PREAMBULE 2 / Où en sommes nous avec notre époque ?
Je suis content. J’ai réussi à synthétiser ce que j’avais sur le cœur (voir la
première partie du texte), mais qui est dans l’air parisien. Personnellement, je ne me serait pas investit dans cet effort de pensée dont parle (ici) Heidegger, effort surhumain sans
jeu de mot, si quelqu’un avait repris ce que Guattari et Deleuze ont apporter de nouveau (les nouveaux territoires qu’ils ont découvert comme ils disent). Mais voilà c’est un peu le désert comme
le notait François Zourabichvili avant de s’éclipser. Cet effort surhumain la métaphysique d’Heidegger ne peut l’atteindre, prise dans l’atermoiement et la « déréliction », c’est
pourquoi il parle de fin de la métaphysique. C’est important de le noter. Mais Foucault lui-même a vu en
1966-1968 qu’une pensée disséminée et éparse existait au Dehors de la philosophie, si bien qu’on pouvait se demander pourquoi la philosophie s’arrogeait la prétention à détenir
la pensée. Par pensée j’entends non les opinions virevoltantes (propre à la hiérarchie des plaisirs et des récompenses), non ce qui vise à la Vérité (propres aux abstractions comme la
dialectique), mais ce qui est rigoureux et puissant (pour Nietzsche) ont le résultat de concentration et de rigueur pour Bergson et pourtant n’est en rien dialectique. On peut ici dire que la
dialectique c’est met en exergue des oppositions pour mieux s’y soustraire. C’est un jeu vicieux et ironique car au fond le peuple ne retient que les contradictions : on appelle cela le
discernement c’est-à-dire qu’on ne retient que la contradiction majeure. Mais passons, car cela n’a désormais aucune importance, la pensée est plus nuancée que cela.
Pour en revenir à la situation actuelle, il est un fait, c’est qu(il n’y a plus que des lectores dans l’université, ce sont ces philosophes des sciences,
des philosophe du langage, des analystes qui mènent une vie rabougri et sont incapable de ressaisir le mouvement de pensée qui traverse notre époque, la tâche à accomplir étant de l’amer à son
plein épanouissement puisqu’il y va de la santé et de l’audace de notre civilisation. C’est pour cela que je ne me cache pas d’essayer de stimuler un petit milieu Paris 8, mais sans doute faut-il
partir de zéro ailleurs. En tout cas Mr Prado est contre l’Université et Mr Loraux pour que la philosophie sorte de l’institution, ça ne le gênerait pas je crois de dire qu’il est désormais
contre l’institution, puisque la Sorbonne l’a évacué. Je te parle ici Sancho de deux des
profs de Paris 8. Derrière l’institution, il y a l’Etat, c’est-à-dire le statique, la conservation et surtout la reconnaissance de ce qui serait prétendument la vraie philosophie. Quelle gageure.
Mais si un certain nombre de personnes arrivent à saisir les travers de la dialectique ou d’une pensée trop cognitive ou analytique, alors de grandes choses peuvent survenir, si part là même vous
induisez un certain goût de l’audace, de la prise de risque, de l’effort, c’est-à-dire d’une vie tragique hors institution, vous aboutissez à une changement de civilisation, la surhumanité de
Nietzsche sans non plus en faire un idéal puisque c’est quelque chose de plus humble quand ne le pense. Quand je parle d’effort, ceci se retrouve dans le thème du guerrier qui ne se repose que le
combat terminé, chez Nietzsche, ou les machines de guerre nomades, chez Guattari et Deleuze.
A travers cette surhumanité, qui est avant tout collective (voir constellation affective), c’est une transformation du cerveau qui s’opère tant au niveau des
nouvelles connexions que frayent les neurones que les hormones reçue et émises par l’hypophyse et l’hypothalamus. Une mutation (pas forcément interne) des cellules du cerveau est possible et tout
à fait admise par les neurobiologistes au sens où ils parlent de plasticité du cerveau en montrant comment certaines parties du cerveaux s’épaississent quant par exemple quelqu’un se met à
apprendre à jouer avec succès du piano puis qu’un fois la pratique arrêtée, le cerveau se modifie vers son état antérieur. Entre temps ce n’est pas un cerveau qui aurait une capacité
d’intelligence supérieure mais des intuitions différentes de la normale, de ce qui est imposé par l’habitude ou les mœurs rabougris d’une société d’endormis (les zombies téléphages, les
nihilistes apeurés, les attristés des passions qui bandent court). On pourra toujours peser le cerveau d’Einstein avoir une attitude statique par rapport au mouvement de pensée qui l’a traversé
quand il a su synthétisé tous les problèmes de son temps, les point d’arrêt pleins d’anomalies de son temps à partir des travaux, par exemple, de Boltzmann, homme à la vision si particulière.
Petite parenthèse pour Sancho, tu vois il faut savoir reprendre le mouvement de pensée,
non peser une œuvre ou un cerveau une fois mort, sur ce blog on doit avoir trop de compassion compromise pour Deleuze, mais c’est surtout dans un tragique nietzschéen qu’on écrit, celui qui le
plus férocement s’est attaqué à l’Eglise et à l’Etat. La première a succombé, même s’il reste des religions, et qu’i en restera toujours, le second , pour avoir été moins vilipendé, dépérit à
petit feu, les lois transformées en décrets transformé en circulaire transformé en applications qui n’ont rien à voir avec la loi ne changeant rien à la situation brinquebalante. Le pouvoir par
la peur qu’il entretient en désignant un autre (étranger, exclu, démunis, sans-papier) hors de son système empêche précisément la puissance qui ne serait plus hiérarchique d’advenir. Les
institutions serait là pour nous protéger de la violence qu’elle même suscitent par l’exclusion, alors que nous sommes dans une société d’abondance, où la richesse n’est pas celle de l’argent et
des ressources épuisable mais celle de l’inventivité et plus radicalement de la création, c’est-à-dire l’audace de prendre des risques et d’aller jusqu’au bout de ce dynamisme, simplement
comprendre que le mouvement est premier sur le repos, comme les enfants dans une cour de (ré)création.