La Philosophie à Paris

FEMMAGE / Second hommage à Sandra Laugier

26 Octobre 2022, 18:04pm

Publié par Anthony Le Cazals

Peut-on, comme Charles Ramond, inventeur dans sa préface au Vocubulaire de Derrida (les termes se superposant uax purs concepts, dans un contexte de haute définition et de résolution acrue), classer Sandra Laugier dans la philosophie des termes ? Il semble que oui, non parce que sa culture s'appuierait sur des séries populaires mais parce qu'elle ancre sa définition de la démocratie que des notions aussi ordiniares que la conversation ou l'attention portée aux personnes vulnérables (le Care en anglais).

Une politique des liens faibles et de la cnversation ordinaire.
En affirmant que « la démocratie vit de la faiblesse ou de la plasticité des liens qui unissent les citoyens », Sandra Laugier propose de trouver dans les liens faibles de nouveaux modèles politiques, dans la continuité de l’exploration de la « démocratie sauvage » qu’elle a menée avec Albert Ogien. Contre les théories considérant comme acquis le consentement des citoyens, un tel modèle conduit à s’interroger sur leur capacité d’expressivité, en exigeant de pouvoir entendre les voix subalternes, faibles, jusqu’alors disqualifiées, mais que l’éthique du care peut faire réapparaître en critiquant les éthiques majoritaires les ayant précédées. Penser le lien faible, le lien de faibleese et de vulnérabilité à l'origine du care, est pour Sandra Laugier source de radicalité. Les personne en situation de faiblesse ou de vulnérabilité n'entretiennent bien souvent que des liens faibles avec les gens, lors de conversation informelles, l« es « liens forts » (amitié, famille, mariage, travail, etc.) et des liens sociaux, à faible charge affective ou officielle, mais essentiels dans le fonctionnement des interactions humaines : relations en public, rencontres, dialogues sur internet, relations lointaines et distendues.

Une attention au care
Partisane d'une démocratie enfin réelle, avec le sociologue Albert Ogien elle se bat pour faire « reconnaître que les citoyen.ne.s ont la capacité de prendre collectivement des décisions respectueuses de l’égalité, de la justice et de la dignité de tou.te.s. » Cette politique est somme toute très sartrienne puisqu'elle ne consiste pas à dire mais à faire entendre les plus faibles, les damnés de la vulnérabilité et à donner à voir leur destin. Là encore elle se base sur une notion et non une idée, même si l'idée de justice rôde pas très loin. « La notion de care ... ne vise pas à situer la pitié et la compassion, la sollicitude ou la bienveillance comme des vertus subsidiaires adoucissant une conception peu sympathique des relations sociales ...  ». Nous l'avons montré ailleurs l'existence et la reconnaisance de vivants non-humains finissent par modifier le droit (les animaux ne sont plus vus comme des objes, meubles, mais comme des sujet de droit, dans l'optique pour certains juristes de devenir des personnes morales.

Un exemple d'analogon
Il n'y a pas pour Sandra Laugier et son coauteur de populisme de gauche, peut-être parce que la notion de populisme n'est ps un terme, en ce qu'il n'a pas de définition. Le terme est-il l'analogon d'une idée ? « Le populisme reste donc une notion dont la science politique se sert pour nommer l’expression d’une protestation un peu sauvage portée contre ceux qui gouvernent et dont l’action dans un domaine d’action publique particulier (en général celui de l’immigration, de la sécurité ou de la fiscalité) est présentée au mieux comme incompétente, au pire comme au service d’intérêts inavouables »

Partir de choses simples ou de la vie quotidienne, bref de la culture populaire.
Sandra Laugier a developpé par exemple toute une analyse des séries télévisées. Elle ne fait que reprendre, selon elle, la conception qu’a proposée Stanley Cavell de la pertinence philosophique des œuvres « grand public ».. Elle ne s'appuie pas seulmeent sur Stanley Clavelll mais aussi l' auteur fétiche de Cavell, le philosophe unitarien Ralph Waldo Emerson, qui met en avant comme dignes d'intérêt,  The American Scholar, « la littérature du pauvre, les sentiments de l’enfant, la philosophie de la rue, le sens de la vie domestique ». 

Une « philosophie du langage » ordinaire analytique
La « Philosophie continentale », « en France se caractérise essentiellement par le refus de tout ce qui est contemporain et/ou non français en philosophie. Le plus souvent, la philosophie française rejette la philosophie analytique parce que sa manière de poser les problèmes et ses auteurs principaux ne sont pas « canoniques », c'est-à-dire qu'ils ne sont pas reconnus par l'institution philosophique. Mais heureusement, force est de constater qu'une telle attitude se fait de plus en plus rare, et la philosophie analytique a peu à peu acquis le droit de figurer dans les universités françaises, grâce notamment à la persévérance et à la pédagogie de plusieurs dirigeants. Cette nouvelle respectabilité est cependant à la source d'un second niveau de préjugés et d'incompréhensions, sur lequel je voudrais ici apporter un éclairage. Se positionnant volontairement comme une force minoritaire, voire missionnaire, la philosophie analytique à la française a, on le comprend, tendance à refuser la diversité et la pluralité qui font la richesse de son modèle américain. Elle est souvent normative, voire dogmatique, parfois à l'égard du reste de la philosophie, mais en fait le plus souvent intérieurement, à l'égard d'elle-même et de ses éventuelles variations. Ainsi, la philosophie analytique française peut donner la fausse impression qu'il n'existe qu'une seule version « conforme » et standard de la philosophie analytique. De plus, l'implantation de la philosophie analytique en France (parce qu'elle a été retardée) a coïncidé, en réalité, avec l'explosion du paradigme analytique ailleurs dans le monde. C'est cette explosion que je voudrais considérer et rendre compte dans ce livre, en présentant certains débats actuels afin d'en tirer quelques conclusions provisoires concernant, notamment, le sens et la possibilité d'une « philosophie du langage » aujourd'hui. ».

Précision sur la philosophie des termes
La philosophie des termes est une philosophie qui passe pas la langue et n'est pas une « philosophie du langage car elle st déjà implantée dans la langue parlée, avec quelques idiomes toujours recontextualisés et définis.. Même si cette clarté nuit à sa diffusion plus qu'à sa réception, car ce qui est obsur ou égatif attire les plus intrépides par un effet de casse-tête, elle créée une accumulation d'énergie qui, chez les métaphysicien, se lâche ensuite une fois le seuil de compréhension suposée atteint. Or, aec les philosophie des termes, qui n'est pas la philosophie conceptuelle propre à l'idéalisme aussi bien qu'au matérialisme qui le critique en réponse et fomente tout autant d'idées, il s'est agit jusque là de parler d'objets de la réalité. Il y a peut-être un abus à parler de langage ordinaire dans la philosophie analytique ou anglo-saxonne car monisme et dualisme y sont tout autant présents, de même que l'ontologie, mais ce qui disaraît c'est une philosophie du sujet empirique auquel est bien souvant substitué un réalisme métohodologique, bien souvent pas toujours, puisqu cela n'en est qu'une branche parmi d'autres. Il y a par contre absent de la philosophie analytique une critique radicale du capitalisme, qui est présente en Europe soit sous la plume extrême-droitière d'une Heidegger soit sous la plume d'auteurs marxistes comme Sartre, Derrida (en tant que philosophe de la responsabilité et que critique radical), Deleuze, Guattari, Clouscard, tous ont pratiqué une ontologie. Du dehors de cela, on peut poser une simple ralité qui se substituer au questionnement sur ce qui est, cette substitution à la question de l'être n'est pas un oubli mais la volonté de ne pas être critique, de ne pas déconstruirece qui n'a plus à être puisque ce serait s'y maintenir.

Un réalisme qui n'est pas un empirisme
Si son compagnon, Jocelyn Benoist défend un réailsme contextuel, Sandra Laugier défend que ce qui est important, c’est d’avoir une expérience (pas d’acquérir à partir de l’expérience) ». on pourrait croire à un empirisme.

Bibliographie
Sandra Laugier, Une démocratie des liens faibles (chapitre VIII) in Alexandre Gefen (dir.) & Sandra Laugier (dir.),  Le pouvoir des liens faibles, CNRS Éditions, Paris, 2020.
Patricia Paperman, Sandra Laugier (éd.), Le Souci des autres, éthique et politique du care, Éditions EHESS, coll. « Raisons pratiques », Paris, 2005.
Sandra Laugier (dir.) et Albert Ogien (dir.), Antidémocratie, La Découverte, Paris, 2017
Sandra Laugier, Du réel à l’ordinaire: Quelle philosophie du langage aujourd’hui? Librairie Philosophique J. Vrin, Paris, 2000. traduit en anglais : Why We Need Ordinary Language Philosophy, The University of Chicago Press, Chicago, 2013 (c'est l'édition que nous utilisons et contretraduisons).
Sylvie Allouche et Sandra Laugier, Avant propos à Philoséries : Buffy : tueuse de vampires (éd. avec Sylvie Allouche), Paris, Bragelonne, 2014. Ce livre reprend la plupart des interventions de la Journée d’études internationale intitulée « Buffy, tueuse de vampires », organisée le vendredi 26 juin 2009 par Barbara Olszewska, Sandra Laugier et Sylvie Allouche à la Cité internationale universitaire de Paris

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