105. Préambule sur les signes de l’autonomie (5).
Enfin nous verrons, et c’est un peu la thèse de cette première livrée, que l’autonomie rentre dans un dispositif plus large avec l’homonomie et l’hétéronomie. L’homonomie revient pour la pensée à poser la loi du même et de ce qui est bassement identique pour mieux s’en écarter : pensons là à une axiomatique abstraite comme on peut la retrouver dans la dialectique ou le structuralisme. L’hétéronomie n’est que la dialectique d’un dominé et d’un dominant qui pose une transcendance et s’y soumet comme étant l’Un ou Dieu : c’est le système des hiérarchies et des représentations que Nietzsche appelait aussi morale. L’autonomie est le fait non de faire ce qui nous chante mais de se forger sa propre promesse et sa propre monnaie, sa propre confiance. Ceci relevait jusque là du crédit d’autrui et supposait le système de la croyance : il fallait battre cette monnaie d’échange en même temps que se battre pour son crédit et la confiance d’autrui. L’autonomie n’est jamais complète puisqu’elle tient d’un groupe ou d’une minorité qui accentue sa singularité. L’autonomie — Et pourquoi pas la création de son propre crédit et de ses propres valeurs — ne se produit jamais simultanément dans tous les domaines à la fois, ni ne touche tous les individus, sinon nous basculerions dans un absolu. L’autonomie est certes le produit d’une situation, mais du côté d’un cercle vertueux, d’un agencement collectif où les idées rebondissent entre elles, se stimulent entre elles. L’autonomie n’existe pas en soi mais elle est sans cesse à refaire et à reprendre, à activer et à ajuster parce qu’elle est née de la confrontation aux lois héritées et s’appuie sur un texte. Elle est une aptitude qui s’exerce dans l’effort qui stabilise les nerfs ou plus simplement c’est une capacité d’énergie affranchie des mœurs et de la majorité de l’opinion mais aussi de l’unanimité d’un groupe. Ici, ce n’est pas l’affaire d’une démonstration mais de recueillir les différentes marques d’éducation et d’affectivité que les dogmatiques et les gouvernants de tous bords maintiennent dans le déni plus que dans le mépris. Tous ces derniers se croient l’achèvement de l’homme supérieur et ne sont pas en prise avec la réalité complexe, la nouveauté d’un réseau neutre où viennent se greffer des applications subjectives ou politiques, bref nétiques 816.