ECONOMIE / Economie du développement
Dans les années 1950, la compréhension du processus de développement commence à progresser, notamment grâce aux mouvements d'indépendance. Auparavant, l'étude des pays pauvres était intégrée à l'analyse classique de la croissance économique. François Perroux introduit alors une nouvelle perspective de développement en considérant celui-ci comme une combinaison de changements mentaux et sociaux qui permettent à une population de faire croître son produit réel global de manière dynamique et durable. Cette approche qualitative, pluridisciplinaire et structurale ouvre la voie à une compréhension plus fine des facteurs de sous-développement.
Walt Whitman Rostow explique le sous-développement par un simple retard de développement, alors que Ragnar Nurske le considère comme un cercle vicieux dû à la faiblesse des revenus, de l'épargne, des investissements et de la productivité. Dans les années 1960-70, Arghiri Emmanuel quant à lui met en avant la domination subie par les pays pauvres de la part des pays développés, dont ils sont dépendants, et qui entretiennent avec eux un échange inégal.
Les années 1980 marquent un retour à la pensée économique libérale et à l'ouverture internationale avec Alfred Sauvy, qui a popularisé le terme de "tiers-monde", et les aides internationales soumises aux ajustements structurels du FMI. Douglass North met alors en avant le rôle des institutions dans la création d'un environnement stable et sûr pour le développement et le bon fonctionnement des marchés, en garantissant notamment la sécurité et le droit de propriété privée.
Depuis les années 2000, Esther Duflo et son collaborateur Abhijit Banerjee se concentrent sur l'étude microéconomique de la pauvreté, en utilisant des méthodes empiriques inspirées des sciences expérimentales pour évaluer l'efficacité des stratégies publiques visant à lutter contre la pauvreté et apporter des solutions concrètes. Leurs travaux représentent une percée vers la macroéconomie en évaluant les causalités entre les différentes variables économiques.