114. Les images sensori-motrices et les signes porteurs d’affects.
Tous les signes et les classifications antérieures de signes désignent l’état d’un rapport à un moment donné mais ils n’indiquent pas l’évolution de ce rapport — augmentation ou diminution d’intensité. Deleuze envisagera alors des signes vecteurs d’affects — opsignes et sonsignes — en les rapprochant dans un premier temps des images dont Bergson fait la théorie tout au début de Matière et mémoire. Au sein même des images nous pouvons distinguer les images sensori-motrices. Une image sensori-motrice est la chose en tant qu’elle se prolonge dans les mouvements par lesquels nous nous en servons ou nous l’appréhendons. On peut prendre l’exemple bergsonien de l’herbe ou l’exemple spinoziste de la peau des mammifères : l’herbe fait signe ou intéresse la vache, la peau des mammifères fait signe à la tique. Ceci est de l’ordre de la reconnaissance instinctive ou habituelle et va au-delà de la couleur verte comme simple signe naturel de l’herbe ou du pelage comme signe naturel de la peau irriguée de sang. Pour Deleuze, les signes ne sont pas séparables d’un tout autre élément, non linguistique, et qu’on pourrait appeler les « états de choses » ou mieux encore, les « images » DzRF_45 : signes et images forment un agencement d’énonciation DzRF_18. Nous développerons cela dans le dossier qui suit 120. Les opsignes ou sonsignes, par exemple, envisagés par Deleuze dans ses études sur le cinéma, débordent la classification sémiotique de Pierce DzIT_45-50 c’est-à-dire qu’ils s’attachent à la réalité appréhendée sous le primat du mouvement.