821. Préambule sur la peur.
Le réel s’indique par un conflit irréductible, la bataille par exemple BdLM_297-305 / DzLS_122, DzD_79. On peut ne pas être idiot et ne pas avoir été pris dans la bataille, contrairement à Socrate et Descartes. L’homme théorique, qui prend du recul par rapport à cet « événement » et se fait crépusculaire 643, cherche à en être fidèle ou digne, à l’oublier comme nos deux « idiots ». Il y a dans la lutte et le combat quelque chose qui dépasse le simple antagonisme et fait éclater les mots creux. Ce qui dépasse l’antagonisme est la direction de l’audace. Ce que Machiavel appelle virtù et que Nietzsche reprendra à son compte, dans le Gai Savoir. Est-ce étonnant si Machiavel en héraclitéen, part de la lutte comme inéluctable pour mieux la dépasser. Dans le conflit et la lutte, il y a une brèche qui indique cette direction qu’on ne peut réduire à de l’esprit car elle relève de l’audace, encore une fois. Les insurgés nous le disent : le conflit engendre le courage, mais les morts révolues des camarades nous grèvent d’impuissance. C’est tout le problème puisque avec la dialectique, le tiers — ce qui excède l’antagonisme — est exclu. C’est ce que nous n’avons de cesse de répéter. Amputations. Œillères de l’idéaliste qui veut tout forcer.
C’est dans le moment où je vais avoir peur que je fais peur, c’est la même agression que j’écarte de moi et que je renvoie sur autrui, c’est la même terreur qui me menace et que je répands, je vis ma crainte dans celle que j’inspire.
Pendant que les hommes s’efforcent de ne pas craindre, ils se mettent à se faire craindre d’autrui, et l’agression qu’ils repoussent d’eux-mêmes, ils la rejettent sur autrui, comme si de toute nécessité, il fallait offenser ou être offensé MacLP°XIV.
Le mot combat a remplacé celui grec de polemos. « Tout naît d’un combat ». Ceux qui verront dans cet opus un appel à la violence pourront passer leur chemin. Le combat présenté ici est avant tout non-violent mais acharné.