534. La vitalité affective.
La vitalité non-organique est le rapport des corps à des forces ou puissances imperceptibles qui s’en emparent et dont il s’empare, comme la lune s’empare du corps d’une femme DzCC_164.
La vie comme prétendu corrélat de la chose en soi n'est qu'un idiome parmi d'autres. Cet idiome, ce régime de pensée déborde la pensée subjective et donc la réduction à un corrélat d’une subjectivité qui souhaiterait connaître la chose en soi. Mais la connaissance plus que la vérité qui procède toujours par la négativité en creux, nous apprend qu’il n’y a pas d’intériorité des choses. Cela laisse la voie libre, comme nous nous proposons de le faire, à l’exposition de la manière de réinvestir la puissance dans la connaissance. La vie sortie de la vitalité non-organique a l'odieux avantage, pour tous les dogmatiques, de nous faire sortir du sujet dialectique ainsi que de la structure axiomatique. La vie en tant qu’idéalité rentrait dans le cadre de l'Ouvert, elle serait une chimère, sur laquelle chacun se projetterait. Mais la Vie n’est pas votre vie, n’est pas votre existence, il y a la vie au-dedans de la philosophie qui répond à cette équation Vie = Dieu = Etre, etc. … qui fait, de l’événement, le symptôme d’une incapacité motrice qui du dedans d’un système reconnaît un Dehors qui lui échappe en tant que puissance indéterminée. Mais cela est trop sonnant et trébuchant pour être autre chose qu’un symptôme. Les Grands Evénements arrivent toujours sans bruit aux pattes des colombes. La vie prise dans le dépli des algorithmes et de la production immanente n’est pas l’existence confrontée à l’incertain. La vie comme vitalité non-organique ne fait aucune projection autre que les perspectives de l’éternel retour. Au Dehors 225/533 il n'y a pas la vie, mais des existences éparses et « contingentes » qui savent comme Bergson parmi d'autres que l'histoire est contingente et qu'il suffit de s'opposer à ses « lois » et aux déterminismes en général pour changer le destin et l'histoire, les faire mentir. Il suffit d’oser.
La vitalité affective est une effervescence qui donne sa réussite à une tentative. Elle permet par son mouvement de dépasser les contradictions des fixistes et autres sédentaires. Elle conduit à un art de vivre sans haines ni hontes ni peurs, même si une mauvaise conscience travaille toujours l’écrivain « dérangeur » et moins négligent qu’il n’y paraît, Nietzsche le premier. La vitalité affective peut s’obtenir par un endurcissement face au réel et une simplification tournée vers le complexe. Cette simplification, comme toute réduction, permet de prendre les choses singulières, les événements avec entrain, de les embrasser d’un geste stylé. Le réel n’est plus la subjectivité 711 qui fait crise, marquée d’une contradiction, mais ce sur quoi s’indexe la complexité.
Bien qu'il n’y ait pas de définition unique de la vie, de nombreux scientifiques préfèrent définir par « vivant » tout système ouvert capable de se reproduire et d’évoluer. Par « système ouvert », les scientifiques entendent un système qui reçoit énergie et matière. Si on y ajoute la dimension de l'information, on tombe dans le domaine de la complexité qui pour exister requiert, énergie, carcasse et information. La « vie » apparaîtrait alors comme la reproduction et comme la stabilité (dite « homéostasie »), la persistance dans l'« être » et l'évolution par l'information, c'est-à-dire la lutte contre la mort et l'entropie grâce à la mémoire de réactions adaptées sélectionnées par leur performance dans la compétition pour les ressources et l'adaptation aux modifications de l'environnement. Il y a un contre-sens qui perdure, c'est l'usage biaisé que l'on fait du second théorème de la thermodynamique connu sous le nom du principe d'entropie*. Selon ce principe, tout système fermé, tend au désordre à l'exemple des machines à vapeur. Ce principe, nommé indétermination chez les hégéliens, reflète l’incapacité de lire un ordre complexe. Le vivant tend à l'organisation, à l'ordre et s'oppose donc au principe d'entropie. Parler d'entropie, c’est comprendre que le désordre apparaît avec le vivant puisqu’il se surajoute au mécanique antérieurement assimilé ; l'énergie est toujours soumise aux aléas de sa source extérieure et confrontée aux turbulences qui poussent à une plus grande organisation. Or la « vie » n'est pas le vivant mais est assimilée soit au parcours de l'existence soit aux systèmes ouverts qui dépassent la dimension organique du vivant pour celle intensive du vif. Or les mêmes personnes qui osent cette définition, pensent qu'il y a une rupture entre le vivant (l’organique) et le mécanique. Ces deux modes sont en fait réductibles à des relations constantes et déterminables.