La Philosophie à Paris

531. Sur celui qui dérange.

15 Février 2013, 16:47pm

Publié par Anthony Le Cazals

Profession dérangeur — Pseudo-Denys s’est fait lutin dans la forêt et tourmente tous ceux qui veulent atteindre la clairière de dame Vérité. Il leur demande : Qu’est-ce qui importe pour toi ? On pourrait croire que Pseudo-Denys asticote par plaisir, mais il le fait par négligence et c’est même son absence qui le rend méchant pour celui qui a besoin d’un récepteur comme le catalyseur. N’est pas intempestif quantique qui veut.


Il y a des moments de non-fixation dans la pensée où celle-ci se défausse loin de tout système clos et loin de tout système ouvert. Conjectures, essais. Les systèmes clos sont refermés sur des essences et les systèmes ouverts admettent de la nouveauté parfois de manière convulsive. C’est parce que « ma » pensée, la pensée en dehors de tout système, traduit un basculement ou une transfiguration du réel (conflictuel) en une complexité (multi-échelle) que cette pensée n’est pas étendue. Elle vaut ce qu’elle vaut et fera son temps car elle s’inscrit autant dans son temps que dans une éternité vécue : un coup de chance. Pour oser le jeu de mots, je dirais que j’ai essayé de mettre en lumière et en mouvement ce basculement. N’y a-t-il pas eu des régimes successifs de pensée dans notre histoire occidentale logocentrée, où certains ont d’abord cherché à fonder l’Esprit par un forçage et une domination puis à créer la Vie et à la défendre coûte que coûte ? Gouvernance puis résistance. À chaque fois des mots magiques détachés des pratiques qui les opèrent, comme l’esprit pour fonder une cité ou la vie pour créer une œuvre : détachés des pratiques pour atteindre la strate du discours et ainsi rejoindre ces chimères qui au final étaient outils de domination ou de libération. Mais envisager un tel basculement, part surtout de ce que, dès l’enfance, les gens de ma génération ont d’abord rencontré, d’une part, l’informatique avant la philosophie et, d’autre part, la lumière et le mouvement, avant la matière et l’esprit. Ce n’est là qu’une lecture a posteriori, donc rétroactive mais qui montre combien le basculement peut être grand. Chacun peut demeurer indifférent à l’esprit et à la matière tant ils ne rentrent pas dans les nouveaux cadres de pensée ; chacun peut les tenir pour des parts négligeables tant on ne les rencontre pas. Sans doute étais-je d’emblée au-dehors de la philosophie dans un milieu cartésien qui touchait à sa fin, qui a frôlé la folie, qui surfait sur la décadence. Si « je » fais état de « mon » système nerveux et glial ici, c’est bien dans le but de créer une société résiliente et naissante plutôt qu’une société où les gens seraient adaptés pour une cadence qui va à l’épuisement. Il n’y a la que de la composition avec l’indéterminé pourrait-on penser, or la composition relève encore et toujours d’un ordre symbolique de la représentation et non des transmutations métaboliques.

 

« Piphles ! Patarins ! Tisserands ! Soyez brûlés sur le bûcher !... Ou exhibés au gibet de Montfaucon ! » C’est que Pseudo-Denys s’est entendu dire tous les raffinements de l’époque. Il n’y eut que les descendants illégitimes du peuple du Livre et de l’écoute qui offrirent asile à notre « monstrueux » géant. Son cousin Shreck n’a trouvé que les écrans de cinéma comme niche libidinale.

 

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