ACTU / Tentative d'expulsion du chato de Montreuil
<< Ca devait arriver, le jugement l'avait annoncé : l'expulsion d'un grand lieu occupé à Montreuil, à deux pas de la mairie, sur l'avenue Pasteur. Depuis le 25 mai, nous les attendions jour aprà¨s jour, et c'est peu avant sept heures qu'ils ont débarqué. Ils avaient pour ordre de nous sortir, d'enlever tous les meubles et de laisser la maison vide pour que la BNP puisse réaliser, avec l'aide de la mairie, son grand rêve immobilier et financier d'un charmant blockhaus paysager pour jeunes cadres. Avec destruction du grand jardin en prime. Mais bon. Les flics, ces bons casseurs autorisés, ont finalement dû recourir au secours des pompiers pour ne réussir à défoncer la porte d'entrée qu'au bout de 45 minutes. Ils ont ensuite déménagé les quelques meubles et matelas que l'on avait bien voulu laisser, renversant au passage tout ce qu'ils pouvaient. Puis, ils se sont mis à enlever des fenêtres et des portes : joli et méticuleux travail visant à rendre inhabitable la baraque. Mais bon. Ils ne sont pas allés jusqu'au bout de leur opération sordide. Des occupants étaient paisiblement installés sur les gouttià¨res, d'autres sur le toit. En bas, dans la rue, pas mal de monde : des copains, des voisins, des voisins devenus des copains et aussi des passants. Et du bruit, même à cette heure matinale, entre les slogans, les chansons, et les morceaux de clarinette. Un refus obstiné d'obtempérer des gens sur les gouttià¨res, une trappe d'accà¨s au toit bien bloquée, un petit peu de remue-ménage en bas et le tour a été joué. Tout ce beau monde en uniforme a fini par repartir, nous laissant avec la maison ouverte à tous les vents. Mais bon. Une fois cette barrià¨re levée, les retrouvailles passées, nous nous sommes dits qu'il fallait continuer de plus belle. De grandes portes sont arrivées par des potes, des matelas par des voisins, des meubles par un passant. Nous nous sommes mis au travail pour monter, fixer, transporter, replacer, cuisiner, manger et garder cette maison et nos rêves que nous ne pouvons abandonner. Mais bon. Nous savons que nous sommes toujours vulnérables, car expulsables. Que les flics pourront revenir bientà´t et nous déloger pour de bon. En attendant, nous avons cette intuition sur ce qu'il s'est passé : que cela n'aurait jamais pu voir le jour sans un refus collectif de laisser se passer, dans le silence et l'apathie, ce genre de chose. Aujourd'hui, en tout cas, nous avons pu voir qu'une simple solidarité quotidienne pouvait se muer en résistance, et que les rencontres, même banales, dans un quartier, pouvaient conduire (au moins ponctuellement) à la constitution d'une belle puissance. Pour faire durer tout ça, retrouvons-nous ici ou ailleurs, ou même dà¨s de samedi 2 Juin à partir de 15h, place de la mairie. >>
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=82211#commentaires
On va nous expulser Nous sommes énervés
Ca y est, le chatô à Montreuil est expulsable. Ce 24 mai, un mois après l'audience, la décision de la cour d'appel de Paris est tombée. La décision du juge d'éxecution des peines qui nous donnait jusqu'à fin septembre a été cassée.
Certains d'entre nous avaient croisé Brard lors du vide-grenier, rue Ernest Savart, il nous avait bien dit qu'il avait le pouvoir de décider de qui pouvait rester sur son territoire, sa commune. Il nous avait promis une expulsion imminente, une expulsion qui, pourtant officiellement, ne dépendait pas de lui, puisque l'on attendait toujours une décision de justice.
A l'audience du 26 avril où la BNP voulait remettre en cause les délais accordés, la juge semblait attentive à notre cause. A ce moment-là, malgré notre méfiance face à la justice, nous y avions un peu cru. Mais aujourd'hui le résultat est là. Nous voyons une fois de plus que la justice est soumise aux pouvoirs des politiques et de l'argent. Brard est allé jusqu'à écrire pour le procès une lettre soutenant la BNP. Depuis le début, Brard et la BNP ont travaillé main dans la main pour accélérer la transformation du parc en barre de béton, et mettre à la rue une vingtaine de personnes et les nombreuses initiatives qui ont émergé de ce lieu. Ils ne cessent de répéter qu'en occupant la maison, nous empêchons la construction de "logements sociaux". Ne soyons pas dupes. Depuis quand les banques font-elles du social ? On sait ce que le mot "social" peut recouvrir aujourd'hui : au chato, il désignera des "résidences de standing en accession à la propriété". Et si Mr Brard voulait tant axer sa politique sur le social, rien ne l'empêchait de préempter la maison avant qu'elle ne tombe dans les mains d'une grande banque. Au contraire, il préfère soutenir une banque et un projet qui vise à raser un grand jardin, à réhabiliter une maison habitable... Et puis le plan local d'urbanisme nous expliquera qu'ailleurs, dans Montreuil, on fera un "îlot de verdure" artificiel avec trois ridicules arbres et un banc. En fait, toute cette histoire n'est qu'une belle opération de promotion immobilière, où les envies et besoins des gens du quartier comme des squatters ne comptent pas par rapport à des liasses de billet...
Face à ces puissants, on sait qu'il est difficile de lutter, que l'on finira bien par se faire expulser. Mais nous ne sommes pas résignés, nous sommes énervés. Nous sommes déterminés à résister. De multiples initiatives peuvent témoigner d'une hostilité à cette expulsion. A l'hiver dernier, au début de l'occupation de cette maison, de nombreuses personnes étaient venues spontanément se rassembler devant la maison, nous montrer leur soutien, nous aider à résister. De tels moments de résistance collective sont des moyens concrets de nous organiser ensemble et ainsi de lutter contre ce monde.
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=82191#commentaires
Aujourd'hui, lundi, le squat "le chatô" est toujours là, les portes sont belles et solides, les voisin-e-s, les copains et les copines ont répondu présent à l'appel des squattereuses du samedi 2 juin...
Une petite centaine de personnes ont déambulé ce jour-là dans les rues de Montreuil, sont passées faire un petit tour devant le siège de la BNP à la porte de Montreuil...
L'avenue pasteur est en alerte : chacun a vu la débauche de moyens utilisés pour expulser les habitant-e-s vendredi à l'aube, chacun sait qu'une nouvelle tentative d'expulsion pourrait arriver dans les jours qui viennent... Les regards complices, les gens qui s'arrêtent, papotent ou disent bonjour, se multiplient, comme autant de signes que l'expulsion ne se déroulera pas dans le silence, que ce squat représente déjà une joyeuse épine dans le pied de Brard, "apparenté communiste" en pleine campagne électorale...
Derrière cette belle maison qui n'a (presque) plus du fenêtres mais garde ses volets... le grand jardin, voué au bétonnage devient plus que jamais lieu de rencontres...
Quoi qu'en dise le parisien de ce matin dans son édition Seine-St-Denis, les « indésirables » comptent bien rester, ils savent comment la mairie tente d'amadouer l'opinion avec le coup des logements sociaux (... pour classes moyennes)et pourquoi elle souhaite en finir au plus vite avec le chatô :
Pour que l'on oublie le faible prix de vente du terrain et de la maison (780 000 euros selon l'acte de vente) et qu'on passe sous silence sa soumission à la BNP (propriétaire de Meunier Habitat). Pour en finir avec les squats et les lieux où l'on expérimente hors de sa tutelle, de son contôle. Pour enfin, casser la sympathie, le mince espoir, l'envie de résister que ce lieu a fait naître autour de lui.Logements sociaux, mon cul ! La vie, le combat, eux continuent !
Chato vivra
Soutien bienvenu de tous les copains et des toutes les copines
Le chato peut être expulser dans les jours qui viennent !
Voilà, l'article du Parisien du lundi 4 avril :
Ici en pdf avec la photo : http://paris.indymedia.org/IMG/pdf/doc-45691.pdf
Et pis là :
Les squatteurs résistent a l'expulsion
AU 35, avenue Pasteur à Montreuil, la résistance s'organise depuis vendredi, jour où la police a tenté de déloger la vingtaine de jeunes squatteurs qui occupent l'immense demeure depuis huit mois. Au petit matin, les forces de l'ordre ne sont pas parvenues à les expulser. Certains se sont réfugiés sur le toit, l'intervention, jugée trop dangereuse, a été « reportée ». Vendredi soir, les discussions vont bon train sur le trottoir tandis qu'une équipe s'affaire à souder une nouvelle porte d'entrée, la précédente ayant été enlevée par les policiers.« Brard, flics, BNP, hors de nos quartiers », scande un tag sur la façade de pierre. « On habite ici et onveut y rester. Les habitants souhaitent que le site devienne un jardin public, ils se sentent dépossédés de leur quartier.Et puis, on nous ment : ce ne sont pas des logements sociaux qui seront faits ici », avance l'un des occupants, qui affirme avoir le soutien du voisinage.
50 logements sociaux doivent être construits.
Depuis novembre 2006, ces indésirables occupent une ancienne villa horticole du XIXe siècle dotée d'un parc de 2 500 m2 avec un étang et des murs à pêches. Racheté l'an dernier par Meunier Habitat Ile-de-France, ce site est au coeur d'une polémique.Dans un premier temps, les riverains, qui ont déposé un recours contre le permis de construire, se sont opposés au projet du maître d'ouvrage qu'ils jugeaient trop haut, avec trop de logements et ne maintenant que peu d'espaces verts. Reçus trois fois par Meunier, ils ont finalement signé un protocole dans lequelle constructeur a accepté de revoir sa copie en échange d'un retrait du recours. Le projet définitif prévoit la construction d'une cinquantaine de logements sociaux, gérés par le bailleur la Foncière. Une partie d'entre eux seront aménagés dans la villa réhabilitée, les autres dans un bâtiment collectif de cinq étages.
Mais voilà, une fois cet accord signé, les squatteurs sont arrivés juste au moment où les travaux devaient démarrer. Au mois de janvier dernier, le tribunal de grande instance de Bobigny, saisi par Meunier Habitat, a prononcé l'expulsion de ces occupants, une décision restée jusque-là en suspens du fait de la trêve hivernale.
« Nous ne demandons qu'à faire notre travail. Les travaux doivent prendre dix-sept mois. Ce blocage engendre des frais financiers et nous met en difficulté vis-à-vis des entreprises que nous employons », confie Jean-Pierre Haÿne, directeur général de Meunier Habitat Ile-de-France. La mairie de Montreuil non plus ne cache pas son impatience. « Avec 6 000 demandes de HLM à Montreuil, nous comptons sur cette opération qui a déjà pris du retard », déplore Jean-Jacques Serey, premier adjoint (PCF) au maire.
Marjorie Corcier
Du côté du chato, les gentes ne sont pas prêt-e-s à partir...
Message du Chatô : On reste ! du vendredi 1er juin
Ça devait arriver, le jugement l'avait annoncé : l'expulsion d'un grand lieu occupé à Montreuil, à deux pas de la mairie, sur l'avenue Pasteur. Depuis le 25 mai, nous les attendions jour après jour, et c'est peu avant sept heures qu'ils ont débarqué. Ils avaient pour ordre de nous sortir, d'enlever tous les meubles et de laisser la maison vide pour que la BNP puisse réaliser, avec l'aide de la mairie, son grand rêve immobilier et financier d'un charmant blockhaus paysager pour jeunes cadres. Avec destruction du grand jardin en prime.
Mais bon. Les flics, ces bons casseurs autorisés, ont finalement dû recourir au secours des pompiers pour ne réussir à défoncer la porte d'entrée qu'au bout de 45 minutes. Ils ont ensuite déménagé les quelques meubles et matelas que l'on avait bien voulu laisser, renversant au passage tout ce qu'ils pouvaient. Puis, ils se sont mis à enlever des fenêtres et des portes : joli et méticuleux travail visant à rendre inhabitable la baraque.
Mais bon. Ils ne sont pas allés jusqu'au bout de leur opération sordide. Des occupants étaient paisiblement installés sur les gouttières, d'autres sur le toit. En bas, dans la rue, pas mal de monde : des copains, des voisins, des voisins devenus des copains et aussi des passants. Et du bruit, même à cette heure matinale, entre les slogans, les chansons, et les morceaux de clarinette. Un refus obstiné d'obtempérer des gens sur les gouttières, une trappe d'accès au toit bien bloquée, un petit peu de remue-ménage en bas et le tour a été joué. Tout ce beau monde en uniforme a fini par repartir, nous laissant avec la maison ouverte à tous les vents.
Mais bon. Une fois cette barrière levée, les retrouvailles passées, nous nous sommes dits qu'il fallait continuer de plus belle. De grandes portes sont arrivées par des potes, des matelas par des voisins, des meubles par un passant. Nous nous sommes mis au travail pour monter, fixer, transporter, replacer, cuisiner, manger et garder cette maison et nos rêves que nous ne pouvons abandonner.
Mais bon. Nous savons que nous sommes toujours vulnérables, car expulsables. Que les flics pourront revenir bientôt et nous déloger pour de bon. En attendant, nous avons cette intuition sur ce qu'il s'est passé : que cela n'aurait jamais pu voir le jour sans un refus collectif de laisser se passer, dans le silence et l'apathie, ce genre de chose. Aujourd'hui, en tout cas, nous avons pu voir qu'une simple solidarité quotidienne pouvait se muer en résistance, et que les rencontres, même banales, dans un quartier, pouvaient conduire æ au moins ponctuellement æ à la constitution d'une belle puissance.
Pour faire durer tout ça, retrouvons-nous ici ou ailleurs, ou même dès de samedi 2 Juin à partir de 15h, place de la mairie.
Pour rappel, voilà la dépêche de la Pravda de Montreuil, le journal officiel de la ville de Montreuil qui avait annoncé l'évacuation du chato il y a maintenant un mois : http://www.montreuil.fr/files/mdh/2007/MDH%20-434.pdf La réponse/récit de la perquis' du chato : Radis explosifs et courgettes incendiaires le Récit de 2 perquisitions de squat dans l'Est parisienEt aussi l'article qui signalait la tentative d'expulsion :
Tentative d'expulsion du chato (avec le tract : « On va nous expulser, nous sommes énervés ») écrit le 25 maiOn va nous expulser Nous sommes énervés
Ca y est, le chatô à Montreuil est expulsable. Ce 24 mai, un mois après l'audience, la décision de la cour d'appel de Paris est tombée. La décision du juge d'éxecution des peines qui nous donnait jusqu'à fin septembre a été cassée.
Certains d'entre nous avaient croisé Brard lors du vide-grenier, rue Ernest Savart, il nous avait bien dit qu'il avait le pouvoir de décider de qui pouvait rester sur son territoire, sa commune. Il nous avait promis une expulsion imminente, une expulsion qui, pourtant officiellement, ne dépendait pas de lui, puisque l'on attendait toujours une décision de justice.
A l'audience du 26 avril où la BNP voulait remettre en cause les délais accordés, la juge semblait attentive à notre cause. A ce moment-là, malgré notre méfiance face à la justice, nous y avions un peu cru. Mais aujourd'hui le résultat est là. Nous voyons une fois de plus que la justice est soumise aux pouvoirs des politiques et de l'argent. Brard est allé jusqu'à écrire pour le procès une lettre soutenant la BNP. Depuis le début, Brard et la BNP ont travaillé main dans la main pour accélérer la transformation du parc en barre de béton, et mettre à la rue une vingtaine de personnes et les nombreuses initiatives qui ont émergé de ce lieu. Ils ne cessent de répéter qu'en occupant la maison, nous empêchons la construction de "logements sociaux". Ne soyons pas dupes. Depuis quand les banques font-elles du social ? On sait ce que le mot "social" peut recouvrir aujourd'hui : au chato, il désignera des "résidences de standing en accession à la propriété". Et si Mr Brard voulait tant axer sa politique sur le social, rien ne l'empêchait de préempter la maison avant qu'elle ne tombe dans les mains d'une grande banque. Au contraire, il préfère soutenir une banque et un projet qui vise à raser un grand jardin, à réhabiliter une maison habitable... Et puis le plan local d'urbanisme nous expliquera qu'ailleurs, dans Montreuil, on fera un "îlot de verdure" artificiel avec trois ridicules arbres et un banc. En fait, toute cette histoire n'est qu'une belle opération de promotion immobilière, où les envies et besoins des gens du quartier comme des squatters ne comptent pas par rapport à des liasses de billet...
Face à ces puissants, on sait qu'il est difficile de lutter, que l'on finira bien par se faire expulser. Mais nous ne sommes pas résignés, nous sommes énervés. Nous sommes déterminés à résister. De multiples initiatives peuvent témoigner d'une hostilité à cette expulsion. A l'hiver dernier, au début de l'occupation de cette maison, de nombreuses personnes étaient venues spontanément se rassembler devant la maison, nous montrer leur soutien, nous aider à résister. De tels moments de résistance collective sont des moyens concrets de nous organiser ensemble et ainsi de lutter contre ce monde.
Voili
[texte récapitulatif écrit par un participant à cette aventure et qui n'engage donc pas les habitants...]
Plus d'info : http://squat.net/fr/
Sur la poétique du Chatô : Beauté de la Disconvenance et De la liberté comme ressort oppressif