113. Les signes chez les stoïciens et chez Pierce.
Nous pouvons, comme le font certains RasPS, rapprocher les principales notions de signes depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours sous la forme de triades notamment chez Aristote et Boèce (vox – intellectus – res), chez les stoïciens (semeion – lecton – tunchanon), chez Saint-Thomas d’Aquin (vox – conceptus – res), chez Arnaud et Nicole (mot – idée – chose), chez Pierce (représentamen – interprétant – objet), chez Saussure (signifiant – signifié – référent) et, pour finir, chez Morris (sign vehicle – interpretant – designatum). On peut s’attarder dans ces rapprochements sur les stoïciens et sur Pierce. Ces derniers nous mettent en garde dans leurs écrits : il ne faut pas démembrer la triade du signe. Chez les stoïciens tout au plus, une distinction possible se fait entre les signes indicatifs qu’attaqueront les sceptiques et les signes commémoratifs ; dans la triade « sémiotique » stoïcienne semeion – lecton – tunchanon, le terme tunchanon signifie « ce qui arrive » et se traduit aussi par événement 643 ; replacé dans la physique stoïcienne, le monde est alors envisagé comme totalité dynamique et solidaire en ce que tout est signe de tout ; la dynamique globale du monde, comme conjoncture et comme référent, inclut tant l’acteur que l’événement ; le lecton est, quant à lui, le dicible et le sens, c’est-à-dire l’élément incorporel de la triade ; il renvoie à l’abstraction, qu’est l’événement passé, mais il ne rend pas compte des signes vecteurs d’affects et donc d’avenir/devenir. Chez Pierce representamen – interprétant – objet forment la relation triadique vraie et non-décomposable ; c’est à partir de Pierce que Deleuze met à jour les signes porteurs d’affects car, au-delà de cette triple distinction largement admise par tous ces penseurs, il existe les images sensori-motrices.