La Philosophie à Paris

CRITIQUE / Sur l'humanisme

1 Juillet 2009, 19:17pm

Publié par Anthony Le Cazals

Le dépassement de l'humanité
L'homme est un modèle, un étalon, il n'y a donc pas à le sauver. L'humanité est quand à elle une idée, une dignité accordé à la personne mais qui nie la capacité de rebondir.  C'est que l'humanisme touche à sa fin, que derrière lui, c'est la pensée du dernier homme, car les hommes supéroieurs en son l'aboutissement mais qu'ils se trouve face à une impasse d'idéal, un nihilisme. Dans son hommage à Jacques Robin, sur Transversales, Edgar Morin dit : "Le mot d’humanisme a été décrié dans les obscures années structuralistes où avaient disparu le sujet et l’histoire. Quel beau mot pourtant qui signifie le souci de l’humain autant individuel que social et planétaire et qui dans toute sa plénitude a été assumé par Jacques Robin." Mais structure et sujet sont indiscutablement liés pour qui ne veut parvenir à un niveau d'intensités plus inouïes. On touche là au dépassement de l'humanité, le surhomme selon une image fort éculée était la bête immonde ou selon les partisans du libéralisme l'homme supérieur, c'est simplement la capacité de création qui sait qu'elle doit combattre contre la réaction et la conservation car sinon c'est la tendance suicidaire du fascisme qui ressurgit, à présent qu'on peut lui donner un nom historique. On parvient dans un autre registre où il est vrai il n'y a plus de dimension de l'autre, donc de vérité (1). Le tort de l'humain c'est d'amener trop vite à la satisfaction quant au savoir (enthousiasme de Robin pour les innovations scientifiques) et au mépris/dégoût quant au monde qui nous entoure. On peut tracer des plans sur la comètes mais je pense réellement que l' "histoire" ne se passe jamais comme on l'a envisagé, car il y a toujours un petit grain de sable qui fait que tout se trouve changer. Attali admet tirer de lois du passé pour écrire l'histoire de l'avenir, tout en sachant qu'il y aura une exception qui contredira ce qu'il projette (un reste de pensée juive qui s'écrit toujours sous la forme d'une question ou comme le souligne Antoine Spire lève le doigt pour dire non je ne suis pas d'accord : c'est le motif du dérangeur, souvent repris par les juifs sortis de leur communauté, ce qui en a fait de grands penseurs et scientifiques.

Les valeurs humaines ?
La question est donc quelle vision du monde, quelles valeurs "nouvelles" parviendront à ceux qui nous gouverne, sachant que les gouvernants sont parallèles aux créateurs (selon Nietzsche comme Thésée face à Dionysos, les gouvernants - hommes supérieur héritage de l'humanisme - devraient se soumettre aux créateurs - ou ceux qui intercèdent pour la vie auprès des gouvernant -, prophétisme du livre IV de Zarathoustra avec la procession des hommes dits supérieur). L'humain, la vie, je n'effectuerai pas de départage pour l'instant de ces idéalités, si ce n'est que l'une est organique et l'autre inorganique (mais que là je prend sans doute le parti pris de la vie). L'humain me semble arriver à son essoufflement ("on ne naît pas homme mais on le devient") et très vite on se redra compte que le vivant (biologisme cellulaire) ou organique se distingue de la vie. L'humain est tout ce suite perçu par l'homme supérieur (type : le socialiste de la commission de Bruxelles) comme dignité humaine et c'est là sa satisfaction bourgeoise. Reste donc deux choses l'invention et le combat. Leibniz restera celui qui a le plus mis en avant la volonté humaine d'invention mais sa recherche d'un langage . Il n'est pas loin de Spinoza quand il parle du meilleur des mondes possibles puisque chez Spinoza ce qui arrive à la réalité est perfection. Comme il a le premier nommer les système et les fonctions il est aussi le premier qui nous permet de nous en détourner. Seulement avec Leibinz c'est tout dans la tête, il n'y a pas d'autre recours au retour à l'animalité qu'une gestion humaine du bétail animal ou humain (car il y en aura toujours qui s'entêteront dans le retour à l'animalité - Foucault et Nietzsche à un cap de leur vie libidinale dite sexualité de l'éléphant - fustigeront la sexualité adolescente, mais le retour à l'animalité est sans doute la consommation sexuelle et marchande comme seule manière d'expérimenter l'homo oeconomicus de Turgot celui qui use et passe sa vie à fuir l'angoisse du néant plutôt que de la sublimer, de la dépasser).

La santé du moment
Parler, se soucier de l'avenir, c'est quelque part projeter, même si pour Lukàcs cette projection est une dimension inhérente à l'homme, à ce qu'on nomme sa finitude, il me semble que l'on proette là comme avec toute projection, ses peurs et ses manques. Il faut davantage comme le dit Goethe se concentrer sur le présent, quitte à paraître égoïste mais ce n'est qu'ainsi que l'on peut entraîner d'autres personnes sur les mêmes pas, non en leur faisant peur quant à l'avenir et en voyant tous les malheurs qui peuvent surgir. Il se trouve qu'après chaque guerre le nombre de naissances augmentent en réaction, il se trouve qu'après chaque épidémie qui laisse forcément des individus indemnes, l'espèce dans son immunité en sort renfocer. La santé du moment se joue là, dans la concentration sur l'instant présent, sur ce qu'on peut apporter dès à présent et énergiquement sans se soucier d'autrui, donc plus que de santé je crois qu'il faut parler d'activité du moment. L'activité n'étant pas mais pouvant tourner dans l'exercie si elle rentre dans une discipline. A penser l'avenir on finit par projeter ses propres manques. plus qu'à entrainer l'éducation des générations à venir, notamment par l'écriture, en détournant ceux qui pourraient devenir des hommes supérieurs de l'esprit de vengeance et donc du sentiment de supériorité (dont Marx n'était pas exempt d'où l'expression le concernant d' "Esprit du monde"). Au passage je fais remarquer que tout ceux qui pose l'égalité sont animés d'un esprit de supériorité, parce que eux on le genie de cette idée. Là est l'idéalisme de Marx. Pour eviter, la nostalgie du passé et la projection dans l'avenir, certains (Nietsche, Deleuze)  ont prôner l'innocence du devenir (d'où toute la thématique des intercesseurs, des créateurs comme intercesseurs qu'on retrouve même chez Kafka).

Les exercices sur soi

Plutôt que de parler de corps ou d'inconscient, certains philosophes se sont mis à parler de soi : Dewey (le self), Nietzsche (quand il dénonce les contempteur du corps), Foucault (quand il en appelle au souci de soi). Le corps n'est que le pendant de l'esprit et donc de l'esprit de vengeance qui menace toute personnne qui réfléchit plus qu'elle ne pense), c'est-à-dire qui double l'activité qu'elle perçoit au dehors et à laquelle elle peut participer, d'une travail sur les habitudes et la mémoire, notamment au niveau de l'écriture, qui reste la manière la détournée de ne laisser qu'une trace minimale sur les dits "corps", ce qui dans leur mémoire réceptionnent le discours. Tout discours affirmateur est en passe de devenir dominateur si précisément le travail sur soi n'est pas accompli, pour éviter les travers de l'esprit (mépris de ce que le philosophe percevra comme son propre corps malade, esprit de sérieux, esprit de vengeance et plus rare à présent esprit de surplomb). Pas même vous, Jean, n'échappez à cette production de discours qui chez vous est en fait une négation de l'esprit de vengeance au sein des pensées les plus négatrices qui soient Freud, Marx et Hegel. D'où l'avantage d'internet, qui permet de créer une noosphère, sans qu'il y ait trop de vengeance du seul fait de la distance, du seul fait que l'on interagit pas avec l'autre, qu'il demeure indemne dans son territoire.

(1) "L'Autre est la dimension exigée de ce que la parole s'affirme en vérité." (Lacan, la Psychanalyse de l'énonciation). Mon discourspeut s'affirmer comme critique, comme impulsion.
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