CINEMA / Ce qu'on a pensé de "soyez sympas, rembobinez." de Michel Gondry
C'est le nouveau délire de Michel Gondry, un génie ou un fou on ne sait pas
trés bien.
L'histoire commence avec une idée débile! Jerry, un vrai américain, (enfin
comme on aime à penser qu'il le sont en France, looser, paranoïac, patriote
mais n'ayant aucune confiance dans le gouvernement), pense que la centrale
électrique installée à deux mètre du camping car dans lequel il vit,
manipule les neurones de tout le monde! Bref, il complote un sabotage
contre la méchante firme électrique à la solde du gouvernement mais pour
cela il a besoin de l'aide de son copain, travaillant à deux pas chez un
loueur de vidéo! A l'heure du DVD, la boutique ne marche pas bien et le
vieux patron ne vit que dans les souvenirs d'un illustre Jazz man qui a vécu
dans la vieille batisse. Son pote refuse, Jerry y va tout seul et se prend
la déchage du siècle. Il se trouve "mangnétisé" et cela efface toutes les
bandes vidéo du magasin, le week-end même où le pote de Jerry avait en
charge la bonne marche de la boutique, le patron étant parti en pélerinage
Jazzy!
Vous avez tout compris? Non? De toute manière on s'en fout, ce premier quart
d'heure filmé comme une série Z américaine ne sert qu'à donner un décor à
une suite totalement farfelue: "Damned!! Y'a plus de films!! On a qu'à en
tourner des remakes, les gens n'y verront que du feu, et on ne se fera pas
engeuler par le patron!!" Et voilà ces deux trentrenaires pas plus futés que
des ados, mais beaucoup plus bricoleurs, qui trouvent des tas d'idées
géniales pour tourner le meilleur du pire du cinéma américain, en passant
par quelques bons titres quand même (Miss Daisy et son chauffeur, un dernier
tango à Paris...). Les trouvailles sont plus délirantes les unes que les
autres, et le tout avec du matériel que l'on trouve dans tous les bons
greniers (tiens faut que j'aille récuperer les vieilles robes de chambres de
mamie, pour en faire des tentes mongols pour le remake du "mariage de Tuya"
que je compte tourner dans le jardin des tuileries).
Et peu à peu, voilà que la banlieue endormie se prend de passion pour ce
cinéma... d'auteur (si si) et met la main à la pâte pour figurer au
générique... jusqu'à ce que les méchants studios viennent interdire ces
"plagiats honteux", et que la mairie ne démolisse l'immeuble. Le rêve n'aura
eu qu'un temps, le rouleau compresseur de la vie applatira les espoirs...
mais ce cinéma aura insufflé quelques minutes de vrai bonheur dans la vie de
cette banlieue, et dans mon samedi soir parisien!!
Michel Gondry semble avoir fait ce film comme il aurait fait un spectacle
avec ses cousins pour la famille, ... comme j'en ai fait avec les miens!
C'est inutile, burlesque, exitant, ridicule... j'adoooooooooooooooore!!
Michel, tu fais partie de la famille.
Une vision complémentaire de la critique proposée par l'ami Franck.
On rentre dans la salle obscure et on s'assoit pour s'apercevoir, au bout de
quelques minutes seulement que le film a commencé, qu'on craint déjà le
pire. Un film de série Y ou Z (on aurait presque préféré X...) se déroule en
effet sous nos yeux incrédules.
D'ailleurs l'affiche nous avait averti(e)s, c'est un film TV qui a atterri
par erreur dans les salles de cinéma avec un budget qui mime notre compte en
banque à la fin du mois. Alors on commence à chercher des yeux la sortie,
poliment (sans faire de grands mouvements de tête), lorsque petit à petit,
par petites touches de couleurs, le miracle du cinéma opère : les
personnages prennent une dimension jusque là insoupçonnée, le scénario prend
du poids et l'imagination prend progressivement la caméra en mains.
Car ce que j'ai vu pour ma part entre les images de ce long métrage se
résume en quelques mots qui ne confinent pas à la critique mais plutôt à des
petits sujets de réflexion proposés me semble-t-il par le réalisateur
français et maquillés en un triptyque antinomique : consommation/création,
différence/égalité, entité collective/individuelle.
Consommation/Création, d'abord. On insiste pour nous montrer ici un support
vidéo complètement dépassé, la cassette VHS. Elle illustre le passé, le
passé composé de notions comme la valeur des objets qu'on met un certain
temps à pouvoir s'acheter et par conséquent leur durabilité dans nos
existences.
Ici, non content de ne pas jeter un objet devenu inutilisable (les cassettes
ont toutes été démagnétisées !), on s'ingénie à les remplir de nouveau par
son talent, son savoir-faire et son imagination.
Aujourd'hui, les objets ne valent plus grand chose (le coût de la main
d'œuvre ne vaut rien là où ils sont fabriqués...) et on ne prend même plus
la peine d'essayer de les réparer quand ils sont abîmés; il est plus
"rentable" d'en racheter de nouveaux qui seront sûrement encore plus
éphémères que les précédents.
Différence/Egalité, ensuite. Les deux acteurs principaux sont noir et blanc,
on se doute au fur et à mesure du film qu'il ne s'agit pas d'un hasard :
noir et blanc comme les scènes les plus rétro (dans le viseur ?) filmées par
nos deux compères, noir et blanc comme les touches du piano de Fats Waller,
noir et blanc comme la tristesse et la joie qui émaillent notre quotidien.
Bien entendu, c'est le blanc qui s'appelle ... Jack Black, on ne loupe pas
une occasion de faire un petit clin d'œil au spectateur attentif.
Certes, il n'est jamais question d'opposer la couleur de peau dans cette
histoire, mais on se surprend à ne pas remarquer avant la fin de l'histoire
que c'est toujours le noir le technicien (celui qui filme et donc
"travaille") et le blanc l'acteur (celui qui joue et donc s'amuse).
On est "réveillés" sur ce point par le fait que lorsqu'il s'agit de réaliser
pour la première fois une histoire originale, celle de la vie du pianiste
(noir) Fats Waller, c'est Jack Black (donc le blanc) qui arrive avec le
visage noirci (au cirage ?) pour assurer comme il se doit le premier rôle;
mais cette fois, son compère refuse ce côté de la caméra et lui rappelle ce
que signifie des termes comme équité voire égalité non sans une petite
pointe d'amitié.
L'entité collective/individuelle, enfin.
Ce cinéma indépendant, voire d'auteur (qui prend de la hauteur, en tous les
cas), participe à la renaissance d'une ville moribonde à travers la
construction de projets à la fois de plus en plus nombreux et de plus en
plus courts car le temps joue en leur défaveur : la date fatidique approche
de façon de plus en plus menaçante.
Ce faisant, et afin de ne pas perdre en qualité ce qu'ils vont essayer de
gagner en quantité (le nombre de pastiches à réaliser afin de tenter de
sauver le bâtiment qui sinon sera rasé), nos deux olibrius décident de faire
participer de plus en plus de personnes du coin. Ce parcours du combattant
nous amène à réfléchir sur le sens du collectif par rapport à celui de
l'individuel, sur la force qu'on acquiert en se rassemblant, sur l'absurdité
in fine d'un monde où plus les gens sont concentrés dans un endroit ou avec
des moyens de communication de plus en plus puissants et plus ils sont
seuls devant leur écran de TV, devant leur plateau repas dans un fast-food,
etc.
Cette collectivité qui se construit sous nos yeux participe "paradoxalement"
à remettre l'individu au centre de la scène, il n'y a finalement jamais
autant de monde dans leurs "films" qu'au moment où le collectif se
construit, mais ceci n'est rendu possible que parce qu'ils respectent tous
un but commun.
Ladite hauteur prise au fur et à mesure que l'objectif recule - afin d'avoir
tout le monde dans le viseur - permet également d'inclure l'ombre de
réalisateurs comme Frank Capra ou Ernst Lubitsch, à une époque où le cinéma
avait encore toutes ses dents et emballait d'une réelle tendresse et
humanité la majorité de ses personnages.
La morale de cette histoire ?
S'il y en a une, elle n'est pas moralisatrice car ce film semble revendiquer
comme première ambition de ne pas trop en avoir.
On se demande tout de même si en guise de chuchotement post-projection, ce
film ne nous rappelle pas qu'il est plus important d'être acteur que
spectateur de sa propre existence, tout en veillant à ne pas "se faire trop
de films" quant à son avenir dans un ciel où scintillent des étoiles qui ont
beau briller sur l'écran noir de nos nuits blanches, elles n'en demeurent
pas moins inaccessibles la plupart du temps.
Quant au bâtiment qui va tout de même être rasé, malgré toute cette énergie
déployée par tout un quartier ? N'aurions-nous pas, finalement, plutôt
assisté à la construction de quelque chose de beaucoup plus vital qu'un
simple édifice fait de pierres et de ciment...
Franck et Pascal
trés bien.
L'histoire commence avec une idée débile! Jerry, un vrai américain, (enfin
comme on aime à penser qu'il le sont en France, looser, paranoïac, patriote
mais n'ayant aucune confiance dans le gouvernement), pense que la centrale
électrique installée à deux mètre du camping car dans lequel il vit,
manipule les neurones de tout le monde! Bref, il complote un sabotage
contre la méchante firme électrique à la solde du gouvernement mais pour
cela il a besoin de l'aide de son copain, travaillant à deux pas chez un
loueur de vidéo! A l'heure du DVD, la boutique ne marche pas bien et le
vieux patron ne vit que dans les souvenirs d'un illustre Jazz man qui a vécu
dans la vieille batisse. Son pote refuse, Jerry y va tout seul et se prend
la déchage du siècle. Il se trouve "mangnétisé" et cela efface toutes les
bandes vidéo du magasin, le week-end même où le pote de Jerry avait en
charge la bonne marche de la boutique, le patron étant parti en pélerinage
Jazzy!
Vous avez tout compris? Non? De toute manière on s'en fout, ce premier quart
d'heure filmé comme une série Z américaine ne sert qu'à donner un décor à
une suite totalement farfelue: "Damned!! Y'a plus de films!! On a qu'à en
tourner des remakes, les gens n'y verront que du feu, et on ne se fera pas
engeuler par le patron!!" Et voilà ces deux trentrenaires pas plus futés que
des ados, mais beaucoup plus bricoleurs, qui trouvent des tas d'idées
géniales pour tourner le meilleur du pire du cinéma américain, en passant
par quelques bons titres quand même (Miss Daisy et son chauffeur, un dernier
tango à Paris...). Les trouvailles sont plus délirantes les unes que les
autres, et le tout avec du matériel que l'on trouve dans tous les bons
greniers (tiens faut que j'aille récuperer les vieilles robes de chambres de
mamie, pour en faire des tentes mongols pour le remake du "mariage de Tuya"
que je compte tourner dans le jardin des tuileries).
Et peu à peu, voilà que la banlieue endormie se prend de passion pour ce
cinéma... d'auteur (si si) et met la main à la pâte pour figurer au
générique... jusqu'à ce que les méchants studios viennent interdire ces
"plagiats honteux", et que la mairie ne démolisse l'immeuble. Le rêve n'aura
eu qu'un temps, le rouleau compresseur de la vie applatira les espoirs...
mais ce cinéma aura insufflé quelques minutes de vrai bonheur dans la vie de
cette banlieue, et dans mon samedi soir parisien!!
Michel Gondry semble avoir fait ce film comme il aurait fait un spectacle
avec ses cousins pour la famille, ... comme j'en ai fait avec les miens!
C'est inutile, burlesque, exitant, ridicule... j'adoooooooooooooooore!!
Michel, tu fais partie de la famille.
Une vision complémentaire de la critique proposée par l'ami Franck.
On rentre dans la salle obscure et on s'assoit pour s'apercevoir, au bout de
quelques minutes seulement que le film a commencé, qu'on craint déjà le
pire. Un film de série Y ou Z (on aurait presque préféré X...) se déroule en
effet sous nos yeux incrédules.
D'ailleurs l'affiche nous avait averti(e)s, c'est un film TV qui a atterri
par erreur dans les salles de cinéma avec un budget qui mime notre compte en
banque à la fin du mois. Alors on commence à chercher des yeux la sortie,
poliment (sans faire de grands mouvements de tête), lorsque petit à petit,
par petites touches de couleurs, le miracle du cinéma opère : les
personnages prennent une dimension jusque là insoupçonnée, le scénario prend
du poids et l'imagination prend progressivement la caméra en mains.
Car ce que j'ai vu pour ma part entre les images de ce long métrage se
résume en quelques mots qui ne confinent pas à la critique mais plutôt à des
petits sujets de réflexion proposés me semble-t-il par le réalisateur
français et maquillés en un triptyque antinomique : consommation/création,
différence/égalité, entité collective/individuelle.
Consommation/Création, d'abord. On insiste pour nous montrer ici un support
vidéo complètement dépassé, la cassette VHS. Elle illustre le passé, le
passé composé de notions comme la valeur des objets qu'on met un certain
temps à pouvoir s'acheter et par conséquent leur durabilité dans nos
existences.
Ici, non content de ne pas jeter un objet devenu inutilisable (les cassettes
ont toutes été démagnétisées !), on s'ingénie à les remplir de nouveau par
son talent, son savoir-faire et son imagination.
Aujourd'hui, les objets ne valent plus grand chose (le coût de la main
d'œuvre ne vaut rien là où ils sont fabriqués...) et on ne prend même plus
la peine d'essayer de les réparer quand ils sont abîmés; il est plus
"rentable" d'en racheter de nouveaux qui seront sûrement encore plus
éphémères que les précédents.
Différence/Egalité, ensuite. Les deux acteurs principaux sont noir et blanc,
on se doute au fur et à mesure du film qu'il ne s'agit pas d'un hasard :
noir et blanc comme les scènes les plus rétro (dans le viseur ?) filmées par
nos deux compères, noir et blanc comme les touches du piano de Fats Waller,
noir et blanc comme la tristesse et la joie qui émaillent notre quotidien.
Bien entendu, c'est le blanc qui s'appelle ... Jack Black, on ne loupe pas
une occasion de faire un petit clin d'œil au spectateur attentif.
Certes, il n'est jamais question d'opposer la couleur de peau dans cette
histoire, mais on se surprend à ne pas remarquer avant la fin de l'histoire
que c'est toujours le noir le technicien (celui qui filme et donc
"travaille") et le blanc l'acteur (celui qui joue et donc s'amuse).
On est "réveillés" sur ce point par le fait que lorsqu'il s'agit de réaliser
pour la première fois une histoire originale, celle de la vie du pianiste
(noir) Fats Waller, c'est Jack Black (donc le blanc) qui arrive avec le
visage noirci (au cirage ?) pour assurer comme il se doit le premier rôle;
mais cette fois, son compère refuse ce côté de la caméra et lui rappelle ce
que signifie des termes comme équité voire égalité non sans une petite
pointe d'amitié.
L'entité collective/individuelle, enfin.
Ce cinéma indépendant, voire d'auteur (qui prend de la hauteur, en tous les
cas), participe à la renaissance d'une ville moribonde à travers la
construction de projets à la fois de plus en plus nombreux et de plus en
plus courts car le temps joue en leur défaveur : la date fatidique approche
de façon de plus en plus menaçante.
Ce faisant, et afin de ne pas perdre en qualité ce qu'ils vont essayer de
gagner en quantité (le nombre de pastiches à réaliser afin de tenter de
sauver le bâtiment qui sinon sera rasé), nos deux olibrius décident de faire
participer de plus en plus de personnes du coin. Ce parcours du combattant
nous amène à réfléchir sur le sens du collectif par rapport à celui de
l'individuel, sur la force qu'on acquiert en se rassemblant, sur l'absurdité
in fine d'un monde où plus les gens sont concentrés dans un endroit ou avec
des moyens de communication de plus en plus puissants et plus ils sont
seuls devant leur écran de TV, devant leur plateau repas dans un fast-food,
etc.
Cette collectivité qui se construit sous nos yeux participe "paradoxalement"
à remettre l'individu au centre de la scène, il n'y a finalement jamais
autant de monde dans leurs "films" qu'au moment où le collectif se
construit, mais ceci n'est rendu possible que parce qu'ils respectent tous
un but commun.
Ladite hauteur prise au fur et à mesure que l'objectif recule - afin d'avoir
tout le monde dans le viseur - permet également d'inclure l'ombre de
réalisateurs comme Frank Capra ou Ernst Lubitsch, à une époque où le cinéma
avait encore toutes ses dents et emballait d'une réelle tendresse et
humanité la majorité de ses personnages.
La morale de cette histoire ?
S'il y en a une, elle n'est pas moralisatrice car ce film semble revendiquer
comme première ambition de ne pas trop en avoir.
On se demande tout de même si en guise de chuchotement post-projection, ce
film ne nous rappelle pas qu'il est plus important d'être acteur que
spectateur de sa propre existence, tout en veillant à ne pas "se faire trop
de films" quant à son avenir dans un ciel où scintillent des étoiles qui ont
beau briller sur l'écran noir de nos nuits blanches, elles n'en demeurent
pas moins inaccessibles la plupart du temps.
Quant au bâtiment qui va tout de même être rasé, malgré toute cette énergie
déployée par tout un quartier ? N'aurions-nous pas, finalement, plutôt
assisté à la construction de quelque chose de beaucoup plus vital qu'un
simple édifice fait de pierres et de ciment...
Franck et Pascal
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