INSTITUTION EDUCATIVE / Sur l'avenir de l'université française et parisienne
Cet article ne prétend pas à l'exaustivité mais seulement à explorer quelques pistes notamment pour comprendre l'échelle où sont pris les nouveaux pôles de recherche en région parisienne.
I. Un double danger pour l'université française.
Un double danger règne pour le savoir universitaire celui de se faire accaparer par des intérêts privés regroupés au sein de cartels et à ne pouvoir se renouveler de produire un savoir déconnecté de la réalité, comme le remarque Rosanvallon. L'université pourtant a longtemps formé à la recherche de manière très libre même si celle est très contrainte (déjà Deleuze s'en plaignait dans son abécédaire). Ce danger peut en fait devenir la nécessité d'une adaptation de l'université par la prise en compte de ce danger comme objet d'étude (c'est là suivre le catastrophisme d'Anders repris par Virilio). Déjà l'Université s'était constituée peu après l'an mil pour retourner toutes les bêtises millénaristes. En 1088, des maîtres grammairiens, de logique et de rhétoriques s'intéressent à la compilation à l'étude et à la transmission des connaissances relatives aux connaissances juridiques de l'époque et créent l'université de Bologne. On les retrouve à la renaissance, sous la figure d'aristoléliciens ; ils entreront en concurrence avec les platoniciens de Padoue et seront moqués sous la figure du médecin barbouillé dans les premières pièces de Molières reprises à la comédia dell'arte. La Sorobnne est créée en 1150.
1°) L'accaparement privatif ou privatisation du savoir (Daniel Bensaïd de Paris 8).
"Dans la nouvelle économie, la première unité créée par les laboratoires de recherches et développement coûte souvent plus cher en capital fixe investi que la reproduction en série du produit. L'appropriation des savoirs et la protection de leur monopole deviennent donc l'enjeu majeur des législation sur le nouveau statut de la propriété intellectuelle. ... La privatisation de la recherche et des connaissances qui en résultent, leur mise sous séquestre à l'abri des concurrents, la culture du secret et la quête du monopole freinent la diffusion des savoirs socialisés qui pourraient bénéficier au plus grand nombre ... /citation de Pestre/ "on a désormais un mouvement de recollectivisation des brevets dans le cadre des cartels qui mettent en commun leurs brevets pour éviter de devoir négocier en permanence et de ralentir les processus innovants." /via les cartels/ En fait de recollectivitsaiotn il s'agit, il s'agit bien évidemment d'un monopole collectif sur les rentes de matière grise, à l'instar des cartels qui se partagent la rente pétrolière. / Les universités seront de plus en plus réduites, par le biais de financement privés, à un rôle de sous-traitance au service de ces nouveaux cartels du savoir. Il existe déjà au Canada et aux Etats-Unis des cas où le contrat de partenariat inclut des clauses de confidentialité : la firme qui subventionne la recherche universitaire s'assure ainsi une exclusivité sur les connaissances produites, au détriment de leur libre circulation au sein de la communauté scientifique. Les clauses de confidentialité ne sont pas nouvelles. Mais elles étaient généralement limitées dans le temps, en attendant le dépôt et l'obtention éventuelle d'un brevet, alors qu'elles tendent à devenir permanentes. On comprend que les libéraux sincères ou naïfs finissent eux-mêmes par s'en émouvoir. Tout cela n'a en effet plus grand chose à voir avec la " concurrence libre et non-faussée " !" Daniel Bensaïd, Les dépossédés, éd. La Fabrique, 2007, pp. 61 et 63.
2°) l'université du désastre de Paul Virilio
Virilio qui voit dans l'université une lueur de sens au milieu des ruines du désastre de la civilisation. L'université comme crash-test qui analyse les désastres du progrès : http://www.arte.tv/fr/2382838.html (dernier tiers)
En ce sens, La stratégie du choc de Naomi Klein et L'administration de la peur sont des livres très arendtien. cf. aussi l'université du désastre de Paul Virilio (mais je ne l'ai pas consulté). Sur l'hallucination des images aussi et de la correction de l'opinion (désignation du nouveau bouc-émissaire par exemple qui en France a voté à plus de 93 % contre Sarkozy).
Plus récemment Pierre Macherey a tenté de poser en livre sa pensée sur l'université même s'il ne l'a pas, comme il dit, "toute livrée" et que celle-ci est "à côté" (Le second danger de l'université dont nous parlions).
II. Les réponses géographique mais palliatives venues d'en haut pour les univeristés parisiennes
Sur l'avenir des Universités et l'institutionnalisation de la philosophie et donc à travers elles, l'avenir de la pensée hors métiers. La pensée du Dehors ou la pensée prise dans les métiers ce sont notamment avocats, médecins, architectes, psychanalystes mais pas seulement ses professions libérales. Les grandes figures théoriques en émegent tôt ou tard Lacan, Virilio, Canguilhem et elle sont même à la base du renouvellement des disciplines universitaires. En France, par un sorte de jacobinisme perpétué, la pensée universitaire (Deleuze, Badiou) et des grandes écoles (Derrida, Bourdieu, Foucault, Althusser) n'est pas séparable de celle des métiers, notamment pour les avocats (Assas-Dauphine), les médécins (CHU) et les psychanlystes (Paris 7 et 8). C'est différents pour les architectes et les ingénieurs formés dans de grandes écoles plus en retrait de l'université et de la grande théorie. Mais si le discours de la psychanalyse à travers le Freudo-Marxisme puis Lacan a eu une grande influence sur toute la philosophie (Sartre, "moment structuraliste", Derrida, Deleuze-Guattari, etc...), ce sont davantage des pensées sur la ville et sur la mobilité qui se fabriquent actuellement (on pensera à Paul Virilio et Rem Koolhaas , dans une moindre mesure Oliver Mongin, Thierry Paquot, François Ascher, Philippe Panerai, Jacques Lucan, etc. ...) loin de tout pathos et de tout état d'âme. La ville prise comme offrande à la lumière, comme pierre ensoleillée et lieu inhérent à l'échange philosophique qui, par le mode moderne d'habitat, autorise en elle des retraites. C'est bien la question de la ville et notamment de l'inscription en son sein de l'université qui se pose aujourd'hui.
1°) La constitution de pôles d'excellence.
La transformation physiques de l'université parisienne passe par la constitution de pôles d'excellence nommés Pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur (PRES). On en dénombre 6 pour l'instant en région parisienne et nous allons vous parlez du 7e qui concerne Paris 8. Ils sont l'application géographique ouverte par le label d'excellence (labex) récemment obtenu par certaines universités (dont Paris 8). Les lignes directrices et pragmatiques de l'Etat sont celles-ci. Plutôt que de faire une grosse Sorbonne, comme le suggéraient certains architectes du Grand Paris. L'optique foncière qui a prévalu est de séparer les sciences dures des sciences humaines et sociales. Les unes à Orsay les autres à Aubervilliers. C'est le résultat de l'implantation du pôle militaro-nuléaire à Saclay. Au niveau du savoir et de la philosophie, cet aménagement spatiale au (Orsay est le 1er campus de France Paris 11 Orsay à Saclay avec non-loin IHES à Bure sur Yvette, haut-lieu de la physique théorique et des mathématiques dont malheureusement il n'est rien sorti par méconnaissance de la philosophie maëutique sans doute). Saclay continue de s'aggranir avec un nouveau bâtiment EDF et . Il y a par ailleurs la constiution du Campus condorcet à Aubervilliers. Il regroupera entre autres : L'INED d'Emmanuel Todd, l'école des Chartes, l'EHESS bd Raspail de Derrida, l'Ecole partique des Hautes Etudes, les Sciences Humaines de Paris 1, Paris 8-MSH Nord, Paris 13, (voir la carte et sa localisation).
Plateau Condorcet (Paris I-EHESS) Plateau de Saclay(Paris 11-Orsay Polytechnique et Centrale)
2°) La contrainte politique
Il y a derière cela, une visée politique et stratégique : faire émerger hors de Paris intra-muros un campus universitaire et d'ainsi étouffer tous les mouvements à venir puisque Paris 1 et 8 ainsi que l'EHESS ont été en pointe au moment du mouvement anti-CPE de 2006 (redite de Vincennes en somme). Par contre cela crée un savoir bicéphale comme nous allons le développer plus loin. Cette bichépalie rendrait impossible l'hypothétique rencontre d'un René Descartes avec un physicien comme Isaaac Beeckman, une question à se poser. La création d'une supersorbonne par les architectes hollandais de MVRDV (voir la vidéo ci-dessous à 5'40"), allait plutôt qnad le sens d'une remise au centre de la recherche et non sa télédéportation...
En parallèle à la constitution d'un Pole d'Excellence Sciences Humaines et Sociales, il y a le rapprochement entre Paris 10 Nanterre et Paris 8 Saint-Denis au sein d'un pôle régional d'excellence ou pôle de recherche et 'enseignemenpent supérieur (PRES Paris-Lumières) indépendamment des figures tutélaires que sont Ricoeur-Baudrillard pour Nanterre et Foucault-Deleuze-Badiou pour Saint-Denis. Cela fait beaucoup de remous, même si notre A.D.N. y est génétiquement favorable, comme vous pourrez le voir dans les articles qui suivent :
12 mai : Récit du vendredi 11 mai 2012 par Le Parisien
14 mai : L’université Paris 10 entérine le nouveau PRES Paris-Lumières
14 mai : Tract de l'AG du 14 mai 2012
15 mai : Appel à la Grève pour le 18 mai 9h contre la fusion de Paris 8 et Paris 10
17 mai : Tribune de Danielle Tartakowsky dans Le Monde
18 mai : Compte rendu de l'Assemblée Générale du 18 mai
La constitution du PRES Paris-Lumières vise donc peut-être à enrailler le déplacement de Paris 8 de Saint-denis à Aubervilliers au sein du PRES Paris-Aubervilliers même si ce dernier répond à la saturation actuelle de l'enclos universitaire de Saint-Denis (université de plus en plus éclatée). C'est la première optique qui nous fait penser à un rapprochement appuyé et précipité de Paris 8 et Paris 10.
3°) La contrainte géographique
La bicéphalie du savoir français est géographique (hormis dans les universités scientifiques de Paris 6 Jussieu et Paris 7 Jussieu). Elle est le résultat de la création du plateau de Saclay par le Général De Gaulle pour la recherche nucléaire et qui a des incidences en matière de recherche et développement au niveau énergétique puisqu'à part GDF-Suez et le monopole pétrolifère de Total tut est tourné vers le nucléaire. L'éloignement géographique du plateau de Saclay par rapport au centre de Paris a induit la création d'un réseau de transport régional à l'époque. Il faut savoir que si on ajoute que les travailleurs logent historiquement à l'Est de Paris et qu'ils leur faut à partir des années 60 se rendre à Saclay ou à La Défense (Sud-Ouest et Nord-Ouest). Cela à générer dès le début une saturation du réseau de transport (ligne A surtout). Des lignes comme la ligne 14 ou la ligne E du RER (entre les gares du Nord et Saint-Lazare) ainsi que la future ligne F (entre les gares Montparnasse et Saint-Lazare) ont été prévues à cette effet. Mais 70% des voyages se fond en Ile de France se font de banlieueà banlieue. Ceci vaudra encore plus pour les déplacements des étudiants et des chercheurs. Ainsi il y a la création de nouvelles lignes de métro automatique deux fois plus rapide (60 km/h) qui vise à désengorger non plus le centre mais mais à désenclaver la périphérie. Voici une carte dynamique. Concernant le campus condorcet il y a prolongement des lignes 12 et 4 et desserte par deux stations de tramway allant jusqu'au tramway sur le boulevard des Maréchaux (et hypothétiquement pourrait-on songer jusqu'à Paris 8 Saint Denis qui se trouve exactement au Nord). Pour le plateau de Saclay il y a la création d'une ligne de métro souterraine comme le motre la carte plus haut, étant donné que ne le RER C ni le RER D ne pénètre directement sur le site - création de la navette Lozère pour l'école politechnique). Le temps d'accès aux université est primordial pour les études surtout que el temps de transport, aussi stressant qu'il soit, prend de l'énergie de concentration d'où la réussite des campus à l'américaine où l'on peut aller dans les bâtiments de recherches depuis son studio détudiants. Concernant Paris 8 la prologation de l'automatisation de la ligne 14 jusqu'à Saint-Denis est évoquée.