La Philosophie à Paris

913. Généalogie de la métaphysique.

25 Février 2013, 17:33pm

Publié par Anthony Le Cazals

Tout philosophe est l'expression de la folie du père 413, comprenez la décadence d'une famille souche. Ce n'est qu'après avoir connaissance des études démographiques d'Emmanuel Todd que cette phrase de Nietzsche est  alors ressortie « tout philosophe est l'expression de la folie du père ». La plupart du temps ce dernier est mort (ou bien la mère dans le cas de Descartes), mais une empreinte s'est constituée. Étrangement j'échappe à la règle de cette décadence, d’où la possibilité de cette voie des « philosophes nouveaux » ---qui sont ceux à qui en appelle Nietzsche et qui ne sont en rien les philosophes médiatiques ou nouveaux philosophes... À remarquer pour reprendre les analyses d'Emmanuel Todd que ni les basques ni les bretons n'ont produit des philosophes... Mais les occitans parisianisés oui, ce sont des familles souches qui tombent en décadence au contact de Paris avec ses noyaux égalitaires. Ce texte est tronqué pour qu’on n’y ajoute pas un caractère trop fantaisiste, mais l’intuition de départ est que les philosophes français, eux ou leurs ancêtres, proviennent, pour beaucoup, de terres de pigeonniers. Certes depuis, les pigeons se sont laissé attirer par les villes, mais il y a une similitude postrévolutionnaire et industrielle car cet exode rural et donc démographique s'est produit après le pic de température moyenâgeux qui a entraîné dans les villes la foule des indigents, la future troupe des sans-culottes. Les philosophes français (hormis la composante « pied-noir ») ont connu le même exil que les pigeons : l’envolée des pigeonniers et l’exode vers les villes sont le même mouvement qui fait entrer en décadence les systèmes familiaux genrés. On trouve les Deleuze dans le Gard, Euze est une traduction française de l'occitan qui signifie Chêne. Quant aux Badiou ils viennent de la Haute-Loire, de même pour les Lyotard, certains Bensaïd sont de Toulouse. Les Serres du côté de Toulouse, Albi, Carcassonne (le plus connu vient du Lot-et-Garonne), les Saint-Ours de Dordogne etc... et tout ce petit monde a retrouvé de la descendance à Paris 8. Est-ce un hasard si Deleuze appréciait qu'à Paris 8, il n'y ait pas à s'expliquer ? C'est en fait pour moi une longue histoire d'Occitanie et de la conquête de terre sous prétexte d'hérésie cathare des barons du Nord sur les trouvères et troubadours du Sud, ce qui a produit une certaine distance avec la religion catholique, le catharisme fonctionnant comme un paganisme mystique diffus (tels les druides bretons). Ce qui faisait la dynamique du Sud-ouest à savoir les bastides, ce sont alors des zones franches sans impôt que se partagent les anglais (en Guyenne) et les Français (en Gascogne et en Languedoc). Les fameux cadets de Gascogne devenaient mousquetaires, les fils cadets du Languedoc et du Midi allaient dans les bastides tandis que les fils aînés héritaient du foyer familial en devenant maîtres d'hostal. Cette spécificité reflète l’organisation des lignées de type famille-souche. Il y a à Paris 8 une division suivant que l'élément opprimé, qui sert de paradigme soutenu, est l'ouvrier ou le juif. Ce désaccord de principe même s’il est entretenu reste contenu, il s’appuie selon moi sur la mésentente, entre philosophes défendant l'émancipation de l'ouvrier opprimé (du Nord et de la Lorraine) et les philosophes qui tiennent davantage à défendre le persécuté réfugié à l'exemple du juif. Ainsi on observe que les professeurs de philosophie dit de l'émancipation sont de la moitié Nord : les Douailler et les Vermeren sont de Champagne, les Linhart de Lorraine, les Lecerf de toute la moitié Nord (même si Eric Lecerf est de Savoie pour la généalogie récente comme un partie des Lecerf qui s'est étendue au delà de son bassin originel). Les Rancière se trouvent être des Catalans qui appliquent le régime des familles communautaires égalitaires. Plinio Prado pouvant très bien être un descendant de Juan de Prado qui est sans doute la personne qui a laissé le plus d'empreinte sur Spinoza — cf I. S. Révah, Spinoza et Juan de Prado ou encore Henri Méchoulan Etre juif à Amsterdam. Mais là je devrais faire un parallèle avec une autre personne d'origine séfarade Jean Salem, car je me rends compte pour des raisons atypiques que j'ai toujours été protégé par des descendants de juifs, pour les mêmes raisons que les deux branches de ma famille ont été ou se sont mises à la marge.

 

Aveu de Michel Serres qui corrobore cela. — « Mon père vient d'une famille profondément républicaine et anticléricale. Il a d'ailleurs un prénom très intéressant : il s'appelait Valmy, comme cela se faisait alors. Et puis il a fait la Grande Guerre et était de cette boucherie qu'a été Verdun. Et ça l'a transformé. Là, sur le champ de bataille, lui, l'athée, s'est converti. Il s'est fait baptiser sur le champ et s'est fait appeler Jean, même si les vieux Agenais continuaient de l'appeler Valmy. J'ai sans doute hérité de lui son horreur de la guerre. Ce pacifisme, renforcé par Hiroshima, m'a d'ailleurs conduit à abandonner l'école navale : mon quotidien de canons, de cuirassés, ne cadrait pas avec mes aspirations, mon idéal. Je me suis tourné vers l'École normale supérieure et la philosophie. J'ai toujours connu mon père comme un homme profondément pieu. J'irai même plus loin, c'était un Cathare : il pensait que plus on acquiert de pouvoir, plus on s'élève vers le sommet, plus on s'approche du mal, de Satan. Je pense encore comme lui. De plus en plus. J'ai d'ailleurs toujours refusé toute once de pouvoir. »

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