FACHOSPHERE / Décès de Patrick d'Hondt alias Tepa
Patrick D’Hondt dit « Tepa » est décédé jeudi 14 novembre 2019 des suites d’un cancer à l’âge de 48 ans. Cet ancien rappeur franco-gabonais engagé en 2011 auprès de l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau, dont il fut le responsable pour le département de la Seine-Saint-Denis, était aussi devenu au cours des cinq dernières années une figure de l’extrême droite dite dissidente. Condamné pour négationnisme en 2018, il a notamment évolué au sein de la galaxie soralo-dieudonniste avec le lancement, en 2014, de Meta TV, une web télé mettant à l’honneur les figures les plus incontournables de la « Dissidence ».
Au printemps dernier, sur son site Patriote.info, Tepa annonçait l’arrêt de ses activités pour soigner son cancer, lançant un appel aux donateurs « non pas pour la réalisation de vidéos ou de matériels, mais pour l’acquisition de traitements alternatifs, comme ceux du Dr Beljanski [un traitement non conventionnel controversé – ndlr], qui présentent un excellent taux de réussite à la guérison de la maladie ».
Après une carrière de rappeur débutée dans les années 1990 (il signera en 2003 chez IV My People, le label de Kool Shen, du groupe NTM), Tepa rejoint les rangs de l’UPR en janvier 2011. En 2012, il participe à la première université d’automne de l’UPR, aux côtés de Bruno Drewski, Jean-Louis Duvigneau, Alain Benajam, Abdelkrim Branine, Michel Demars, François Asselineau et Erick « Bozz » Mary. Ce dernier, explique un communiqué du parti d’Asselineau en avril 2013, s’est « [exclu] lui-même de l’UPR » après la diffusion d’un montage vidéo dans lequel il fait une allusion transparente à la chanson « Shoananas » de Dieudonné M’Bala M’Bala, à connotation antisémite. Quelques mois plus tôt, « M. Mary avait déjà commis un dérapage provocateur de cette nature […] en incrustant de son propre chef des ananas dansants dans une vidéo » précise le communiqué. Une photographie d’Erick Mary et de Tepa – ainsi qu’un troisième, non identifié – en train d’effectuer le geste de la « quenelle » circule d’ailleurs à cette époque sur les réseaux sociaux.
Négationnisme
Si Tepa, qui commence à devenir gênant pour la petite formation souverainiste d’Asselineau, n’est pas exclu du parti, il cesse de revendiquer toute responsabilité officielle au sein du mouvement à compter de la fin de l’année 2013 et choisit d’investir le Net avec Meta TV, sorte de ThinkerView du pauvre dont il fait un véritable vecteur de diffusion des conceptions de l’extrême droite conspirationniste. La chaîne propose, au fil des ans, des entretiens fleuves de personnalités telles que Pierre Hillard, Alain Soral, Laurent Glauzy, Jacques Grimault, Thierry Meyssan, Alain Benajam, Claire Severac, Marc George, Francis Cousin, Pierre Jovanovic, Jacob Cohen, Hubert Marty-Vrayance, Serge Rader, Daniel Conversano, Adrien Abauzit, Kemi Seba, Marion Sigaut, ou encore les négationnistes Vincent Reynouard et Robert Faurisson. Tepa sera d’ailleurs condamné, conjointement avec Faurisson, en avril 2018, pour contestation et complicité de contestation de l’existence de crimes contre l’humanité.
Suite à des conflits internes, Meta TV s’interrompt fin 2017. Tepa crée alors le site Patriote.info. L’émission Meta TV subsiste. La chaîne tout comme ses comptes Facebook et Twitter continuent de diffuser selon la même ligne éditoriale.
Lors des élections législatives de 2017, Tepa se présente dans la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis sous l’étiquette du « mouvement éco-citoyen » 100%, co-présidé par le chanteur Francis Lalanne (soutien des Gilets Jaunes) et soutenu par le député des Pyrénées-Atlantique Jean Lassalle. Il recueille 0,2% des suffrages.
Dès l’annonce de sa disparition dans la soirée du 14 novembre dernier, plusieurs figures de la « Dissidence » rendent immédiatement hommage sur les réseaux sociaux à Tepa. Ce « nationaliste intégral » est présenté comme un des « meilleurs défenseurs de la liberté d’expression ». Nombreux sont ceux qui louent le « courage » de cet « homme intègre, d’une grande qualité morale et intellectuelle, qui n’hésita pas à se mettre en danger en tendant le micro à Reynouard ou Faurisson ».
Greg Tabibian se souvient d’« un grand monsieur qui a permis a beaucoup d’incompris, de résistants, de boycottés d’avoir accès à la parole publique. La dissidence des années 2000 est morte aujourd’hui » conclut-il.
« Un homme courageux et de convictions »
Dans un message posté quelques heures après le décès de Tepa, Daniel Conversano, écrit : « C’est avec une tristesse, une colère immense que j’apprends la mort de Tepa. Ça me bouleverse au-delà des mots […]. Au revoir Tepa. Toi l’esprit libre, le bienveillant. Adieu ». Ce chantre de la « Remigration » témoigne une nouvelle fois de sa reconnaissance à Tepa qui l’aurait révélé lors de son passage à « La libre antenne » sur Meta TV en décembre 2014.
Dans un communiqué publié sur Facebook dimanche 17 novembre, François Asselineau présente ses « condoléances attristées à ses proches » et dit « [garder] l’image d’un homme cordial, chaleureux et plein d’humour, et aussi d’un homme courageux et de convictions », non sans rappeler que Tepa « réalisait des vidéos et des interventions de qualité ». Le président de l’UPR mentionne également le fait qu’après avoir pris ses distances avec sa formation, « Tepa avait créé sa propre chaîne sur YouTube – MetaTV – pour mettre en œuvre ce qu’il reprochait à notre mouvement de ne pas vouloir faire, c’est-à-dire inviter tout le monde, sans le moindre discernement, y compris des personnalités hautement controversées ».
Soulignons la voix discordante et isolée d’Alain Soral qui ne manque pas d’ailleurs de susciter des critiques. Parce qu’il considère qu’il a « aidé […] ce type à ses débuts » – et que Tepa l’aurait trahi notamment en invitant un de ses prétendus ennemis jurés, Jean Robin – le fondateur d’Égalité & Réconciliation perçoit dans ce décès une sorte de « condamnation divine ». Et de compléter par un : « Bon débarras ».