept. La délibération sert surtout à indiquer en commun ce qui a de l'importance. La pensée s’est détachée enfin de ce qu’il y avait de philosophie, de métaphysique, de Dedans qui l’enclavait dans une morale décadente plus que guerrière et la faisait se tourner vers une mysosophie ou une non-philosophie plus que vers une sagesse combattante. À travers la pensée sous ses différents régimes c’est la philosophie en tant que justification du dogme chrétien et du Dieu unique qui est évacuée. Finis les indispensables systèmes de Platon et de Kant qui sont avant tout des impasses pour les époques effervescentes où se joue le lien entre les natures flegmatiques et aristocratiques et les natures plus braillardes et démocratiques selon une double politique rendue possible, à la fois une politique de la contribution et une nétique 816. D’une part, par la Révolution numérique à la manière de l’imprimerie qui permit aussi bien la Renaissance des arts que la Réforme de l’Église en Europe en court-circuitant le monopole biblique des moines copistes ; d’autre part, par la synthèse des différents essais politiques comme la tentative de basculer dans le communisme à laquelle en appelait Nietzsche pour que l’on passe à autre chose, comme la Grande politique de Nietzsche qui visait à s’allier à la finance juive pour remettre un Napoléon sur le trône d'Europe et bousculer les petits népotismes, comme la politique militante ou réelle de Badiou, comme l’Opéraisme spinoziste de Negri, comme la micropolitique anarchiste de Deleuze et Guattari, constitution d’une autonomie à partir d’une institution imaginaire de la société pour Castoriadis. Les quatre derniers types de politiques relèvent plus d’une fuite dans l’imaginaire philosophique que de réelles propositions politiques. Toute cette effervescence politique est encore loin de la posture démocratique qui consiste à mettre en place le tirage au sort des politiciens et leur contrôle 819 par l’élection des experts issus de la vie civile. Ce qui est la démocratie telle qu’elle a déjà eu lieu et non plus l’oligarchie — la République « latine » qui repose sur les idées vides de Liberté, d’Egalité, de Fraternité. On a aisément transformé, pour des arrangements obscurs cf. Séyiès ou l’arisotcratie américaine, la politique (politeia) propre à la cité en une politique d’État (Res publica), ce qui est antinomique. Mais pourtant c’est avec la démocratie que se sont forgées les valeurs grecques, y compris l’Argent 712.
Commenter cet article