La Philosophie à Paris

NOTION POLITIQUE / Sur la grande politique

5 Décembre 2007, 01:51am

Publié par Le Cazals

Voici une réponse à un commentaire de Sancho.

Il y a bien trois types de philosophes ceux qui annoncent un avenir en perpétuelle création (Aurore), ceux qui sont dans l'extase de l'Etre ou Midi mais ne font rien, le jeu consistant à y demeurer le plus longtemps possible dans ce qu'on croit appeler l' "ivresse" mais qui n'est qu'une extase d'existence, enfin ceux qui dogmatiques restent fidèles à certains évènements comme la mort de Socrate (on peut les appeler les crépusculaires car C'est à la tombée de la nuit que l'oiseau de Minerve étend son vol, ces philosophes sont en réaction par rapport au Midi de l'être qu'il nomme stupeur de l'être). Nietzsche, qui faisait parti des premiers, s'était lancé dans la grande politique par la charge qu'il a mené contre les Hollenzollern. C'est pour s'annoncer avant que le combat ne brouille son discours qu'il avait écrit Ecce Homo. Gandhi a pratiqué la Grande Politique contre l'Empire colonial Anglais, ayant obtenu la promesse d'indépendance dès es années 30, il a pris la direction ensuite du saint-martyr. De même Napoléon le saigneur, qui en continuateur a répandu les idéaux de liberté, il a té très influencé par les scientifiques qu'il a rencontré lors de ses années calmes précédant le directoire et le consulat, d'où le cadastre, les Arts-et-métiers, l'expédition en Egypte avec des scientifiques. La grande politique n'est pas faite que par des grands hommes, il faut savoir ce que peut être les différentes formes politiques : politique réprésentative, activiste nihiliste (attentats, action directe), politique réelle ou restreinte (militants d'organisation non représentée), grande politique qui consiste à tourner les "puissants" en ridicule, à montrer qu'ils ont un pouvoir mais en fait aucune puissance, aucune vision d'avenir (telle serait la chose à faire par exemple avec Nicolas Sarkozy puisque s'il a pris Guaino, c'est qu'il savait qu'il lui manquait quelque chose à son libéralisme pour être élu à savoir le volontarisme, petite politique qui renforce toutes les marques de pouvoir). Petit à petit, on arrive à une politiique qui sort de son professionnalisme (ce qu'elle n'était pas chez les Grecs hormis les fonctions élues) pour conquérir sa part "métapolitique" (selon l'expression de Gramschi qui avait constitué la République des Esthètes à la forntière franco-italiennne). Pour être plus clair, on peut dire que la politique avant tout n'est pas un métier pour détourner la phrase de Jacques Chirac : "la politique est aussi un métier" mais ne l'est pas en premier. Mais cette sphère métapolitique est en fait le lieu effectif de la politique, bien loin des blogs et militants partisans. Castoriadis que tu dois connaître via ce cher Edgar Morin, avait annoncé une certaine forme d'autonomie, qui devait avoir sa constitution, le problème étant qu'aucun castoriadien ne peut énoncer quelle est cette constitution, car pour eux l'autonomie de Castoriadis ne serait pas constitutionnelle, la pensée de Castoriadis restant malgré tout limitée à la sphère démocratique. Le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple (l'un des premiers article de la constitution française), n'est rien si celui délègue sa souveraineté à des réprésentant. La Grande politique consiste donc à affecter en chacun ce qu'il a de peuple  (de dimension politique plus qu'égalitaire) et non à en appeler à un Peuple qui n'adviendra pas sinon comme justification à une nouvelle souveraineté qui s'en réclamera.

Le problème avec la démocratie, c'est que le terme est issu du système dominant (comprenez de la gouvernance qu'ont renforcé Platon et Aristote à mesure qu'ils accompagnaient l'enterrement de l'héllènisme) et que l'on sait depuis Rousseau au moins que tout peuple réclame de la souveraineté. Le second fait est que l'autonomie n'est jamais totale, mais opère par expériences localisées, par serre, par bulle, on en aura jamais fini d'une certaine forme de hiérachie graduelle (celle des entreprises, de l'état), qui reste la manière la plus efficace de produire sur du court terme, sans vision sur le long terme, où sa contre-productivité affleure puisqu'elle vise l'épuisement de ses propres forces (certains dialecticiens parlent d'aliénation) dans le cas des entreprise et la conservation de ses institutions dans le cas de l'Etat. Enfin troisièmement, on peut espérer qu'en différents endroits des gens se mettent à penser et non à réfléchir (c'est-à-dire à projeter soi-même sur un autre qui n'existe pas), comme tu le fais, cher Sancho, à longueur de posts.

Quant à l'aristocratie selon le mot donner par l'ancien système de la gouvernance qui aujourd'hui encore prévaut, elle a toujours été le nom pour l'autonomie en milieu démocratique (c'était le cas d'Empédocle, Anaxagore ou Héraclite voir le livre de Gilles Châtelet ). Bref il n'y a pas de recette pour la Grande Politique seulement un investissement entier qui tend à s'éloigner des valeurs creuses que peuvent être la liberté ou l'égalité Nietzsche a longtemps cru que la Grande Ploitique n'existait pas avant d'atteindre ce qu'il appelle la troisième phase dans son parcours, elle rentrait dans le caractèreintempestif de sa philosophie, comme une sorte d'insatisfaction, vis-à-vis de toute forme de pouvoir (ce sont toujours les esclaves qui s'érigent en maîtres, les faibles qui veulet conquérir la place des forts, des dominants). Il n'est donc pas sûr que la Grande Politique requiert des subjetivités militantes, animés d'une cetaines conscience, d'une certain pathétique (les deux étant liés). La Grande Politique se joue donc dans un combat à découvert contre les dits "Puissants" mais qui ne le sont pas, et c'est davantage une question d'énergie d'une époque, de l'affectivité dont est capable une "civilisation".

Peut-être est-ce à toi de sortir de ton extase, de redescendre de ta prétendue ivresse, mais qui n'a saisi ce qu'il y avait de dionysiaque, d'affectif (au sens d'affect, de ce qui met en mouvement et non d'affection qui retient ou attache).

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S
"cette force qui passe entre les gens, qui marque par l"énergie qu'elle autorise, la grandeur d'une civiisation et que l'on nomme pensée". Voilà ce qui me paraît l'essentiel. Pour moi, c'est une bonne défintion de la philosophie. J'ajoute qu'entre une collectivité d'humains, rien ne passe sans ivresse. Il faut seulement trouver le juste point d'ivresse, celui qui évite les extrêmes. L'extrême de l'ivresse des idées qu'est l'intellectualisme (et l'intuitionnisme n'est qu'une forme d'intellectualisme, au moins à cause de l'isthme...). L'extrême de l'ivresse dionysiaque qui emprunte au communautarisme, à l'esprit du peuple, de la race, du nihilisme, etc. Pour moi, ce juste milieu d'ivresse est l'ivresse philosophique, le point d'appui pour une véritable philosophie accessible, populaire, révolutionnaire, salutaire. Veux-tu m'envoyer ton adresse à jt-philo@hotmail.frJe voudrais t'envoyer mon livre : La philosophie en une leçon.  
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P
S
J'imaginais bien qu'il n'y avait pas de militants de la Grande Politique! Ma question était une boutade! Ceci dit, je n'ai rien à redire à tes lignes, si ce n'est ce que je t'ai dit maintes fois : tu penses trop dans le sillage de Deleuze. Nietzschéisme, deleuzisme, étaient les pensées dominantes d'hier. Elles étaient les derniers feux d'un intellectualisme qui se voulait un front de lutte et de libération. Pour moi, il faut se libérer désormais de toutes les pensées intellectualisantes et aliénées dans leurs singularités de discours. Il faut faire place nette dans les esprits pour que chacun, y compris ceux qui ne sont pas des intellectuels, puissent penser par eux-mêmes. Ce qui n'implique pas seulement une lutte contre l'abêtissement secrété par les médias, mais un dépassement de la philosophie d'hier. Celle qui suppose toujours des auteurs inspirés, actifs dans la pensée, détenteurs de points de vue vrais ou élevés, et des lecteurs, passifs dans la pensée, ou seulement réceptifs, à qui on ne demande que d'acquiescer ou de faire montre de complicité. Je suis pour une philosophie sans philosophes, une philosophie commune et de la rue. Ce qui peut devenir commun et populaire dans la philosophie, c'est ce que j'appelle l'ivresse philosophique. Plus simplement : l'ivresse d'exister. Elle est transformatrice, elle peut modifier le monde et nous sauver des désastres, car elle n'est que de l'énergie, de la bonne; énergie libératrice et transformatrice. Au fait, tu n'as pas répondu à mon mail. Pourquoi?    
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A
Mais certainement. Pour ton mail, il n'y a pas trace de lui, à quelle adresse l'as-tu envoyé ?Difficile de savoir ce que sont le deleuzisme et le nietzschéisme. De Deleuze, je n'en ai pas une vision claire comme me le dit si bien Badiou qui rabat et tronque si bien sa pensée. C'est son interaction avec Guattari qui me stimule, qui m'a poussé à l'activité, très peu de gens ont vu combien tout deux étaient sartriens, que leur affiinté venait de là, de leurs lectures de jeunesse. Quant à Nietszche, il a eu la trop grande richesse de se contredire pour qu'on puisse réduire sa pensée à l'étroitesse d'un isthme, d'un système borné. Le nietzschéisme existe chez Onfray et se résume en cela : penser à partir de Nietzsche c'est à dire retenir les processus par lesquels il est passé plus que ce qu'il a écrit (il faut dire qu'il critiquait vertement la plèbe, l'hédonisme, l'utilitarisme que soutient Onfray). Répète-moi ad vitam aeternam que je suis dans le sillage de Deleuze, tant je le prends par derrière comme il le souhaite. Sa philosophie du Dépli (de l'élévation à l'infini d'une sibstance comme la surface qui constitue le plan d'immanence ou encore de la distinction du virtuel et de l'actuel) ne me semble pas être mon régime de pensée. Après cela, oui je suis deleuzo-guattarien puisque je me suis fait schizo-analyser par Guattari de mon vivant ;-p. Cela reste une invitation à s'engager dans le côté passionné de l'existence où je ne perçois pas très bien ce que tu appelles la passivité du lecteur. Mais peut-être ne faut-il plus lire de livres, surtout quand ils font montre d' "un front de lutte et de libération", dee là à ne plus lire Jean Tellez et son livre des extases, j'en doute. Mais b'est pas cette complicité avec le "commun" des lecteurs que tu cherches à travers ta descente dans la rue.Quant à l'intellectualisme (le fait que la pensée soit réduit par Kant à la Raison), tu sembles le confondre avec l'intuitionnisme qui consiste à inscrire ses intuitions dans un travail à même le langage. Il faut distinguer l'intellectualisme de l'intuitionnisme comme Bergson dans sa correspondance avec James et Dewey. Pour le reste, tu as sans doute raison : il faut homogénéiser la pensée et éliminer toutes les singularités de pensée comme le fait si bien "l'abêtissement secrété par les médias". La philosophie doit être douceureuse pour le commun de la rue, pourtant elle me semble toujours être l'art des distinctions et plus que la philosophie c'est la pensée qui nous intéresse ici, c'est-à-dire cette force qui passe entre les gens. Cette distinction entre entre philosophie et pensée de grands diaecticiens la fnt aussi, mais la philosophie réclame avant un effort, une affection de soi par soi qu'on nomme volonté.Pour en revenir à Deleuze et Nietzsche, il n'y a pas eu meilleur qu'eux pour critiquer ce qui se réclamaient auteurs : Deleuze dans ses cours de lycée n'hésitait à faire ecrire un cadavre exquis à ses élèves et l'interprétait ensuite au tableau comme si cela était le fait d'un seul auteur. L'inspiration me semblant difficilement critiquable pour un auteur ivrotique comme toi, ne cherche-tu pas la complicité (la communauté) avec la rue, alors que je préfère le combat que tolère la démocratie au travers de l' "aristocratie", d'autres observent muets, la joute qui se fait là. Mais il paraît étonnant que toi qui détestes les concepts et les évènements, tu puisses t'accomoder de la véridiction qui reste l'un des secrets de l'intellectualisme. Toi qui sembles détenir "le secret de la vérité" (http://www.philo.over-blog.com/article-7291455.html), ne te réclames-tu pas par là des "détenteurs de points de vue vrais". Pourquoi ne pas préférer aller à l'essentiel comme le fait d'indiquer ce qui a de l'importance comme pour toute grande époque (celle où plusieurs conjectures s'ouvrent à nous). C'est l'intellectualisme précisément qui veut masquer cela et demeurer dans le dialogue de l'âme avec elle-même comme tu l'a fait avec les gens d'Emmaüs (en rester à la "dignité humaine", c'est réfléchir et ne pas penser). Tu auras beau t'amender http://www.philo.over-blog.com/article-7103037.html c'est dans la réflexion que tu es, non une pensée entre les gens. En finir vec la machine à philospher platonicienne et philosopher de plus en plus dis-tu. C'est que philosopher, il faudrait savoir ce que cela veut dire à part être le dialogue de l'âme avec elle-même et non cette force qui passe entre les gens, qui marque par l"énergie qu'elle autorise, la grandeur d'une civiisation et que l'on nomme pensée. Au final, tu veux  "une philosophie sans philosophes" tout en te questionnant sur le philosophe législateur que requiert la philosophie (http://www.philo.over-blog.com/article-7091890-6.html) ?AnthonyPS: Ces propos ont été réécrit les premiers ne s'étend pas inscrit, j'espère qu'ils répndent à tes points de questionnement, tout en sachant que la philosophie ne passe pas par le dialogue mais par l'effort, à chacun il revient de vouloir le mener ou non, n'est-ce pas cela que la démocratie, elle qui permet à certains de se dire aristocrates ou autonomes. En attente de ton précédent mail.