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ECONOMIE / L'institutionnalisme économique et le néo-institutionnalisme

11 Avril 2023, 13:10pm

Publié par Les étudiants de Paris 8

L'institutionnalisme économique est un courant de pensée économique qui propose une analyse dynamique et interdisciplinaire de la société, en mettant l'accent sur ses aspects organisationnels, juridiques et plus généralement institutionnels. Ce courant est né au début du XXe siècle et s'appuie sur la sociologie, l'histoire et la psychopathologie pour expliquer les façons dont les individus doivent et peuvent se comporter. 

Les théories économiques traditionnelles, comme la théorie néoclassique, sont incomplètes et nécessitent une approche multidisciplinaire pour comprendre l'évolution sociale.

Les institutionnalistes estiment que la théorie néoclassique est incomplète et qu'une approche multidisciplinaire est nécessaire pour comprendre l'évolution sociale. Ils considèrent que les institutions sont des constructions sociales qui modèlent le comportement économique et social des individus, sous l'effet de contraintes et d'incitations, mais aussi de coutumes, de normes ou de règles de fonctionnement, et qu'elles évoluent en s'adaptant à l'environnement.

Selon Thorstein Veblen, l'un des fondateurs involontaires de ce courant, les institutions se présentent également sous la forme d'habitudes de penser et d'agir, ainsi que d'instincts. Il cherchait à comprendre pourquoi le monde était tel qu'il était et à saisir la véritable nature de la société et du comportement humain, loin de l'hypothèse de rationalité. Pour John Rogers Commons, les institutions sont plutôt des actions collectives qui contrôlent les actions individuelles.

Le désencastrement de l'économie, c'est-à-dire la séparation entre l'économie et la société par l'émergence d'un marché autorégulateur, est une tendance de long terme qui s'impose comme institution organisatrice du social. Karl Polanyi montre que le marché autorégulateur n'est pas une entité naturelle et atemporelle, mais une construction historique récente qui remonte au XIXe siècle. Son concept de "désencastrement" de l'économie permet de comprendre comment le marché s'est constitué en institution autonome, détachée de l'emprise du social et du politique. C'est également l'opinion que le marché s'impose comme institution organisatrice du social, se détachant des sociétés traditionnelles. 

Les principaux fondateurs du courant institutionnaliste sont Thorstein Veblen, John Rogers Commons et Karl Polanyi. 

 Le néo-institutionnalisme

Le courant de pensée néo-institutionnel, également appelé théorie des organisations ou de la firme, est apparu dans les années 1970 avec l'arrivée d'Oliver Williamson qui reprenait les travaux de Ronald Coase sur la théorie de la firme. Ce courant est constitué de plusieurs théories, telles que la théorie des coûts de transaction, la théorie de l'agence ou encore la théorie des contrats incomplets. Le néo-institutionnalisme a progressé depuis les années 1980  avec donc Oliver Williamson et ses modes d'organisation de l'économie de marché ou encore de François Perroux et ses relations de pouvoir dans les échanges internationaux.

L'objectif de ce courant est de mettre en avant le rôle central des institutions dans les sociétés modernes, ainsi que le caractère régulateur des organisations, en particulier des entreprises. Les règles et contrôles mis en place par ces organisations ont pour but de réduire l'incertitude et de conditionner les comportements des agents économiques. Ils constituent également une alternative complémentaire au marché pour l'affectation des ressources rares.

Oliver Williamson est l'héritier de Ronald Coase, le fondateur qui avait déjà montré en 1937 que le marché engendre des coûts de transaction liés au fonctionnement du système socioéconomique, législatif, éducatif, culturel, ainsi qu'à la rationalité limitée des agents économiques.

La firme est présentée comme une organisation centralisée et régulée capable d'assurer les transactions économiques à un coût inférieur à celui du marché, justifiant ainsi son existence et son développement, tant que ses coûts d'organisation sont inférieurs aux coûts de transaction, et que les droits de propriété et la liberté contractuelle sont bien acceptés.

Douglass North, quant à lui, cherche à montrer que la croissance économique globale est également liée aux institutions qui garantissent des droits de propriété efficaces afin de réduire les coûts de transaction.

Enfin, les néo-institutionnalistes s'attachent à rechercher, parmi la variété d'organisations existantes conciliant les règles institutionnelles avec leurs propres caractéristiques, celles qui sont les plus efficaces.

 

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